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Spectateur ?


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L’in­ter­prète du spec­tacle vivant a fait l’ob­jet d’é­tudes nom­breuses : de l’an­ti­qui­té à nos jours, on ne compte plus les contri­bu­tions reli­gieuses, phi­lo­so­phiques, psy­cha­na­ly­tiques, psy­cho­lo­giques, etc. qui ont ten­té d’é­clai­rer (et par­fois réus­si sur cer­tains points) le mys­tère de la réus­site ou de l’é­chec d’une représentation.
Le para­doxe du spec­ta­teur cherche encore son Dide­rot, qu’on puisse réfu­ter, pro­lon­ger, élargir…
Dans les ate­liers que notre com­pa­gnie mène au titre de la média­tion cultu­relle (je déteste ce terme), et que nous avons bap­ti­sés “École du regard”, il se passe par­fois des choses que j’ai du mal à fice­ler ensemble. Si quel­qu’un peut m’ai­der, je le recom­man­de­rai pour une médaille.
J’a­vance deux hypothèses :
La pre­mière est que nous avons deux formes d’in­tel­li­gence pour trai­ter les infor­ma­tions qui nous viennent, l’une que j’ap­pel­le­rais “céré­brale” et l’autre que j’ap­pel­le­rais “sen­sible”. Il y en a peut-être plus, mais je n’ai repé­ré que celles-là. Un évé­ne­ment quel­conque sol­li­cite les deux formes en pro­por­tions variables
La seconde, est que dans un évé­ne­ment pré­vi­sible tel qu’un spec­tacle, nous “signons” une conven­tion avec cet évé­ne­ment (ex. nous entrons dans un théâtre moderne après avoir garé notre voi­ture mais nous sommes d’ac­cord pour être à Else­neur au moyen-âge).
Voi­là les points que je pré­sente à la dis­cus­sion. On ver­ra le reste après.

Larbi benBelkacem
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8 réponses “Spectateur ?”

  1. 10 janvier 2016 à 22 h 46 min

    J’opte pour l’ex­pli­ca­tion par les deux intel­li­gences … sauf que deux, ça me semble peu. Nous avons beau­coup plus d’in­tel­li­gences … et, hélas, de sot­tises que cela.

    En fait nous com­pre­nons ce avec quoi, à un ins­tant don­né, nous sommes en phase. Sans récep­ti­vi­té très sélec­tive, nous ne cap­tons que l’é­cume de ce que l’au­teur, le met­teur en scène et le comé­dien ont vou­lu nous trans­mettre (Et c’est pas tou­jours la même chose). Lorsque l’au­teur, le met­teur en scène, le comé­dien et le spec­ta­teur sont sur la même lon­gueur d’onde … c’est comme l’a­li­gne­ment des planètes.

    • 10 janvier 2016 à 22 h 49 min

      Ci-gît un spec­tacle, ou syzygie ?

    • 10 janvier 2016 à 23 h 41 min

      Il y a deux champs dis­tincts. L’un est le champ de la salle, le public, assez hété­ro­gène au début. Au fur et à mesure du dérou­le­ment, ça s’ho­mo­gé­néise ou ça se divise.
      L’autre est le champ de la scène et là, ça se com­plique. Si l’au­teur est mort, pas de pro­blèmes avec lui ; per­son­nel­le­ment, je pré­fère. Le tra­vail de table et les répé­ti­tions ont rap­pro­ché les opi­nions par­fois très diver­gentes du met­teur en scène et des interprètes.
      Mais ça c’est avant. Pen­dant, pour moi, c’est le brouillard.
      Cha­cun des deux champs peut ou non envoyer des “pseu­do­podes” (cer­tains disent des “vibra­tions” bonnes ou mau­vaises) dans l’autre champ. Quatre cas de figure :
      Le champ salle et le champ scène envoient des pseudopodes.
      Le champ salle et le champ scène n’en­voient pas de pseudopodes.
      Le champ salle en envoie, le champ scène non.
      Le champ salle n’en envoie pas, le champ scène si.
      Dans cha­cun des cas, on peut avoir un bon ou un mau­vais spec­tacle selon qu’on inter­roge la salle ou la scène. Pourquoi ?

      • 11 janvier 2016 à 10 h 44 min

        Juste après Noël, nous sommes allés à Tou­louse voir la pièce co-écrite et jouée par notre fille. Le pre­mier soir, la salle riait mol­le­ment, le deuxième soir ça riait net­te­ment plus fort … et cela illustre par­fai­te­ment ta for­mule des pseu­do­podes … qui ne sont pas for­cé­ment les mêmes jours après jours, alors qu’il s’a­git du même spectacle.

