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Ce gouvernement a peur. Pétition
19 juin 2016 Appels
Administrateur chez Indiscipline.fr
Administrateur d'Indiscipline.fr, l'Admin a un rôle avant tout technique. Il dispose également d'un blog où sont postés des textes qui nous sont parvenus, ou que nous reprenons, et qui sont écrits par des personnes ou des groupes qui ne disposent pas d'un blog sur Indiscipline. Enfin, c'est lui qui est la voix de l'équipe des modérateurs du site dans leurs relations avec les auteurs.
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Ce texte est paru ini­tia­le­ment sur le site de Libé­ra­tion le 17 juin

http://www.liberation.fr/debats/2016/06/17/ce-gouvernement-a-peur_1460153

Étant don­né le suc­cès qu’il a ren­con­tré, nous avons déci­dé de l’ouvrir lar­ge­ment à signa­tures. Pour signer, écrire à nouscontinueronsdemanifester@riseup.net

Vous pou­vez éga­le­ment aller à cette adresse : http://leur-grande-peur.over-blog.com/

Les voi­là, leur grande peur et leurs grands moyens pour essayer de la mas­quer en jouant les fiers-à-bras qui ne cèdent pas. On s’y atten­dait depuis des mois, et la voi­ci bran­die, la menace d’interdiction des mani­fes­ta­tions. Un som­met dans l’inacceptable ? Il peut tou­jours y avoir pire avec ce gou­ver­ne­ment. Celui-là même qui com­mé­more cyni­que­ment les grèves du Front popu­laire. Qu’il défende ses inté­rêts, ceux des puis­sants, ceux des pro­fits et de l’argent ; c’est de bonne guerre, c’est sa guerre ; mais qu’il ravale ses célé­bra­tions et récu­pé­ra­tions d’un pas­sé qu’il ne cesse de fou­ler au pied.

Ce gou­ver­ne­ment a peur : rien d’étonnant. Car il y a de quoi, devant nos soli­da­ri­tés face au pou­voir et son bras armé. Com­bien de témoi­gnages sur ces manifestant.e.s qui, sans avoir besoin de rien se dire, prennent soin des blessé.e.s, mal­gré les gaz, les coups de matraque et les gre­nades de désen­cer­cle­ment ? Com­bien d’images de blessé.e.s que des poli­ciers conti­nuent de frap­per à terre, tan­dis que spon­ta­né­ment se forment des chaînes pour les entou­rer et les pro­té­ger ? Com­bien d’initiatives, de textes, de ras­sem­ble­ments, de sou­tiens réso­lus contre les gardes à vue, les mises en exa­men, les condam­na­tions iniques ? Pour les manifestant.e.s blessé.e.s, mutilé.e.s, éborgné.e.s, dans le coma, com­bien de poli­ciers seront inculpés ?

Hol­lande, Valls et leurs alliés vou­draient bri­ser cette vague énorme, celle qu’on a vu mani­fes­ter par cen­taines de mil­liers. Ils mènent leur guerre sur tous les fronts : par une vio­lence phy­sique déchaî­née ; par une vio­lence judi­ciaire de magis­trats aux ordres qui empri­sonnent et brisent des vies ; par une vio­lence média­tique faite de dés­in­for­ma­tion et de dis­cré­dit ; par une vio­lence anti­dé­mo­cra­tique à coups de 49–3, d’interdictions de mani­fes­ter et d’assignations à rési­dence au nom de l’état d’urgence ; par la vio­lence sociale infli­gée à des mil­lions d’hommes et de femmes précarisé.e.s ou licencié.e.s. Ce pou­voir vou­drait à toute force empê­cher ce qui lui appa­raît dan­ge­reux et qui est immense par ses conver­gences : des quar­tiers popu­laires où l’on bataille depuis des années contre les vio­lences poli­cières, des luttes des migrant.e.s et des sans-papiers, des syn­di­ca­listes mobilisé.e.s, des étudiant.e.s et des lycéen.e.s qui ne lâchent rien. La déter­mi­na­tion est puis­sante, tout comme le sen­ti­ment que des per­sonnes, des col­lec­tifs, des orga­ni­sa­tions qui jusque-là ne se par­laient pas ou peu se sont trou­vés ou retrou­vés. Ce pas fran­chi est si impor­tant qu’il le res­te­ra, et pour longtemps.

Nous ne convain­crons pas les tenants de ce monde – et nous ne cher­chons pas à le faire. Mais contre le dis­cours domi­nant et tout-puis­sant, nous pou­vons convaincre celles et ceux qui connaissent bien la vio­lence au quo­ti­dien. La vio­lence du mépris social et des abîmes qui nous séparent des pos­sé­dants. La vio­lence du chan­tage à l’emploi qui conduit à tout accep­ter, fait voler en éclats les soli­da­ri­tés et jusqu’à la digni­té par­fois. La vio­lence de la souf­france, au chô­mage, au tra­vail, de la mise en concur­rence, du mana­ge­ment par l’obéissance. La vio­lence des contrôles au faciès et des dis­cri­mi­na­tions. Forces de l’ordre ; mais de quel ordre ? L’ordre social des éva­dés fis­caux, du CAC 40 et des mar­chés finan­ciers. Quelques devan­tures de banques, d’assurances ou de super­mar­chés cas­sées ne sont rien com­pa­rées à cette vio­lence. Quoi qu’on pense de leur per­ti­nence, ces actions sont au fond sur­tout des ques­tions : qu’est-ce qu’une banque et ce qu’il y a der­rière, la tra­gi-comé­die finan­cière ? Brecht l’avait résu­mé d’un trait : « Il y a pire que bra­quer une banque, c’est d’en fon­der une ». Com­ment pour­rait-on nous faire croire que la vio­lence de ce monde serait dans ces vitrines bri­sées ? Les médias sont doués pour ça, avec leurs scoops et leurs images en boucle, leurs sélec­tions éhon­tées. Mais vient un temps où ça ne marche plus : il semble que ce temps soit venu.

