Projet d’Institut autonome des sciences humaines et sociales
Ecrit par Igor Babou, 6 Fév 2007, 10 commentaires
Pour une structure d’enseignement et de recherche cohérente
Par Igor Babou , Joëlle Le Marec
Ce texte est en cours de rédaction : il s’inscrit dans une réflexion en cours. Les avis extérieurs sont les bienvenus !
L’enseignement supérieur et la recherche en sciences humaines et sociales traversent actuellement une crise très profonde. Fondamentalement, cette crise n’est pas liée à un manque de moyens et encore moins à l’inadaptation des structures au marché. En réalité, le problème majeur que nous affrontons quotidiennement, en tant que chercheurs, est celui de la perte de nos libertés : on assiste à l’assujettissement croissant de la recherche et de l’enseignement à des logiques économiques et politiques, à une bureaucratisation effrénée, à une obsession pour l’évaluation et la productivité et à une uniformisation des structures, des formats et des temporalités de la recherche. Ces évolutions sont évidemment incompatibles avec l’esprit des Lumières ainsi qu’avec les aspirations exprimées par le public. Celui-ci continue en effet à soutenir une vision généreuse de la science et s’inquiète de sa dépendance à des intérêts contraires au bien-être collectif de l’humanité.
Nous nous fondons sur la nécessité, reconnue y compris par les instances académiques et politiques, de maintenir une diversité de paradigmes et de modes de production et de transmission, pour proposer une association, une structure dont le mode d’organisation et de fonctionnement soient la simple mise en œuvre des principes de liberté et d’indépendance, de créativité et de concentration, de fraternité et de solidarité, principes aujourd’hui remplacés par les mots d’ordre de rationalisation, productivité, concurrence et compétitivité.
Nous nous fondons sur l’exigence absolue pour toute société de maintenir les conditions d’une critique et d’une réflexivité dont la disparition est extrêmement dangereuse : car une société qui se refuse à la critique et à la réflexivité est une société qui court le risque de plonger dans la barbarie, l’Histoire récente nous a donné bien des exemples de ces catastrophes.
Nous sommes attachés au projet des Lumières d’un savoir indépendant des pouvoirs et visant la « sortie de l’homme de sa minorité dont il est lui-même responsable », pour reprendre la formule bien connue de Kant, mais nous ne pouvons ignorer l’état écologique catastrophique de la planète à laquelle le projet de rationalisation des Lumières nous a conduit en ne considérant la nature que sous l’angle d’une ressource à exploiter. Nous ne pouvons ignorer à quel point les sciences humaines et sociales, au même titre que les sciences de la nature, ont été responsables de cette inversion de la Raison qui, guidée par le mythe du Progrès, a fini par transposer la domination de la nature en domination des hommes et des sociétés, et cela au sein même des institutions du savoir. Notre ambition est de revenir à la Raison au sein même des pratiques quotidiennes de la recherche et de l’enseignement supérieur : c’est pourquoi nous revendiquons dans notre proposition à la suite de Marcuse, des critères de rationalité dont la réalisation « offre une plus grande chance de succès pour la pacification de l’existence, à l’intérieur d’un cadre institutionnel qui favorise mieux le développement des besoins et des facultés humaines ».
Comment faire concrètement lorsqu’il semble que chaque jour les nouvelles modalités d’exercice de notre métier d’enseignant-chercheur consistent à nous transformer en agents de la destruction des valeurs qui le fondaient. Nous avons hérité d’un patrimoine d’institutions que nous sommes chaque jour amenés à vider de leur dimension institutionnelle au nom d’un raisonnement dont nous savons déjà qu’il va nous piéger : il vaudrait toujours mieux rester dans un système pour l’infléchir plutôt que d’en sortir. Nous sommes amenés à instrumentaliser nos institutions pour leur propre destruction parce que nous vivons une crise majeure du don et de la transmission.
Nous ne poursuivrons pas plus longtemps car les constats ont été effectuées et publiées, les alertes lancées, et l’expérience montre hélas que toute analyse, si inattaquable soit-elle, ne permet jamais de faire changer le cours des choses par elle-même.
C’est pourquoi nous pensons que le moment est venu de sortir des cadres actuels. Nous ne pouvons plus agir de façons interstitielle, dans le rattrapage, dans l’infléchissement, la perte de concentration, la méfiance, l’indignité.
