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Non aux mesures répressives contre les Roms et les gens du voyage
28 juillet 2010 Critiques
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Nous, ensei­gnants-cher­cheurs, mais aus­si simples citoyens, expri­mons notre total désac­cord avec les mesures répres­sives annon­cées à l’en­contre des gens du voyage et des Roms à l’issue de la réunion orga­ni­sée le 28 juillet 2010 par Nico­las Sar­ko­zy. Les amal­games entre « Roms », « gens du voyage » et « situa­tion irré­gu­lière », les accu­sa­tions por­tées contre toute une popu­la­tion sur la base de géné­ra­li­sa­tions à par­tir d’un cas sin­gu­lier, de même que la rhé­to­rique men­son­gère qui a jus­ti­fié l’or­ga­ni­sa­tion de cette réunion, sont insupportables.

Il est stu­pé­fiant de voir repris le pon­cif mille fois dénon­cé du carac­tère sus­pect « des grosses cylin­drées » : une cara­vane et une voi­ture consti­tuent-elles un patri­moine si consi­dé­rable qu’il faille affec­ter des ins­pec­teurs des impôts à ceux qui ne vivent avec rien d’autre que de quoi voya­ger et se loger sur la route, où ils peuvent ? A ce pro­pos, l’État n’applique pas sa propre légis­la­tion en ne fai­sant pas res­pec­ter la loi impo­sant aux com­munes de plus de 5 000 habi­tants de réa­li­ser une aire d’accueil de taille correcte.

Nous n’ac­cep­tons pas le racisme assu­mé par les membres d’un gou­ver­ne­ment qui n’a d’autres prio­ri­tés, semble-t-il, que de mul­ti­plier les débats nau­séa­bonds sur l’identité natio­nale et qui légi­time l’ex­pres­sion de pré­ju­gés vul­gaires à pro­pos de tous ceux qui ne res­semblent pas à un « bon fran­çais ». L’i­den­ti­té d’une nation et sa culture ne se réduisent pas à quelque chose de si confus, d’aus­si étroit et néga­tif. Par ailleurs, nous sommes nom­breux à avoir des ascen­dants qui ont vécu l’aventure de l’émigration pour ouvrir un ave­nir à leurs enfants, et nous sommes tous construits par la diver­si­té cultu­relle, les bras­sages de popu­la­tions et la tolé­rance à l’altérité.

Nous refu­sons de res­sem­bler à la cari­ca­ture de la France et de son « iden­ti­té » que trace l’ac­tuel gou­ver­ne­ment fran­çais. Des poli­ti­ciens de ce type, qui ne voient rien d’immoral dans l’abus des avan­tages per­son­nels confé­rés par le pou­voir, et qui mul­ti­plient les insultes publiques ain­si que les pro­pos ouver­te­ment racistes (d’ailleurs condam­nés par la jus­tice) ne méritent plus le res­pect. Ils ne nous repré­sentent pas.

Nous sommes et serons en revanche soli­daires des popu­la­tions, aujourd’hui stig­ma­ti­sées, qui repré­sentent bien plus les valeurs de liber­té, d’égalité et de fra­ter­ni­té, que ne le font ceux qui dirigent aujourd’­hui l’État, ou ceux qui met­tront en place les mesures annon­cées. Si l’occasion se pré­sente, nous déso­béi­rons à toute action qui nous impli­que­rait dans l’application de ces mesures.

Joëlle Le Marec, Pro­fes­seur des Uni­ver­si­tés (Centre Nor­bert Elias, ENS de Lyon)

Igor Babou, Maître de confé­rences HDR (Centre Nor­bert Elias, ENS de Lyon)

Sarah Cor­don­nier, Maître de confé­rences (Centre Nor­bert Elias, ENS de Lyon)

Farid Sidi Bou­me­dine,  Doc­to­rant (Centre Nor­bert Elias, ENS de Lyon)

Clé­mence Emprin, Doc­to­rante (Centre Nor­bert Elias, ENS de Lyon)

Anne Pipon­nier, Maître de confé­rences (Centre Nor­bert Elias, ENS de Lyon)

Sophie Deshayes, Doc­teur et cher­cheuse asso­ciée (Centre Nor­bert Elias, ENS de Lyon)

Mélo­die Fau­ry, Doc­to­rante (Centre Nor­bert Elias, ENS de Lyon)

Phi­lippe Hert, Maître de confé­rences (Centre Nor­bert Elias, ENS de Lyon)

Samuel Lézé, Maître de confé­rences (Centre Nor­bert Elias, ENS de Lyon)

Gré­goire Moli­nat­ti, Maître de confé­rences (LIRDEF, Uni­ver­si­té de Montpellier)

Daniel Schmitt, Maître de confé­rences asso­cié (Nan­cy I)

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