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PÉTITION NATIONALE. Le changement à l’Université et dans la Recherche, c’est maintenant ?
6 avril 2014 Initiatives
Administrateur chez Indiscipline.fr
Administrateur d'Indiscipline.fr, l'Admin a un rôle avant tout technique. Il dispose également d'un blog où sont postés des textes qui nous sont parvenus, ou que nous reprenons, et qui sont écrits par des personnes ou des groupes qui ne disposent pas d'un blog sur Indiscipline. Enfin, c'est lui qui est la voix de l'équipe des modérateurs du site dans leurs relations avec les auteurs.
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Cette péti­tion cir­cule depuis quelques jours. Une de plus… A défaut d’ac­tion et de mobi­li­sa­tion, ça ne peut faire de mal qu’à Fio­ra­Cresse 😉 Donc, on signe !

Pour signer la péti­tion (2000 signa­taires en deux jours ) : SIGNER !

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Nous, membres de la com­mu­nau­té uni­ver­si­taire et scien­ti­fique, avons été éton­né-e‑s par la lec­ture de l’article paru sur le site du Monde ce 2 avril 2014 sur la poli­tique “consen­suelle” menée par Madame la ministre Gene­viève Fioraso.

La situa­tion est si grave que quelques exemples gla­nés ces der­niers mois suf­fisent pour prendre la mesure du désastre de la pour­suite de la LRU — loi rela­tive aux liber­tés et res­pon­sa­bi­li­tés des uni­ver­si­tés — par le gou­ver­ne­ment Ayrault.

Le 25 octobre 2013, la Confé­rence des pré­si­dents d’universités (CPU) a tiré la son­nette d’alarme avec sa “Motion rela­tive aux moyens des uni­ver­si­tés” : « Aujourd’hui, les solu­tions uti­li­sées et les efforts consen­tis atteignent leurs limites (…) la situa­tion à laquelle nous sommes confron­tés sera bien­tôt inte­nable pour la majo­ri­té de nos éta­blis­se­ments. A court terme, l’ensemble des uni­ver­si­tés fran­çaises risque de ne plus pou­voir assu­rer les mis­sions de ser­vice public que l’Etat leur a assi­gnées ».  Tout récem­ment, le mois der­nier, le Conseil scien­ti­fique du CNRS et l’Académie des sciences ont fait de même.

Le monde uni­ver­si­taire bruisse de nou­velles atter­rantes qui émaillent notre quo­ti­dien : char­gés de TD congé­diés la veille des cours, non-recru­te­ment et pré­ca­ri­sa­tion de fait des non titu­laires, mise sous tutelle de cer­taines uni­ver­si­tés par les rec­to­rats (contrai­re­ment aux pro­messes de cam­pagne),  dégra­da­tion des lieux d’enseignement, chauf­fage cou­pé, etc. Tho­mas Piket­ty, direc­teur d’études à l’EHESS, dénon­çait aus­si la “faillite silen­cieuse à l’université” (Libé­ra­tion, 18 novembre 2013), prin­ci­pal échec de la pré­si­dence Hol­lande, alors même que le trans­fert finan­cier à effec­tuer est minime pour résoudre la crise actuelle, l’enseignement supé­rieur et la recherche étant dotés d’un bud­get très res­treint par rap­port à d’autres pays d’importance com­pa­rable. Dans un texte remar­qué, Alain Pro­chiantz, Pro­fes­seur au Col­lège de France, repre­nait les com­men­taires de la Cour des Comptes rela­tifs à l’inefficacité du très dis­pen­dieux Cré­dit Impôt Recherche (CIR), pour mieux sou­li­gner à l’inverse la sous-dota­tion de la recherche fran­çaise fon­da­men­tale, à qui il man­que­rait selon lui 2 à 3 mil­liards d’euros (à com­pa­rer aux 6 à 7 mil­liards d’euros de la niche fis­cale que consti­tue ledit CIR).

Hier impen­sable, l’i­dée d’une faillite finan­cière des uni­ver­si­tés semble aujourd’­hui une qua­si fata­li­té. Elle est le résul­tat d’un effet méca­nique de la LRU, comme le montre la situa­tion dra­ma­tique de l’université qui avait été la (trop?) bonne élève de la mise en œuvre des réformes Pécresse : l’Université Ver­sailles Saint-Quen­tin-en-Yve­lines. Après avoir ris­qué la ces­sa­tion de paie­ment, obte­nu entre-temps de l’Etat deux avances rem­bour­sables, être pas­sée sous tutelle rec­to­rale, l’Université connaît enfin son bud­get pour 2014. Certes, le minis­tère a poin­té la res­pon­sa­bi­li­té de l’ancienne Pré­si­dente et l’a démise de ses fonc­tions de rec­trice de l’ Aca­dé­mie de Dijon ; mais le sys­tème qui a ren­du cette situa­tion pos­sible est en place dans toutes les universités.

L’Association des socio­logues ensei­gnants du supé­rieur (ASES) montre que d’autres uni­ver­si­tés avec des res­sources et des sta­tuts fort dif­fé­rents connaissent actuel­le­ment, du fait de l’autonomie impo­sée, les mêmes dif­fi­cul­tés finan­cières qui menacent leurs mis­sions d’enseignement et de recherche à court et moyen termes. Dans l’incertitude, les uni­ver­si­tés bri­colent : réduc­tion des semaines de cours, dimi­nu­tion des heures de tra­vaux diri­gés (qui sont pour­tant la meilleure chance de réus­site des étudiant.e.s), sup­pres­sion d’enseignements, tari­fi­ca­tion des heures de cours magis­tral au coût des heures de TD (ce qui revient à faire plus d’heures de cours, mais payées beau­coup moins). Contrai­re­ment à ce qui est affir­mé aujourd’hui, on ne pour­ra cer­tai­ne­ment pas échap­per à l’augmentation des droits d’ins­crip­tion. Payer davan­tage pour un ensei­gne­ment supé­rieur de moindre qua­li­té et une recherche au rabais ? Com­ment croire que c’est ain­si que l’on veut rendre l’Université et la Recherche meilleures ?