Ainsi, nous proposons la création d’une association, un Institut autonome des sciences humaines et sociales, dont le fonctionnement s’appuie sur quelques principes simples de cohérence, de liberté, de rigueur, de fraternité, dont on pourrait penser qu’ils sont consensuels, mais qui n’inspirent plus guère les modes de structuration de la recherche et de l’enseignement.
L’Institut est une structure mineure : il n’a pas pour vocation l’expérimentation d’un modèle qu’il s’agirait de tester ou de développer. Il n’a pas pour vocation à communiquer sur l’excellence de ses résultats ou convaincre de son efficacité. L’enjeu est uniquement la création d’un espace protégée – une réserve – suite au constat que la situation générale est trop dégradée, mais qu’il est encore légitime de revendiquer une diversité des pratiques d’enseignements et de recherche, au nom d’une écologie culturelle et intellectuelle. L’enjeu est de permettre que subsistent dans cet espace protégé des conditions qui sont nécessaires, au moins à certain type d’enseignants-chercheurs, pour donner la pleine mesure de leur ambition scientifiques et de leurs possibilités de travail. Il n’est en effet plus rare d’entendre des chercheurs de premier plan, actuellement en fin de carrière, s’inquiéter de la disparition des conditions qui leur ont permis de contribuer significativement à la compréhension des phénomènes culturels et sociaux.
Le coût de création de la structure et son coût de fonctionnement sont minimes : : nous sommes fonctionnaires de l’Etat, à ce titre, nous sommes à l’abri du besoin et n’en sommes que plus redevables à la société de la liberté intellectuelle qu’elle nous accorde. C’est de l’usage de cette liberté que nous sommes comptables, et non de celui de nos salaires. Quand cette liberté est menacée par les structures mêmes qui organisent notre travail notre devoir de chercheurs est de défendre les principes et les valeurs pour lesquels nous nous sommes engagés, dont nous avons hérité, et que nous devons transmettre.
Les principes fondateurs de l’Institut autonome sont les suivants :
– L’Institut est constitué sur la base d’une association Loi de 1901.
– L’Institut est autofinancé par la contribution de ses membres, sur la base d’une donation obligatoire d’1/10ème du salaire de chaque enseignant-chercheur par mois.
– La répartition des budgets pour les opérations de recherche est égalitaire : une fois retiré du budget global de l’Institut tout ce qui concerne les frais de fonctionnement collectifs, chaque chercheur confirmé peut utiliser la somme restante divisée par le nombre de chercheurs confirmés en activité au sein de l’Institut.
– L’Institut a pour unique objectif la production, l’enseignement et la diffusion publique de connaissances originales dans le domaine de l’analyse des processus historiques, sociaux et sémiotiques, ainsi que de l’ensemble des pratiques, acteurs, représentations et institutions constituant ces processus. Il n’est au service d’aucun Etat, d’aucune entreprise, d’aucune collectivité ou groupe d’intérêt public ou privé. Il a pour objectif de produire un savoir sur la société, ancré sur une réflexion théorique et des approches empiriques validées par une communauté de pairs s’engageant à respecter les principes fondateurs de l’Institut.
– Les membres de l’Institut organisent leur travail en totale liberté : les choix de mener des travaux individuellement ou collectivement, les manières de les mener, les rythmes et les formes de la publication, sont liés aux nécessités des recherches elles-mêmes. L’Institut rend public annuellement un compte-rendu de ses activités, travaux et résultats.
– Les membres de l’Institut sont libres et égaux en droits : ils ne reconnaissent aucun rapport hiérarchique ni entre eux, ni entre les disciplines dont ils sont originaires et dont ils s’engagent à abandonner la revendication à la fois dans leurs écrits et dans leurs actes quotidiens au sein de l’Institut. Les grades, fonctions, responsabilités et légitimités acquises à l’extérieur de l’Institut par ses membres n’ont aucune valeur en son sein.
- L’Institut fonctionne sur un principe de démocratie directe et collégiale : l’ensemble des membres siège au conseil de décision. Ce dernier élabore ou modifie ses règles de fonctionnement sur la base de réunions régulières entre l’ensemble de ses membres.
– Chaque chercheur d’Institut dispose d’une voix. Les doctorants en votent pas mais participent aux réunions. Les principes fondateurs de l’Institut ne peuvent être modifiés en aucune manière : les décisions mises au vote ne peuvent concerner que les règles et procédures d’application de ces principes, et non ces principes eux-mêmes.
