Avertissement : la légende “20% des ONG caritatives…”, est un détournement de la campagne originelle. Elle est destinée à retourner à l’envoyeur l’interpellation adressée “20% des personnes sollicitées”.
Ce texte sera déposé en version papier auprès de Médecin du Monde Paris. Si vous souhaitez vous y associer, un formulaire de pétition (gérée par Indiscipline) est disponible à la fin de ce billet. Il adresse automatiquement le texte de la pétition à l’adresse suivante : ile-de-france@medecinsdumonde.net
Auteurs et premiers signataires :
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Médecins du Monde, nous vous écrivons pour vous exprimer notre surprise, et notre inquiétude en découvrant la campagne de culpabilisation qui s’affiche aujourd’hui dans le métro parisien, relayée par un clip publicitaire diffusé dans les salles de cinéma.
Cette campagne exploite, par l’affiche, l’image d’enfants et d’adultes dont vous vous faites les porte-parole et qui sont mis en scène dans des images de situations tragiques : dénuement, ruines, noirceur, misère. Le clip publicitaire pousse plus loin la mise en scène de la culpabilisation, prétendant que les réponses évasives faites aux agents commerciaux de vos campagnes de collecte correspondraient à un refus d’assistance à personne en grande misère. De ce fait, c’est vous qui adressez fictivement ces paroles à des représentants de la grande pauvreté alors qu’elles ne leur ont jamais été adressées en réalité.
Cette campagne est juste ignoble, pour toutes les parties concernées. Quels sont ces 20 % de refus (ou 21 % ou 23 % selon les affiches) qui sont dénoncés comme étant le résultat d’une lâcheté déguisée en excuse (manque de temps, etc.) ? Oui : des personnes que vous contactez par téléphone peuvent vous éconduire, ça nous arrive, puisque nous recevons désormais plusieurs coups de fil par jour de toutes sortes d’organismes qui ont revendu leurs fichiers les uns aux autres et utilisent tous les mêmes techniques de marketing (banques, ONG, etc.). Ces personnes, interpellées d’autorité, donnent le type de raison polie qui fait garder la face à tout le monde. Des ethnologues et des psychologues ont travaillé depuis longtemps sur ces situations. Des manières ordinaires de se dégager de situations de communications subies, sont ici affichées et spectaculairement reliées à l’image d’un individu souffrant : ces personnes qui se défilent laisseraient cet enfant, cette victime, à leur misère objectivée par le cliché photo ou la vidéo.
Or, ces réactions n’ont strictement rien à voir avec la petite fille ou la victime à l’arrière-plan de l’affiche. Les personnes sollicitées, par téléphone par exemple, n’ont eu aucun contact avec les victimes photographiées, mais elles en ont un, direct, avec un agent salarié ou vacataire recruté par un service spécialisé de votre organisation. Si les ONG caritatives font exactement le même type de démarchage avec exactement les mêmes stratégies de marketing que n’importe quelle entreprise, pourquoi voudraient-elles que le sollicité réagisse de manière différenciée et fasse soudain abstraction des médiations du marketing et de la communication pour se sentir relié directement à la victime ? Nous savons que pour les professionnels du marketing, Médecins du monde n’est pas un groupe de médecins qui s’occupent des souffrants, mais une marque, gérée par des personnes qui collectent de l’argent mais qui ne voient jamais le travail de ces fameux médecins.
Non, le public que vous mettez en scène ne refuse pas d’aider cette petite fille ou cet homme car tel n’est pas l’enjeu du coup de fil qu’ils reçoivent de la part de sous-traitants travaillant indifféremment pour n’importe quel type de marque. Présenter les choses ainsi est faux. Vous contribuez ce faisant à un état de mensonge sur les liens sociaux. Vous cédez à la tentation commune aux politiciens professionnels et aux professionnels de la communication : s’arroger un rôle de rééducation morale d’une population jugée toujours défaillante, égoïste, indifférente, jamais assez travailleuse, jamais assez consommatrice, jamais assez donatrice, jamais assez solidaire, jamais assez sensible à l’injonction.
