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Lucioles” : n° 1 d’une revue pour habiter plus librement et fraternellement les espaces institutionnels et culturels communs


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« Lucioles » est une revue gra­tuite, des­ti­né à rendre plus habi­tables et plus fra­ter­nels, pour celles et ceux qui y vivent au quo­ti­dien, les uni­ver­si­tés et les éta­blis­se­ments de recherche et d’enseignement supérieur.

Elle était en ges­ta­tion depuis des années, mais les contrac­tions se sont accé­lé­rées juste après les atten­tats de jan­vier, après le mas­sacre des membres de la rédac­tion de Char­lie Heb­do par des jeunes gens qui avaient gran­di dans l’environnement cultu­rel, édu­ca­tif et poli­tique que nous ima­gi­nions — à tort — être celui qui doit pré­ser­ver de la haine et de la désespérance.

A quelques uns nous nous sommes alors réunis avec l’envie impé­rieuse de nous débar­ras­ser des faux pro­blèmes qui nous encombrent, nous dis­traient et nous éteignent ; avec l’envie impé­rieuse de mettre la même éner­gie à vou­loir un monde plus fra­ter­nel, que celle que déploient les enne­mis de la vie à nous faire tous aller dans un mur. Cette éner­gie de mort a irra­dié les atten­tats de novembre, à Paris et à Bey­routh et ailleurs dans le monde.

Le constat de l’absence stu­pé­fiante de prise en compte de tout ce qui s’était expri­mé dans la rue et dans des espaces quo­ti­diens, immé­dia­te­ment après les atten­tats nous inquiète et nous conforte dans notre envie d’habiter plus plei­ne­ment, plus libre­ment et plus fra­ter­nel­le­ment, nos espaces communs.
Puisqu’il y a si peu à attendre des per­son­nels poli­tiques, des élus, et de nombre de mana­gers obsé­dés par des modèles faux et dan­ge­reux de ce qu’est la vie sociale (peur et méfiance de prin­cipe, idéo­lo­gies de la com­pé­ti­tion, de l’excellence, de l’argent, des hié­rar­chies, des réformes, etc.), il faut que nous nous occu­pions d’organiser les condi­tions d’une soli­da­ri­té, d’une liber­té, d’une fra­ter­ni­té, immé­dia­te­ment là où nous sommes, dans les lieux et les moments qui nous appar­tiennent encore, même s’ils sont colo­ni­sés jour après jour par le qua­drillage insen­sé de la ges­tion bureau­cra­tique et auto­ri­taire des acti­vi­tés et des rela­tions humaines.

C’est pour­quoi nous, ensei­gnants-cher­cheurs, doc­to­rants, gra­phiste, ingé­nieurs, sala­riés titu­laires ou per­son­nels pré­caires de l’université, acteurs cultu­rels et créa­teurs liés au monde de la recherche déci­dons de nous expri­mer : qu’est ce qui au jour le jour, nous éloigne les uns des autres ? Qu’est ce qui nous aliène ? Com­ment nous dire les choses direc­te­ment ? Com­ment récu­pé­rer nos capa­ci­tés à nous cri­ti­quer, à nous com­prendre ? Com­ment agir ensemble, sans le filtre de pro­cé­dures qui nous éloignent tou­jours plus des pos­si­bi­li­tés de créer quo­ti­dien­ne­ment, nos formes de tra­vail, nos manières de régler des pro­blèmes ensemble ? Com­ment récu­pé­rer des marges de liber­té dans nos manières d’habiter des ins­ti­tu­tions des­ti­nées à for­mer des jeunes gens à être des per­son­na­li­tés auto­nomes, des­ti­nées à pro­duire un savoir à dis­cu­ter et par­ta­ger entre tous, des­ti­nées à expé­ri­men­ter des manières de réflé­chir, de tra­vailler ensemble, de vivre ensembles ?

Ce pre­mier numé­ro com­porte des textes qui expriment ce qui est vécu au quo­ti­dien dans une uni­ver­si­té par des cher­cheurs et des per­son­nels admi­nis­tra­tifs, jeunes et moins jeunes. Nous inter­pe­lons, nous inter­ro­geons, nous por­tons des témoi­gnages. Nous sou­hai­tons enga­ger des dia­logues avec ceux qui sont nos inter­lo­cu­teurs quo­ti­diens, dont nous ne connais­sons pas for­cé­ment les contraintes et les pro­jets, notam­ment les per­son­nels admi­nis­tra­tifs et tech­niques. Notre ambi­tion à ce stade est de les rejoindre, sur la base d’une cri­tique et d’une ouver­ture mutuelle sérieuse (et non sur la base d’illusions ou de mani­fes­ta­tions de bonne volon­té de façade et sans portée).

