Le secret de la confession …
Ecrit par Jean-Paul Bourgès, 4 Jan 2016, 6 commentaires
Depuis plusieurs années le tronc situé à côté des cierges d’une église du Var, accusait un déficit de recette de l’ordre de trois mille euros.
Nul n’avait jamais pu identifier l’auteur ou les auteurs d’actes de piraterie fort préjudiciables au bon équilibre financier de la paroisse.
L’avant-veille de Noël, ayant repéré que l’usage du tronc en distributeur automatique de billets semblait coïncider avec l’heure du déjeuner, le curé alla s’installer vers midi dans le confessionnal, d’où il avait une vue imprenable sur le fameux tronc.
Il n’eut pas à attendre une éternité, puisqu’à midi-trente, un paroissien du genre auquel on donne le Bon Dieu sans confession se dirigea, non vers le confessionnal, mais vers le tronc sans intention d’y déposer des fonds mais d’y opérer discrètement un petit prélèvement.
A cette fin il usa d’un astucieux dispositif basé sur une bande de plastique souple revêtu de scotch biface … permettant de remonter rapidement pièces et billets.
Sitôt son opération de retrait achevée, il replaça son instrument dans une boite placée dans son cabas et, ayant chargé ses poches d’un peu de liquidités, il sortit de l’église afin d’aller fort honnêtement s’acheter de quoi se restaurer.
Sortant alors de sa cachette, le curé le suivit discrètement tout en prévenant la police qui put cueillir l’astucieux paroissien au moment où il se ravitaillait. Il s’avéra que ce fidèle régulier était un SDF de soixante-sept ans.
La première réflexion que cette anecdote m’inspire c’est que si le curé est astreint à observer le secret de la confession … il ne semble pas l’être au secret du confessionnal.
La deuxième réflexion c’est qu’il ne faut pas forcément croire les curés qui vous diront que l’argent déposé dans les troncs servira aux pauvres. C’est uniquement pour les pauvres qui ne se servent pas.
La troisième réflexion c’est que la fréquentation régulière des églises peut s’avérer dangereuse pour les SDF.
Jean-Paul BOURGЀS 4 janvier 2016
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Voilà qui ne nous rajeunit pas… 😆
Un petit billet pour se détendre … plus quelques bons vieux films ayant abordé ce thème, ça soulage.
Igor, j’avais pensé à ce film.
Votre curé, JPB, il doit pas s’appeler Myriel.
Il est surtout vicieux d’avoir convoqué les flics. Il ne doit pas être un adepte du purgatoire !
Comment font-ils la comptabilité de leurs “troncs”… pour calculer un “déficit de 3000 euros”.
Auraient-ils des statisticiens, tels ceux de l’Education Nationale, qui étudieraient les écarts par rapport aux “résultats attendus”?
Votre histoire repose en partie sur l’idée de l’usage d’un confessionnal comme cachette, ressource de nombre de films policiers.
Le confessionnal, offrant un faux anonymat au confesseur et au confessé est à l’image de la plupart des règles et conventions de l’Église catholique: on fait comme si…
De même que le curé de votre petit récit fait comme s’il était charitable aux pauvres et aux pêcheurs… et le “SDF” a bien tort de faire lui aussi “comme si”… il pouvait compter sur sa bienveillance…
Votre récit me fait penser à une blague qui circula, il y a une dizaine d’années, dans les bureaux de mon université. Quelques étudiants de l’UNI (organisation d’étudiants manipulée par le RPR) s’étaient mobilisés pour … revendiquer “le respect de l’anonymat des épreuves orales d’examen…” (sic…). Chacun rivalisa dès lors pour trouver une solution… La plus intéressante, qui pourtant n’atteint pas le stade d’une proposition de modification du Réglement Intérieur de l’Université, était de faire l’acquisition des confessionals déserts des églises alentours et de les implanter dans le hall de l’Université pour y faire passer les épreuves …
D’autres proposaient le port du masque d’inquisiteur pour les interrogateurs et celui du sac de pomme de terre (façon Gestapo) pour les étudiants.…
Comme quoi le confessionnal est une sacrée inspiration pour les imaginatifs…
Plus sérieusement, l’unde mes anciens thésards a écrit un petit livre sur la Confession, y montrant concrètement l’une des origines des méthodes qualitatives de recherche en sciences humaines.…
Je me dois d’être honnête. Je suis reparti de quelques lignes d’une dépêche, disant l’essentiel cependant, dont les 3.000 €, et ensuite j’ai raconté à ma façon.
J’adore l’idée de l’anonymat des épreuves orales. Mais pourquoi n’avaient-ils pas pensé au recours à un tiers inconnu pour répondre à l’examinateur ? Dans le fond n’est-ce pas le principe du recours à un pseudo ?
On pourrait pas mal s’amuser sur ce thème … n’est-il pas ?
Concernant les 3.000 €, je pense que ce brave curé avait dû observer une baisse de la recette annuelle de cette importance … sans se demander si la qualité de ses sermons ne serait pas la cause d’une baisse de rentabilité de ses troncs. Illustration probablement de l’arbre qui cache la forêt !