Non, Médecins du Monde n’a pas de « droit » ou d’exclusivité sur une pratique généreuse de la médecine et/ou de la solidarité avec les populations amalgamées dans vos images pieuses et ce n’est certainement pas à l’agence de communication qui travaille pour cette ONG de nous faire la morale. Cette agence – DDB Paris — travaille par ailleurs pour enrichir bien d’autres entreprises, dont des multinationales qui contribuent à des situations d’exploitation et de misère. Par contre, cette campagne jette le trouble sur la maîtrise par Médecins du Monde de sa propre action. Celle-ci ne se résume pas à ce que font les médecins et tous les agents sur le terrain. Si l’association perd à ce point la maîtrise de sa communication, entièrement déléguée à une entreprise de communication qui ne se préoccupe que de son propre enrichissement et de celui de ses clients, qu’est-ce qui peut nous assurer qu’elle garde la maîtrise de ce qu’elle fait dans le domaine caritatif ? Médecins du Monde est-elle maître du type de médecine qu’elle pratique ? Qui définit des orientations et traite des questions telles que : quels médicaments avec quels coûts et profits ? Quelles politiques mises en œuvre pour quelles relations prestataires/bénéficiaires d’aide et de soin ? Dernière chose, à propos des personnes photographiées pour votre campagne : qui sont-elles, savent-elles où elles sont ainsi exposées ? Comment se sont déroulées les réunions pour les choisir ? Dans quels, bureaux avec quels consultants payés pour choisir l’image qui culpabilisera le plus le destinataire ? Nous pensons que vous faites erreur avec cette campagne qui inspire du dégoût. Il s’agit d’une campagne de mépris qui ne fait que légitimer la démarche professionnelle du marketing par la stigmatisation de destinataires coupables d’être indociles et incrédules.
C’est pourquoi nous vous demandons de mettre fin à cette campagne de communication mensongère. Nous vous mettons par ailleurs au défi, publiquement, de présenter l’intégralité de vos budgets publicitaires pour cette campagne : budget de DDB Paris, salaire ou droits d’auteur versés au photographe, salaires des employés de votre ONG affectés à la gestion de cette campagne, impression des affiches, diffusion des affiches dans toute la France, salaires versés à l’équipe de réalisation du clip vidéo et à sa réalisatrice (Emma Luchini), frais de diffusion sur Internet et dans tous les médias où le clip a été diffusés, frais de gestion de l’ensemble de la campagne. Ainsi seulement nous pourrons voir qui, du public que vous insultez sur vos affiches et dans votre clip ou de votre propre organisation, est le moins généreux à l’égard des plus démunis de la planète.
Cette lettre sera diffusée sur Médiapart, sur Indiscipline.fr, et sur les réseaux sociaux.
Recevez l’expression de nos sincères salutations.