Nous appe­lons nos lec­teurs à nous contac­ter par collectif.lucioles@gmail.fr pour dis­cu­ter, pour écrire ou pour s’exprimer sous d’autres formes, pour répondre, pour inter­pe­ler à leur tour, s’ils acceptent le pro­jet qui est le sui­vant : habi­ter notre ins­ti­tu­tion ensemble, plus libre­ment et plus fra­ter­nel­le­ment. Le col­lec­tif a déci­dé, pour le moment, de ne pas affi­cher la liste de ses membres pour rendre plus éga­li­taires et plus col­lec­ti­ve­ment assu­mées les prises de parole sin­gu­lières. Mais chaque membre peut reven­di­quer ce qu’il a écrit en son nom propre comme il veut et où il veut.

Télé­char­gez le pre­mier numé­ro en PDF : LUCIOLES
La revue est impri­mée, elle est dis­tri­buée de main en main par ses auteurs, pour dis­cu­ter et échanger.
Les auteurs du numé­ro 1 sont : Igor Babou, Clau­dio Broit­man, Cata­li­na Sab­bagh, Judith Dehail, Mélo­die Fau­ry, Ludo­vic Garat­ti­ni, Sarah Kitar, Joëlle Le Marec, Nina Rocipon

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4 réponses “Lucioles” : n° 1 d’une revue pour habiter plus librement et fraternellement les espaces institutionnels et culturels communs”

  1. 5 décembre 2015 à 17 h 47 min

    Annonce très sym­pa­thique. Lucioles peut contri­buer à rendre à l’U­ni­ver­si­té quelque chose de sa parole… qui est deve­nue très peu “la parole uni­ver­si­taire”,   au sens pro­po­sé par Pierre Macherey…

    Se sou­cier au quo­ti­dien de la qua­li­té des rela­tions et de la com­pré­hen­sion, contre la “bar­ba­rie” managériale…

    Très bonne idée. Vous avez sans doute rai­son de faire cela… moi, il y a main­te­nant deux ans, j’ai choi­si de pas­ser à l’é­mé­ri­tat, parce que je déses­pé­rais que l’U­ni­ver­si­té puisse rede­ve­nir un lieu comme celui dont parle la pré­sen­ta­tion de Joëlle.

    En tout cas je vais aller voir… Et faire connaître.

    En plus d’Indiscipline.fr, çà nous en fait des pho­to­phores à faire connaître et à faire vivre.

     

  2. 5 décembre 2015 à 19 h 30 min

    Une bien belle ini­tia­tive, dont nous avons ter­ri­ble­ment besoin. Nous réap­pro­prier nos espaces de tra­vail, inven­ter de nou­velles soli­da­ri­tés, témoi­gner de notre vécu, par­ta­ger nos expé­riences et nos indi­gna­tions, réap­prendre à agir ensemble ou tout sim­ple­ment à nous par­ler : des choses essen­tielles dont Lucioles porte la néces­saire et concrète uto­pie. Longue vie à Lucioles! Très envie de pro­po­ser un texte pour un pro­chain numéro.

    • Avatar photo 5 décembre 2015 à 23 h 40 min

      Mer­ci pour ces réac­tions, je me réjouis vrai­ment aus­si de l’i­ni­tia­tive d’I­gor pour ouvrir Indis­ci­pline à ce type d’é­change, je n’al­lais pas tel­le­ment sur Média­part, je ratais vos inter­ven­tions à tous les deux. Ça serait super que tu écrives pour  le numé­ro 2.

  3. Avatar photo 8 décembre 2015 à 10 h 59 min

    Je vou­lais signa­ler que l’i­dée de Joëlle et des autres auteurs, en pro­dui­sant une revue papier (la mise en ligne sur Indis­ci­pline est une idée venue après coup), s’ac­com­pagne d’une réflexion sur la cohé­rence entre le pro­pos et la démarche. Ain­si, la revue Lucioles vise à ré-ins­tau­rer des liens sociaux et des soli­da­ri­tés dans une sorte d’in­fra-ordi­naire des ins­ti­tu­tions, c’est à dire entre des per­sonnes et des groupes tra­vaillant ensemble mais res­sen­tant évi­dem­ment des dis­sy­mé­tries dans la pra­tique (et les salaires). Sa dif­fu­sion est donc pen­sée dans cette même pers­pec­tive de restruc­tu­ra­tion des liens de proxi­mi­té : au lieu de mettre la revue en ligne et d’en res­ter là, l’i­dée de Joëlle est que chaque auteur doit la dis­tri­buer à un(e) col­lègue dans son ins­ti­tu­tion en pré­sen­tant la démarche et en enga­geant une dis­cus­sion. Là où les réseaux sociaux tuent la proxi­mi­té en insé­rant des dis­tances et des média­tions tech­niques entre les sala­riés, l’i­dée est au contraire de réduire les dis­tances et les média­tions au pro­fit d’un débat en face à face qui pro­longe la démarche de la revue, et qui implique les auteurs et les (futurs) lec­teurs, eux-mêmes sol­li­ci­tés comme futurs auteurs.

    Je vou­lais signa­ler cela, car la revue Luciole est née d’une réflexion sur la des­truc­tion des liens sociaux de proxi­mi­té dans les ins­ti­tu­tions du savoir, et la démarche d’en­semble est au moins aus­si impor­tante que son contenu.

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