Les patrons peuvent s’arrêter de patron­ner ; nous n’avons pas besoin d’eux. Mais quand les éboueurs, les dockers, les électricien.ne.s, les cheminot.e.s, les raffineur.se.s, les per­son­nels hos­pi­ta­liers, les per­son­nels de l’éducation, les postier.e.s, les intermittent.e.s s’arrêtent, tout ce qu’elles et ils nous apportent devient sou­dain plus visible, plus évident. Quoi qu’il advienne de ce gou­ver­ne­ment, nous conti­nue­rons de mani­fes­ter – et com­ment ! Mais pas seule­ment. Nous pour­sui­vrons grèves, blo­cages et occu­pa­tions. Ce sont les armes de celles et ceux qui en ont peu. Mais elles peuvent frap­per bien plus fort que leurs matraques et leurs tonfas.

Premier.e.s signa­taires :

Pierre Alfe­ri (écri­vain), Jean-Claude Ama­ra (porte-parole de Droits devant !!), Natha­lie Astol­fi (ensei­gnante), Ana Aza­ria (pré­si­dente de Femmes Ega­li­té), Igor Babou (uni­ver­si­taire), Etienne Bali­bar (phi­lo­sophe), Ludi­vine Ban­ti­gny (his­to­rienne), Emma­nuel Barot (phi­lo­sophe), Amal Ben­toun­si (Urgence Notre Police Assas­sine), Eric Bey­nel (porte-parole de Soli­daires), Daniel Blon­det (mili­tant anti-impé­ria­liste), Antoine Bou­lan­gé (ensei­gnant), Claude Calame (his­to­rien), Laurent Cau­wet (édi­teur), Manuel Cer­ve­ra-Mar­zal (socio­logue), Débo­rah Cohen (his­to­rienne), Chris­tine Del­phy (socio­logue), Alain Der­vin (ensei­gnant), Paul Dirkx (socio­logue), Joss Dray (pho­to­graphe), Julien Dufour (doc­to­rant en socio­lo­gie), Jules Fal­quet (socio­logue), Patrick Far­biaz (mili­tant éco­lo­giste), Eric Fas­sin (socio­logue), Saman­tha Fau­bert (his­pa­niste), Sophie Fesd­jian (anthro­po­logue, ensei­gnante), Alain Frap­pier (illus­tra­teur), Dési­rée Frap­pier (scé­na­riste), Ber­nard Friot (socio­logue), Luc Gaf­fet (mili­tant CGT), Fan­ny Gal­lot (his­to­rienne), Franck Gau­di­chaud (poli­tiste), Valé­rie Gérard (phi­lo­sophe), Fran­çois Gèze (édi­teur), Denis Godard, Cécile Gon­dard-Lalanne (porte-parole Soli­daires), Nahe­ma Hana­fi (his­to­rienne), Samuel Hayat (poli­tiste), Eric Hazan (auteur et édi­teur), Cathe­rine Jar­din (édi­trice), Fran­çois Jar­rige (his­to­rien), Fan­ny Jed­li­cki (socio­logue), Claude Kai­ser (mili­tant anti-nucléaire), Les­lie Kaplan (écri­vaine), Danièle Ker­goat (socio­logue), Patrice Lar­deux (mili­tant CGT), Mathilde Lar­rère (his­to­rienne), Oli­vier Le Cour Grand­mai­son (uni­ver­si­taire), Pas­cal Maillard (uni­ver­si­taire et syn­di­ca­liste), Phi­lippe Mar­lière (poli­tiste), Béné­dicte Mon­ville-De Cec­co (conseillère régio­nale IDF (EELV)), Chris­tian de Mont­li­bert (socio­logue), Oli­vier Neveux (his­to­rien d’art), Ugo Pal­he­ta (socio­logue), Willy Pel­le­tier (socio­logue), Irène Per­ei­ra (socio­logue), Hélène Pey­ta­vi (mili­tante CGT), Roland Pfef­fer­korn (socio­logue), Chris­tian Pier­rel (PCOF), Chris­tine Pou­pin (NPA), Théo Rou­mier (appel des syn­di­ca­listes « On bloque tout ! »), Omar Slaou­ti (ensei­gnant), Fede­ri­co Tar­ra­go­ni (socio­logue), Jacques Tes­tart (bio­lo­giste), Julien Thé­ry-Astruc (his­to­rien), Michel Tort (psy­cha­na­lyste), Fran­çois Tronche (direc­teur de recherches au CNRS), Mar­lène Tui­nin­ga (4ACG), Béa­trice Tur­pin (réa­li­sa­trice mili­tante), Oli­vier Vinay (mili­tant syn­di­cal), Sophie Wau­quier (lin­guiste), Phi­lippe Zar­ka (astro­phy­si­cien)

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