Joëlle Le Marec
Igor Babou
Olivier Chantraine
Parodies (cliquez sur les images pour les agrandir) :
![]() Appel à solidarité au sein de l’Université de Paris à l’égard de nos collègues BIATSS : non aux mesures discriminatoires239 signatures
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239 | Yolanda Yolanda Vidal Fernandez | Yolanda Vidal Fernandez — Hypnose EMDR Magnétisme |
238 | OLIVIER BOUMENDIL | Radiologue Chercheur OB CONSEIL |
237 | Gilles Perret | Retraité,simple donateur aux ONG et assos, en attendant l’avènement du communisme libertaire |
236 | Jacques Destouet | UN CITOYEN QUI EN A MARRE DES COUPS DE FILS INTEMPESTIFS D“UNE CERTAINE MORGANE DE MEDECINS DU MONDE |
235 | Catherine Prudlo | SAENES en Mathématiques |
234 | Benoite Aubé | Post-doc, Université de Paris |
233 | Marine Bitrou | Technicienne de recherche et des collection patrimoniales, B, CN, bibliothèque |
232 | Nezha Devanne | MCF Psychologie |
231 | Rémi Goasdoué | MCF Sciences de l’éducation |
230 | Philippe Radi | PRCE, mathématiques, IUT Paris Descartes |
229 | Marie Collombel | MCF en sciences du langage |
228 | Clo COLOMBET | Gestionnaire |
227 | Véronique Izard | Chargée de Recherches, Sciences Cognitives |
226 | Eric Dagiral | MCF en sociologie |
225 | Xavier Onfroy | Doctorant |
224 | Svetlana Russkikh | Doctorante |
223 | Etienne Rabbe | Doctorant |
222 | Muriel Epstein | PRAG |
221 | Naoual Mahroug | doctorante |
220 | Iris Padiou | Doctorante |
219 | Anthony Pecqueux | Sociologie, CNRS Centre Max Weber |
218 | Louise Déjeans | Docteure |
217 | Suzanne Gruca | Doctorante |
216 | Clarisse Pantin de la Guère | Secrétaire à l’IUT ADJ TECHNIQUE DE RECHERCHE ET FORMATION |
215 | florence moneron | Secrétaire à l’IUT ADJ TECHNIQUE DE RECHERCHE ET FORMATION |
214 | Mourad Ouziri | MCF, Université de Paris |
213 | Servane Gey | MCF Université de Paris — IUT |
212 | Sebastien Martin | PR, Mathématiques, IUT |
211 | Marie ROLLAND | Cadre pédagogique, Ecole de service social |
210 | Antoine-Eric Sammartino | MCF associé, Université de Paris — IUT Paris |
209 | Florence Muri | MCF, Statistique, IUT Université de Paris |
208 | Paul Guion | PRCE université de Paris |
207 | Alexandre Chevillot-Biraud | Ingénieur d’études CNRS |
206 | Nawal Serradji | MCU |
205 | Lucie Martin | IE Université de Paris |
204 | FAIZA MAMECHE | Université Paris Diderot-UFR de Chimie- ITODYS |
203 | Serge Turcaud | Ingénieur de Recherche |
202 | Jean-Sébastien Eideliman | Maître de conférences en sociologie |
201 | Roland Nguyen | Assistant Ingénieur — CNRS |
200 | Jeanne Devèze | Étudiante M1 — Faculté SHS |
199 | Florent Barbault | Mcf Chimie |
198 | Rigas Arvanitis | DR IRD, Ceped |
197 | Nathalie Portilla | Doctorante |
196 | Valentina La Corte | MCU, Institut de Psychologie, Université de Paris |
195 | François Chau | Maître de conférences, Université de Paris, Chimie |
194 | Laurianne Cabrera | CRCN — CNRS |
193 | Nikita Bedez | Bibliothécaire assistante spécialisée |
192 | Philippe DECORSE | Ingénieur de Recherche, Université de Paris |
191 | Sebastien Bellynck | Assistant Ingénieur |
190 | Leïla Boubekeur-Lecaque | Chercheure CNRS |
189 | Mélanie Shaïek-Reversat | Technicienne en production et analyses de données CERLIS |
188 | Laura Ruiz de Elvira | IRD |
187 | Alexandre Portefaix | Étudiant L3 Linguistique Faculté SHS — diplômé Master PCPI Institut de Psychologie |
186 | François Maurel | Professeur, Université de Paris, Chimie |
185 | Laurence Estanove | PRAG anglais |
184 | Serge NICOLAS | Pr Psychologie |
183 | Baptiste Fauvel | Université de Paris Institut de psychologie LMC2 |
182 | Hyojun LEE | Stagiaire M2, Institut de Psychologie, Laboratoire Mémoire, Cerveau & Cognition |