Il est pour le moins para­doxal qu’un gou­ver­ne­ment dit “de gauche” pour­suive la fra­gi­li­sa­tion, si ce n’est le déman­tè­le­ment, des mis­sions de ser­vice public en appe­lant notam­ment à repro­duire le modèle — sup­po­sé plus effi­cace — de l’entreprise, loin de toute négo­cia­tion ou même concertation.

Quels que soient leur dis­ci­pline, leur ins­ti­tu­tion, leur sta­tut et même leur sen­si­bi­li­té, les témoi­gnages des acteurs du monde de la recherche et de l’enseignement supé­rieur concordent. Tous s’alarment du peu d’intérêt por­té à une véri­table poli­tique de la recherche dans un contexte d’austérité pro­gram­mée,  du peu de cré­dit accor­dé à la parole même des cher­cheurs et des ensei­gnants, du peu de res­pect pour le tra­vail des per­son­nels admi­nis­tra­tifs noyés sous le flot inces­sant des réformes, des réor­ga­ni­sa­tions et autres refontes de nomen­cla­tures qui ne cessent de pro­duire des situa­tions inex­tri­cables et des injonc­tions contradictoires.Du côté des grands orga­nismes, le manque de trans­pa­rence des pro­cé­dures choque de la part d’un gou­ver­ne­ment qui en avait fait son enga­ge­ment. Que pen­ser de la récente sélec­tion des can­di­dats pour le poste de Direc­teur géné­ral de l’Inserm, qui a conduit à recru­ter fina­le­ment… le conseiller de la ministre à la veille des élec­tions muni­ci­pales et du rema­nie­ment (Le futur DG pré-nom­mé ? Libé­ra­tion, 1er avril 2014)?

Der­nier exemple, et non des moindres, la recom­po­si­tion du pay­sage uni­ver­si­taire dans des com­mu­nau­tés d’université et d’établissements (Comue). Il nous est deman­dé, sans expli­ca­tion, d’é­vi­ter les “dou­blons” en matière d’offre de for­ma­tions, au risque de saper les inno­va­tions péda­go­giques. Or, au même moment, les ser­vices du minis­tère de l’Enseignement supé­rieur et de la Recherche ont impo­sé, contre l’avis d’une majo­ri­té d’universitaires et sans concer­ta­tion avec les asso­cia­tions repré­sen­ta­tives des dis­ci­plines concer­nées, une réduc­tion dras­tique des inti­tu­lés de mas­ters, ren­dant illi­sibles les spé­ci­fi­ci­tés qui font les for­ma­tions attrac­tives pour les étu­diants et inté­res­santes pour les employeurs. C’est un peu comme si un ministre du Com­merce impo­sait aux res­tau­ra­teurs de sup­pri­mer leur carte et de ser­vir un menu unique fixé par eux sans dia­logue préalable.

Le monde de la recherche et de l’en­sei­gne­ment supé­rieur atten­dait beau­coup de ce rema­nie­ment : la prise en compte de l’im­mense décep­tion sus­ci­tée par la poli­tique menée depuis deux ans.  Non, il n’y a donc pas apai­se­ment, mais bien au contraire mon­tée de la colère et du décou­ra­ge­ment. Sans aucune pers­pec­tive d’amélioration.

Ne serait-il pas temps aujourd’hui d’insuffler enfin une nou­velle dyna­mique pour conduire la poli­tique qui avait été pro­mise et sou­hai­tée : allè­ge­ment de l’in­croyable empi­le­ment bureau­cra­tique et de l’inénarrable accu­mu­la­tion des éva­lua­tions qui para­lysent plus qu’elles ne sti­mulent la recherche ; confiance envers les cher­cheur-e‑s et les ensei­gnants-cher­cheur-e‑s ; sou­tien au déve­lop­pe­ment d’un monde scien­ti­fique fon­dé sur la coopé­ra­tion et l’é­change ; frein à l’absurde logique de com­pé­ti­tion et de course à la pré­ten­due excel­lence qui n’est le plus sou­vent que la preuve la plus écla­tante de la capa­ci­té à se confor­mer aux attentes du poli­tique? Bref, rendre encore pos­sibles l’in­ven­tion scien­ti­fique et l’innovation pédagogique.

Au moment où la “com­pé­ti­ti­vi­té” de la recherche fran­çaise à l’international est évo­quée comme le Saint Graal, pour­quoi mettre en dan­ger l’attractivité des uni­ver­si­tés et de la recherche ? Pour­quoi pour­suivre aveu­gle­ment des réformes qui accen­tuent les défauts qu’elles visent à réfor­mer ?  L’inquiétude sur la péren­ni­té du modèle uni­ver­si­taire et scien­ti­fique fran­çais est-elle moins forte aujourd’hui ? Non. Elle n’a même cer­tai­ne­ment jamais été aus­si grande.

Voire les signa­tures et signer  : PETITION NATIONALE

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https://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/minist%C3%A8re-de-l-%C3%A9ducation-nationale-de-l-enseignement-sup%C3%A9rieur-et-de-la-recherche-tribune-le-changement-%C3%A0-l-universit%C3%A9-et-dans-la-recherche-c-est-maintenant

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