- Le nombre des adhésions est limité de façon à ce que le nombre des membres permette le fonctionnement de l’Institut sur les bases ainsi définies. Au cas où le nombre des membres atteindrait un seuil au-delà duquel il ne serait plus possible d’en assurer le fonctionnement entièrement collégial, il appartiendrait aux nouveaux candidats de tenter de recréer un nouvel Institut Autonome.
– L’Institut n’est composé que de deux types de chercheurs : les chercheurs confirmés (qui disposent d’un doctorat et/ou d’une habilitation à diriger des recherches, et qui sont rémunérés par un établissement d’enseignement supérieur et de recherche) et les doctorants (qui s’inscrivent dans l’université de rattachement de leur directeur). Il n’emploie ni secrétariat, ni agent comptable, ni administrateur : chaque chercheur confirmé devra accomplir sa part de charges organisationnelles directement. Les doctorants se consacrent uniquement à l’avancement de leur travail de recherche.
– Les membres de l’Institut ont une obligation d’enseignements et les cours dispensés sont d’accès libre et gratuits.
– L’aide demandé aux pouvoirs publics pour la création de l’Institut est la suivante : les instances dont dépendent les chercheurs et enseignants-chercheurs membres acceptent l’adhésion du membre à l’Institut. L’effort consenti équivaut à mettre à disposition d’une structure un agent et son salaire.
– L’Institut ne demande aucune autre aide. Il accepte les dons et subventions éventuelles sans les solliciter.
– Les enseignants-chercheurs membres de l’Institut y mènent leur recherche et leur enseignement à plein temps. Ils n’exercent plus leurs activités et responsabilités au sein de leurs anciens laboratoires.
- Université : Opération « Écrans noirs » du vendredi 13 au mardi 17 — 13 novembre 2020
- Tribune dans Le Monde : « Les libertés sont précisément foulées aux pieds lorsqu’on en appelle à la dénonciation d’études et de pensée » — 4 novembre 2020
- Pandémie et solidarités: associations et collectifs citoyens à bout de souffle sonnent l’alarme — 13 mai 2020
Bonjour,
quel souffle, quel élan et quelle cohérence, bravo.
L’esprit général me fait penser à une analyse de l’évolution de l’enseignement supérieur dans les années… 1960 par Oskar Negt, dont je viens de publier les écrits en français (L’espace public oppositionnel, Payot, 2007).
Une remarque cependant : étant rémunéré comme chercheur contractuel pour les activités que je mène au sein du labo, je ne saurais me consacrer entièrement aux activités d’un institut autonome, à moins de risquer un licenciement rapide…
Votre démarche ne prend peut-être pas suffisamment en compte l’état de précarisation du métier, même si la définition du chercheur confirmé ne suit pas la séparation administrative titulaires / docteurs etc. Je vous invite amicalement à repenser votre conception prometteuse en fonction de ce phénomène.
Cordialement, Alexander Neumann, chargé de recherche post-doc et …
redacteur en chef de Variations — revue internationale de théorie critique.
Merci pour vos encouragements et votre remarque, qui est tout à fait légitime. Nous avons raisonné à partir de nos pratiques de chercheurs statutaires, sans tenir compte des contractuels de recherche. Mais c’est bien là l’intérêt de discuter de ce texte, qui n’est vraiment qu’un premier jet. Si vous avez une idée pour aller dans le sens défini par ce projet tout en intégrant mieux les autres profils de chercheurs pouvant être intéressés, n’hésitez surtout pas !
Merci à vous ! Je ne connaissais pas Oskar Negt mais je ne vais pas tarder à connaître Je comprends bien la remarque, et elle est d’autant plus intéressante qu’elle postule la possibilité pour l’Institut d’être une structure empirique effective fonctionnant à partir des volontés existantes. Or ce passage d’un ensemble de principes à la proposition effective reste à faire. C’est une étape difficile parce que dans le contexte actuel, nous avons envie de sentir jusqu’à quel point on a (encore) envie de partager des principes fermes, pas des “horizons”.
Alléchant. Néanmoins, quitte à viser une organisation libertaire, pourquoi s’arrêter en si bon chemin :
— le titre de docteur conféré par l’État n’est qu’un filtre, un garant de la reproduction des élites ; l’adopter comme critère pour les membres revient à replanter le germe de l’inégalité produite par l’université institutionnelle ;
— « nous sommes des fonctionnaires » ? tant mieux pour vous, mais ce n’est ni le cas ni le souhait de tous.