181 | Catherine Azoulay | Pr SHS- Institut de psychologie-Labo PCPP |
180 | Clara DUCHET | Maître de conférences |
179 | Elsa Ramos | MCF |
178 | Jean-Baptiste Lanfranchi | MCF, IUT de Paris, LaPEA |
177 | Flora Aubertin | Doctorante Laboratoire PCPP |
176 | Carole Martin | PRCE anglais |
175 | Marielle Hababou-Bernson | Assistante en laboratoire de recherche — INCC Université de Paris |
174 | Judith Vergne | IE à l’INCC de l’Université de Paris |
173 | Pascale PIOLINO | Directrice du laboratoire MC2Lba |
172 | Anh Nguyen | Enseignant contractuel — Paris Descartes SHS |
171 | Sabine FILIU | CNRS titulaire ass.ingénieur INCC |
170 | Xanthie Vlachopoulou | MCF Institut de Psychologie |
169 | Lukas Bögge | Doctorant, Institut de Psychologie, Laboratoire Mémoire, Cerveau et Cognition |
168 | Octave Debary | Pr Anthropologie |
167 | Philippe Blondé | Doctorant, Institut de Psychologie, Laboratoire Mémoire, Cerveau et Cognition |
166 | Marianne Barbu-Roth | CRHC CNRS INCC UMR 8002 |
165 | pascale le blanc | AI CNRS |
164 | Klara Kovarski | Chercheuse, Fondation Ophtalmologique Rothschild, INCC-CNRS/Université de Paris |
163 | Marco Sperduti | MCU, Institut de Psychologie, Laboratoire Mémoire, Cerveau et Cognition |
162 | Viviane Huet | Technicienne de recherche — INCC Université de Paris / CNRS |
161 | Emmanuel Devouche | MCU |
160 | arlette streri | Professeur Emerite, INCC |
159 | Frédérick PETIT | Secrétaire Laboratoire LMC2 — UFR Ψ |
158 | Hervé Suaudeau | IE CNRS |
157 | Flora Baudry | Doctorante, Université de Paris |
156 | Thierry Nazzi | DR CNRS à l’INCC Université de Paris — Paris Descartes / CNRS |
155 | Gilles Dewailly | IGE CNRS |
154 | David VAIDIS | MCF |
153 | Pierre Nioche | MCF |
152 | Claire Sergent | MCU à l’INCC Université de Paris — Paris Descartes / CNRS |
151 | Fannie SEMPREZ | Assistant ingénieur, BIATSS, Université de Paris |
150 | Willy Serniclaes | DR emerite CNRS INCC U. Paris |
149 | Carolina Baeza Velasco | MCU |
148 | Marc Vantourout | MCF Sciences de l’éducation |
147 | Eric RODITI | PR, Faculté SHS, laboratoire EDA |
146 | Marie-Sophie BUFARULL | Gestionnaire administrative |
145 | Dorine Vergilino-Perez | PR, Institut de Psychologie |
144 | Séverine Maggio | IGE, Psychologie |
143 | Judit Gervain | DR CNRS, UMR8002 |
142 | Pierre-Justin Chantepie | Docteur, Psychologie |
141 | stéphanie rubi | professeure, sciences de l’éducation, université de paris |
140 | Valerie Sacriste | MCF Faculté SH |
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édith
Merci de bien vouloir faire l’effort de lire les principes de modération d’Indiscipline avant de poster : vous n’êtes ni sur Médiapart, ni sur un forum du Monde ou de Libé ici, et on n’acceptera ni les procès d’intention, ni les accusations ad hominem. Ainsi, je ferai appel à la modération la prochaine fois qu’un intervenant désignera à la vindicte une catégorie socioprofessionnelle englobante sans apporter aucun preuve de quoi que ce soit (les “professeurs émérites” qui se soucieraient d’avantage de la forme que du fond), ou qu’un procès d’intention sera énoncé (“au moins vous vous avez vu et agi…”) : vous ne savez rien de ce que les signataires de cette lettre ont vu ni où et comment ils ont agi.
Avertissement, donc, à Paul et à Eric : ici, on argumente de bonne foi, avec précision, en tenant compte des écrits et en les citant, et sans formule lapidaire (“ce papier pour rien”) ou on risque d’être rétrogradé au rang de simple spectateur des discussions des autres.
Jusqu’à votre arrivée, les discussions se passaient correctement, sans sophisme ni usage malveillant de procès d’intention. Nous tenons à ce que cela continue ainsi.