« Non, non … ils n’en font pas trop ! »
Ecrit par Jean-Paul Bourgès, 10 Jan 2016, 17 commentaires
« Tant que ça marche, faut surtout pas mollir. Le peuple aime ça, il en redemande même … et puis ça fait autant d’occasions de ne pas voir la binette de Nicolas SARKOZY ou la chevelure blonde de Marine LE PEN au premier rang … allons‑y ! ».
Devant les interrogations qui ne peuvent manquer d’assaillir les moins atteints par l’esprit courtisan, ainsi parlait sûrement, non Zarathoustra, mais le chef des communicants de l’Elysée à propos de la rafale — oh pardon pour ce mot que j’aurais dû éviter — de célébrations et remises de Légions d’Honneur posthumes à ceux qui ne sont plus là pour la refuser. Et puis François MITTERRAND, le Mentor, qui a eu la bonne idée de mourir il y a juste vingt ans …
La perfide Albion s’est emparée, elle, de la mémoire de Diésel, cette chienne de race mâlinoise qui mourut dans l’offensive du RAID à Saint Denis. Les Anglais lui ont attribué la médaille Dickin, privant ainsi François HOLLANDE de la possibilité de lui remettre à titre posthume le Mérite Agricole et d’apposer une plaque à la niche où elle avait vu le jour !
En tout cas, planter un chêne du souvenir Place de la République … ça n’est pas bête du tout. Lorsqu’on approche de la fin de son premier mandat, il ne faudrait pas planter un tremble … qui pousse beaucoup trop vite et que le moindre coup de vent fait justement trembler. Non un chêne qui pousse très lentement ça ne peut que donner l’envie de reconduire le Président pour un nouveau mandat afin qu’il puisse, chaque année et jusqu’à ce que l’arbre soit devenu majestueux, venir l’arroser un peu et ajouter une plaque commémorative. Puisqu’on parle de révision constitutionnelle, pourquoi, d’ailleurs, ne pas supprimer cette idiote limitation à deux quinquennats ? On pourrait modifier l’article 6 en disant plutôt « Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il doit exercer le nombre de mandats nécessaires pour voir grandir les chênes commémoratifs qu’il a plantés ».
Ah ! non, vraiment François HOLLANDE, Manuel VALLS, Anne HIDALGO n’en font pas trop avec cette suractivité commémoratrice, qui n’a absolument pas les apparences d’une récupération politicienne de l’émotion populaire.
D’ailleurs, l’an prochain, vous verrez que les cérémonies seront consacrées aux cinq-cent-mille chômeurs de moins que l’inflexion de la courbe du chômage aura provoqués. Cinq-cent-mille ex-chômeurs conviés, Place de la République, pour entourer les plus hautes autorités de l’Etat en train d’arroser le chêne … ça aurait de la gueule cent jours avant l’élection présidentielle ! On peut bien rêver … non ?
Jean-Paul BOURGЀS 10 janvier 2016
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Pour l’indécence récupératrice, ne pas oublier le coup de la Légion d’honneur attribuée à des morts et non à des vivants. Copie d’un mel envoyé à CH :
Hier sur Inter, en fin d’après-midi, il a été question de l’indécente Légion d’honneur jetée sur les corps de vos amis. Je veux bien que la fatigue commençait à vous gagner, et à corroder votre lucidité, mais quelle déception que votre réaction molle, moi qui attendais rire et colère ! La Légion d’honneur à Cabu l’éternel anti-militariste, incapable de se défendre avec un crayon dans son trou ! Le même ruban con dont se pare une Balkany, un Woerth, un De Maistre ! Pouvez-vous réaliser le sale coup en cours sur des morts sans défense ? N’avez-vous pas vu qu’ils se gardent bien de la donner à Riss, à Nicolino, à Lançon dont la résurrection par chronique interposée est ce que je lis de plus fort dans CH ? Alors que si les morts ont eu le courage de leurs écrits et dessins, eux ont en plus le courage de continuer ? Que si la Hollandie ne les médaille pas c’est qu’elle a trop peur qu’un refus à la Tardi (vous connaissez ?) leur pète à la gueule ? Que les mêmes politicards qui jesuischarlient à tour de bras continuent et aggravent la casse de la France ?
