Un article de Matthieu Stadelmann http://indiscipline.fr/la-commercialisation-de-la-pratique/ m’a amené à faire le commentaire ci-dessous (en gras). C’est pour moi une interrogation récurrente, j’ai cherché des réponses un peu partout mais je n’ai pas trouvé de “théorie de la lutte des classes” qui me satisfasse. Cette lutte est présentée comme un postulat ou un article de foi et les gardiens du temple m’ont renvoyé à ma débilité mentale (que je ne conteste pas). Ma vie m’a amené à d’autres constatations concernant les conflits entre intérêts divergents. Trop près des arbres, je n’ai pas pu voir la forêt. La colonisation (que j’ai connue) a des similitudes avec l’état de notre société inégalitaire : la comparaison par le colonisé entre le confort de vie du colon et le sien amène à un conflit explosif initié par le colonisé, mais la réponse du colon est déjà prête. Nous sommes en train de préparer un atelier sur le thème des conflits et j’aimerais avoir à ma disposition des concepts et un vocabulaire simples. Indiscipline est un lieu où je pourrais trouver ce matériel à voir la qualité des interventions. Merci d’avance.
“D’accord avec Olivier sur ce que la littérature peut nous apporter de plus pertinent lorsqu’on étudie le fonctionnement de notre société. Voilà ce qu’elle m’a apporté, peut-être malgré elle :
Je pense qu’il n’y a jamais eu de luttes des classes permanente. Pour qu’il y ait permanence d’une lutte, il faut que chacun des adversaires ait présent à l’esprit la nocivité de l’autre et qu’il ait une riposte toujours prête. Les gardiens de la paix n’œuvrent que pour la paix des dominants, ils sont la riposte toujours prête de ceux-ci à une révolte. Les dominés n’en ont pas l’équivalent, ils n’ont pas l’arme au pied.
Je pense plutôt à une domestication plus ou moins bien réussie. Tant que la pression des cupides est supportable, pas de lutte. Quand la pression augmente, les dominés grognent. Quand la pression devient insupportable, les dominés se révoltent, la répression fait son travail, les dominants lâchent du lest et les dominés retournent à leur pâturages en ronchonnant encore un peu.
Les humains sont domesticables, difficilement, mais ça le fait. La domestication des humains est beaucoup plus délicate que la domestication des animaux, mais avec un peu de pratique et de morgue on y arrive.”