  2. 11 janvier 2016 à 19 h 06 min

    Dans la conti­nui­té des pro­po­si­tions d’Um­ber­to Eco (l’oeuvre ouverte) je crois que l’on peut pen­ser que le spec­ta­teur vit le spec­tacle en se confron­tant au “rôle de spec­ta­teur” que ce spec­tacle lui pro­pose… et construi­sant son propre che­min, à la fois d’in­ter­pré­ta­tion et com­pré­hen­sion et de réac­tion. De sorte que dans le spec­tacle vivant le spec­ta­teur, même très loin de la scène, par­ti­cipe de la créa­tion unique du moment… Ne serait-ce que parce qu’il existe pour les spec­ta­teurs voisins…

    • 11 janvier 2016 à 23 h 24 min

      Sub­tiles les pro­po­si­tions d’E­co, et m’ou­vrant des pistes, mais avec ces réserves que :
      Le spec­ta­teur n’a aucune mobi­li­té en salle alors que l’œuvre est mobile.
      En art plas­tique, le rôle pris (ou pas) par le spec­ta­teur ne modi­fie pas l’œuvre elle-même.
      Le voca­bu­laire émo­tion­nel n’est pas de même nature.
      Un spec­tacle s’ins­crit dans une durée bor­née pen­dant laquelle le retour en arrière est impossible.
      Il existe cepen­dant des ponts émo­tion­nels entre les arts. Je vais creu­ser tout ça.
      Mer­ci de ces pistes.

      • 13 janvier 2016 à 18 h 38 min

        L’im­mo­bi­li­té du spec­ta­teur, ni son silence, ni sa neu­tra­li­té, pour par­ler généralement,ne sont des abso­lus et des inva­riants,  la manière d’être et de faire du spec­ta­teur est très variable.

        Beau­coup de spec­tacles vivants tout d’a­bord n’as­signe pas à rési­dence le spec­ta­teur à sa place…

        Dra­ma­turges, comé­diens et scé­no­graphe peuvent lui pro­po­ser d’autres manière d’être et de faire.

        Mais il est vrai que le plus sou­vent au théâtre ou au concert le spec­ta­teur à sa place.

        Cela ne le contraint pas à l’im­mo­bi­li­té… Bien sur il y a les dif­fé­rentes par­ti­ci­pa­tions ritua­li­sées, applau­dis­se­ments, huées, bra­vos, se lever. Il y a aus­si toute une mobi­li­té de récep­tion et donc d’ex­pres­sion des émo­tions et sen­ti­ments. Les visages ne sont pas immo­biles, les res­pi­ra­tions se retiennent et explosent. Les rires fusent, par­fois les cris, les pleurs…

        Le comé­dien, le chan­teur, le dan­seur voient tout cela… Ils doivent, et sou­vent il savent faire avec. Ne dit-on pas à sa par­te­naire ou son par­te­naire: le public est bon ce soir.

        Ce que vous dites des arts plas­tiques n’est qu’une option d’ex­po­si­tion par­mi beau­coup d’autres. L’oeuvre est elle ce qui est accro­ché, sus­pen­du, posé là ou est-elle ce que le public voit dans le dis­po­si­tif auquel il se prête plus ou moins, et même ce dont il se sou­vient.. ou aus­si ce qu’il accu­mule et super­pose, mélange, en pas­sant d’une oeuvre à l’autre…

        Héra­clite disait qu’on ne pas­sait pas deux fois le même fleuve…

        Her­man Hesse dit au contraire que le fleuve est lui-même dans son inces­sant chan­ge­ment d’ap­pa­rence et sa course sans autre but que sa continuité…

        N’en va-t-il pas d même pour l’oeuvre plas­tique, même si sou­vent elle a été conçue pour durer dans une fic­tion d’im­mo­bi­li­té et d’identité…et si des conser­va­teurs s’a­charnent à l’o­bli­ger à res­ter elle-même et rien qu’elle même…

        Il y a, évi­dem­ment, d’in­nom­brables spec­tacles et pra­tiques artis­tiques où le spec­ta­teur doit … bou­ger, se bou­ger. Vous avez lu ce qu’I­gor for­mule comme injonc­tion de cer­tains DJ aux audi­teurs: “Tais-toi et danse…” Vous savez aus­si com­bien cer­taines formes de théâtre sont insé­pa­rables d’é­vé­ne­ments mon­dains qui débordent de par­tout la scène au sens strict…

        Cer­tains his­to­riens du théâtre ont pu prendre pour fil conduc­teur l’his­to­rie de la place et la mobi­li­té du spectateur…

        Vous connais­sez aus­si, je n’en doute pas Augus­to Boal (“Le théâtre de l’op­pri­mé”, “Stop c’est magique”) dont toute la pra­tique repose sur la mobi­li­té (de corps et d’es­prit) et la liber­té du spectateur…

         

        • 14 janvier 2016 à 0 h 11 min

          Il y a eu et il y aura des ten­ta­tives, des explo­ra­tions de rap­port scène/salle (fron­tal, cir­cu­laire, de dos, salle et scène confon­dues, etc.) cer­taines empi­riques, d’autres appuyées sur une ana­lyse et une théo­rie. Qua­trième mur, rideau brech­tien et autres décou­vertes de l’exis­tant n’ont pas fait avan­cer signi­fi­ca­ti­ve­ment le mys­tère d’une pièce bien reçue. Les publi­ci­taires et les com­mu­ni­cants savent se ser­vir de la par­tie émer­gée de cet ice­berg, c’est pour­quoi je pose ces ques­tions qui peuvent paraître imbéciles.
          Richard Feyn­man disait en plai­san­tant que la théo­rie de la gra­vi­ta­tion était née dans l’es­prit de New­ton après qu’un fer­mier lui ait dit en rigo­lant que c’é­tait la terre qui mon­tait. Il avait bien ri le New­ton, mais après…
          Je pose ces ques­tions en espé­rant qu’un New­ton l’en­tende, rigole et trouve… Avant les communicants.

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