— pourquoi se parquer dans une « réserve » pour chercheurs confirmés, quant on peut adopter le principe de l’accès pour qui le souhaite à l’enseignement et à la recherche ? L’émancipation ne se réalise que par l’échange libéré du conventionnel et de l’institutionnel.
— la démocratie, même directe, peut toujours cacher une oligarchie : pourquoi le vote est-il réservé aux chercheurs, et retiré aux doctorants ? Une vieille manie sans doute … Avec tout mon intérêt.
Je vous réponds à titre personnel, et laisserai mes amis indisciplinés donner leur avis s’ils le souhaitent.
Je ne pense pas que nous envisagions d’être (ni de devenir) une organisation “libertaire”. Surtout si par “libertaire” on entend absence de règle, ce qui est trop souvent le cas, et ne correspond pas à ce que j’imagine d’un véritable esprit libertaire, qui est plutôt celui d’une élaboration continue et collective des règles de fonctionnement du collectif. Notre visée (du moins la mienne) est celle de la recherche et de l’enseignement, celle du savoir, qui est, ou devrait être, “autonome” plus que “libertaire”. En ce sens, ce sont plus les Lumières qui nous servent de fondement idéologique, moyennant quelques critiques (notamment en ce qui concerne le rapport à la nature).
Dans ce cas là, pourquoi faites vous une thèse à l’EPHE ?
Le titre de docteur n’est pas “que” un filtre, et encore moins un “garant de la reproduction des élites”. Bien au contraire. Il correspond, si on oublie un peu l’Etat qui le délivre (ou plutôt l’université… si on pouvait avoir un peu plus d’Etat et un peu moins de libéralisme suite à la LRU, on se porterait sans doute mieux.…), à un travail intellectuel signifiant que celui qui l’a accompli a réussi à dépasser, dans un secteur délimité du réel, ses propres préjugés. A se libérer de la tutelle du “donné”, des fausses évidences. Que ce soit l’Etat qui confère ce titre renvoie à l’histoire des sciences qui est inséparable d’une conception de l’Etat “providence” (cf. Bacon) comme garant d’une équité sur un territoire et de la perennisation des structures permettant à une pensée autonome et libérée des puissances de l’argent et de la religion de se déployer. Que l’Etat ait manqué à cette mission, qui est avant tout une utopie, est différent de la nature même de cette mission, qui me paraît toujours aussi respectable. Peut-être faudrait-il rappeler plus souvent que les institutions sont issues de la révolution et de l’énorme travail d’émancipation de la pensée produit dès le XVIIème siècle, et pas seulement un espace de coercision comme les années 60 à 70 se sont plues à le définir. Si vous voulez aller jusqu’au bout de votre critique, alors il faudrait rappeler que le titre de docteur était déjà délivré au moyen âge par les facultés de théologie, et non par l’Etat républicain.
Quant à la reproduction, je préfère celle des pairs s’organisant collectivement et en public à partir de règles explicites à celle de la jungle du marché et des certifications Microsoft, ou à la conception sarkozyste du droit du Prince implantée dans la LRU…
Certes, mais nous, nous le sommes, et n’en avons pas honte et pour le moment, depuis le lancement de cette idée d’institut, seuls d’horribles fonctionnaires ont montré leur intérêt actif et régulier. Donc, on construira avec qui sera là, pour nous-mêmes. Ensuite on partagera une proposition, en espérant qu’elle intéresse. Mais on peut bien entendu imaginer des solutions pour des membres non fonctionnaires.
J’assume la distinction entre chercheurs confirmés et chercheurs débutants. Elle est inhérente à l’idée même de savoir, c’est à dire de quelque chose qui dépend d’un déplacement intellectuel, d’un apprentissage, de la figure du “maître” (ou du guide, du conseiller, du tuteur, si vous préférez. D’ailleurs, même dans les communautés anar, il y a des anars confirmés, et des anars débutants, et les légitimités n’ont certainement pas disparu dans les milieux dits “anti-autoritaires” : elles se déplacent, mais ne disparaissent jamais…). Si on supprimait cette disctinction pour le savoir, on se trouverait vite au café du commerce, non ? L’obscurantisme libéral n’est fait que de ça : du refus de tenir compte de la différence de statut cognitif entre ceux qui tentent de dépasser leurs préjugés sur un domaine et de construire une pensée organisée à partir d’un travail valant “plus” que le fait de n’avoir rien fait ni rien soutenu publiquement dans un environnement de pairs, et d’autre part ceux qui prétendent que tout se vaut, que le savoir est à celui qui parle le plus fort ou qu’il ne doit pas être confié à des commnunautés qui s’y dédient corps et âme.
