C’est le 29 décembre 1170 que Thomas BECKET fut assassiné dans sa cathédrale de Cantorbery sur ordre de celui dont il tenait sa haute élévation, le roi Henri II.
Il s’agissait de l’épilogue d’un conflit entre celui qui était devenu le prélat le plus important de l’Eglise catholique en Angleterre et le roi qui entendait que, dans son royaume, le pouvoir royal soit l’autorité suprême et que nul, pas même les prêtres, ne puisse se prévaloir d’un autre pouvoir que le sien.
Bien entendu évoquer cet épisode en utilisant le terme de « laïcité » ne peut apparaître que comme un anachronisme. Pourtant ne s’agit-il pas d’un débat entre des forces qui se disputent la hiérarchie des valeurs qui les inspirent, mais qui traduisent, en réalité, des soifs de pouvoir ?
Lorsque Abou Bakr al-BAGHDADI déclare la guerre au monde entier et même à l’Arabie saoudite où, pourtant règne la charia et le wahhabisme, n’est-il pas dans un pur conflit de pouvoirs temporels … allant d’ailleurs bien avec l’ignorance du Coran manifestée pas ses séides ?
Lorsque les deux principaux prélats français, Philippe BARBARIN et André VINGT-TROIS, prétendirent que le Parlement français n’était pas légitime pour débattre du projet du « mariage pour tous » car certains sujets ne relevaient que de la « loi de Dieu » … autrement dit de ce que déclare le Pape paré de son infaillibilité pontificale … n’était-on pas dans un conflit de pouvoirs temporels ?
La bataille pour la laïcité n’a pas cessé avec l’adoption de la loi du 9 décembre 1905.
Sans sectarisme, dans le respect des convictions de chacun … et donc dans le refus de voir quelque religion ou philosophie que ce soit disposer d’un monopole de la pensée … il nous faut rester d’une grande vigilance car les tentatives de domination sont inhérentes à tout groupe humain constitué. Seule l’existence de contre-pouvoirs permet d’éviter l’émergence d’une forme progressive de « pensée publique officielle » qu’il peut devenir dangereux de contester.
Se rappeler le conflit entre Thomas BECKET et Henri II est une bonne manière de se pénétrer du caractère permanent des racines temporelles de ce que l’on déguise en considérations spirituelles. Pour que les Chrétiens s’en convainquent, eux aussi, faut-il leur rappeler que Le Christ fut condamné, non par PONCE PILATE … qui s’en lava les mains, mais par le Sanhédrin qui craignait pour son pouvoir ?
Jean-Paul BOURGÈS 29 décembre 2015
Merci d’être velu, Jean-Paul ! (voir votre photo)
La prétendue suprématie de la loi de Dieu, on l’a eue avec le sinistre abbé Cottard, gourou d’une troupe scoute intégriste, qui se foutait bien des lois de la république, des lois de la nature, et donc fit noyer ses scouts.