Pitié, réglez-leur ce compte au plus vite et cessez de parler dans le poste, retournez à votre hebdo, c’est ce que vous faites de mieux.
Bravo ! L’un de mes grands-pères se vit attribuer la Légion d’Honneur à titre posthume en décembre 1914. Mais il était mort au front, en Belgique, en ayant refusé d’être évacué sur une civière bien qu’ayant eu la jambe brisée par une première balle … et c’est en commandant depuis sa civière qu’une deuxième balle dans la tête l’avait achevé. Il détestait la guerre, il savait qu’il ne reviendrait pas de la guerre … il a transmis son horreur de la guerre à maman sa fille et à son petit-fils, un certain Jean-Paul.
En hommage, j’ai changé la photo de mon profil.
Ouf, j’ai cru qu’on allait avoir droit à une légion d’honneur en guise d’avatar !
Il se vendait en Grande-Bretagne, dans les “car boot sales” (nos vide-greniers) des pots de chambre au fond desquels était peinte la Victoria Cross, équivalent de notre roseur de la légion d’honnêtes.
Alphonse Allais disait qu’il ne voulait pas porter un trou du cul d’éléphant à sa boutonnière.
Dans mon bureau, à côté de la table où j’écris (En fait, où je tape sur mon clavier), j’ai la seule chose concrète qui me reste de ce grand-père. Sa veste de capitaine avec la Légion d’Honneur qui fut accrochée sur la veste il y a plus de cent ans. Je regarde donc souvent cette veste qui est un rappel permanent de l’horreur et de la sottise de la guerre, car rien ne justifiait d’interrompre ainsi la vie d’un homme aimant la vie, les belles choses, sa famille (Dont une enfant de neuf mois … qui est morte cent un an plus tard, sans avoir eu de père, en novembre 2015).
Un grand père de ma connaissance avait été gazé. Il fut dix ans sans pouvoir se nourrir autrement que de lait. Il attendit en vain cette médaille pendant des dizaines d’années. Bah oui, les décorations sont toujours l’occasion pour des politiciens de faire leur com’, il convient donc de ne pas les donner toutes d’un coup. Il avait juré que s’il la recevait, il l’accrocherait au collier de son chien. Quand elle est arrivée, il n’a pas osé et est mort en se le reprochant.
La guerre est atroce … et le comportement des politiciens ne l’est pas moins.
Est-ce donc si difficile d’éviter les événements qui mènent à la guerre ? Nous les élisons pour nous éviter cela, mais… Dans la main des cupides, ils oublient.
Cher Larbi, sont-ils si innocents que l’on puisse juste les imaginer comme des jouets aux mains des “cupides” ? Je l’ai longtemps pensé … mais comme je mets du temps à comprendre, j’ai de plus en plus de doutes à ce sujet. Si c’était le cas, n’auraient-ils pas un sursaut de dignité en disant leur révolte ?
J’ai le même doute. Pourtant, n’y a‑t-il pas plus de dignité chez un serf que chez un baron ? chez un SDF que chez un ministre du logement ? Ils ont de l’amour-propre, mais peu de dignité. Les grandes écoles leur apprennent surtout à rester fermes sur leurs positions. “Bon Dieu ! Qu’est-ce que j’ai été bête !” ne fait pas partie de leur (dé)formation.
Oui … et que c’est triste !
Parmi ce que j’essaye d’apprendre à mes jeunes internes, il y a le doute, la possibilité de faire des erreurs et de les accepter pour progresser sans que cela ne remette en cause ses compétences…
L’expérience de l’échec est irremplaçable.
On n’apprend pas beaucoup par ses réussites … mais uniquement par ses échecs.
Oh là là, vous allez contre ma doxa dominante, qui veut que seuls comptent les winners, que la seule bonne place est la première…
Mais, cher AL CESTE, les winners sont justement ceux qui ont tellement appris de leurs échecs … qu’ils arrivent au premier rang !