En fait, nous sommes des classiques, et moi je suis fondamentalement bachelardien : je pense que la vraie révolution, c’est d’être classique.
Ensuite, il y a des conditions pratiques : il ne s’agit pas de reconstituer l’université. Des vies entières d’indisciplinés n’y suffiraient pas ! Et encore une fois, si certains veulent s’impliquer dans l’enseignement ouvert à tous, parfait, mais pour le moment, nous ne sommes pas assez nombreux. Enfin, il existe déjà des universités populaires. Notre propos est plus situé en direction de l’enseignement doctoral. Mais bon, sans dogmatisme non plus !
Cordialement
J’oubliais votre dernière remarque :
Dans les labos, les doctorants ont le droit de vote (disons, dans les gros labos très structurés) : vous avez l’impression d’une bonne démocratie ? Rien à voir en ce qui me concerne avec des habitudes mandarinales : d’ailleurs, si nous n’avions que ce type d’habitude et d’enjeux, nous nous contenterions de nos carrières académiques… sans nous compliquer la vie avec un Institut Autonome ! Sinon, on aimerait bien que les doctorants vivent dans l’espace idéal du savoir sans avoir d’autres contraintes que l’élaboration d’une bonne thèse. Si on commence à distribuer des responsabilités administratives aux doctorants, alors on reconstitue l’université telle qu’elle est, je le crains. Mais je pense qu’il faut qu’on en discute, effectivement. Je pense que le fondement de cette idée, c’est qu’on ne veut pas re-créer l’université mais créer un espace spécifique dôté de règles spécifiques. Tiens, une métaphore : un café n’est pas une démocratie. Dans le sens où, quand on rentre dans un café, on discute avec des gens, on boit des coups, mais on ne vote pas pour changer la décoration du bar. Avec notre institut, c’est un peu la même chose : on veut d’abord réaliser la déco à notre goût avant de la mettre au vote…
Merci Nicolas pour ce commentaire, j’ai lu les réponses d’Igor et je réponds à mon tour. J’avais l’idée de l’Institut Autonome à un moment où je me demandais comment on pouvait maintenir l’institution (dans le sens volontariste qui a pris corps à la Révolution, mais qui est aussi le sens anthropologique) contre les établissements professionnellement gérés qui aujourd’hui l’ont absorbée. Pourquoi le besoin d’imaginer maintenir l’Institution ? parce que je ne vois rien de plus fort : les principes sont là, on n’a jamais réussi pour le moment à aller au bout de leur logique. Ça coïncidait avec l’envie d’Igor d’une sortie des cadres : la plupart des mouvements de contestation se font dans les cadres existant sur le monde “on n’est pas contre la nécessité de réformer mais il faut de la concertation”. D’où l’Institut : au fond, l’idée d’institution appartient à tous, mais ce n’est qu’en revenant à l’échelle de petits collectifs qu’on peut vraiment s’en emparer dans ce qu’elle a d’intéressant, et de toujours révolutionnaire. Je ne suis pas contre les “réserves” et les clôtures d’ailleurs : l’idéal de la fin des frontières, de l’ouverture totale, est un idéal de dominant. Mais par contre, il ne s’agit pas de s’enfermer entre chercheurs confirmés, mais de se créer un espace, entre individus qui ne sont pas liés par un “niveau” ou un statut mais tout autre chose, une vision commune la recherche et l’enseignement. En effet on est fonctionnaires et c’est ce qui a inspiré l’idée du fonctionnement de l’Institut. Maintenant si l’idée intéresse vraiment des personnes qui n’ont pas leur subvention mensuelle à redistribuer, alors il faut réfléchir.
PS (janvier 2015) : cette discussion ne se déroule évidemment pas entre moi, moi et moi ! Je ne comprends pas pourquoi, mais les noms des commentateurs (qui apparaissent parfois en signature) ont tous été remplacés par le logiciel par le mien lors d’une mise à jour du site. Désolé…
Oui ça faisait un peu surréaliste de prime abord, rire.
Mais après deux minutes on finissait par comprendre que sous votre signature c’était en réalité d’autres qui s’exprimaient.
Ouf ! Je n’ai pas compris ce qui s’est passé, mais si on comprend que je ne passe pas mon temps devant un miroir, ça me rassure Joëlle Le Marec aussi a vu son nom disparaître sous le mien, c’est dingue le révisionnisme historique de ce site !