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Crise du savoir et haine de la jeunesse : l’inquiétante démographie française


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Un même mou­ve­ment de réformes réac­tion­naires frappe l’ensemble des champs du savoir, de leur pro­duc­tion à leur trans­mis­sion, de l’Ecole à l’université. Ces réformes s’installent avec auto­ri­ta­risme et convergent dans la direc­tion d’une bureau­cra­ti­sa­tion des métiers du savoir, et de leur assu­jet­tis­se­ment aux pou­voirs éco­no­miques et politiques.

Ce mou­ve­ment régres­sif, du point de vue des plus élé­men­taires liber­tés démo­cra­tiques et d’une concep­tion huma­niste du savoir, s’installe dans la bru­ta­li­té. Il néces­site une ana­lyse glo­bale. Il ne s’agit en effet pas seule­ment de réformes réac­tion­naires, mais sans doute d’un chan­ge­ment socio­lo­gique impor­tant qu’on ne com­pren­drait qu’imparfaitement si on n’y voyait que la trace des idéo­lo­gies étroites de l’actuel gou­ver­ne­ment : il y a sans doute plus en jeu.

L’une des clés de lec­ture — non exclu­sive et cer­tai­ne­ment insuf­fi­sante — peut être trou­vée dans le chan­ge­ment de la démo­gra­phie fran­çaise. Je me conten­te­rai ici de signa­ler cette piste. Je ne vais pas faire dans la sub­ti­li­té uni­ver­si­taire : il n’y a rien de très sub­til à ana­ly­ser, et nous sommes confron­tés à une telle bru­ta­li­té et à des enjeux suf­fi­sam­ment vitaux pour qu’on laisse la rhé­to­rique molle de l’universitaire au pla­card, du moins pour cette fois.

En 1946, la part des 18–24 ans et celle des 65 ans et plus dans la popu­la­tion étaient à peu près équi­va­lentes (res­pec­ti­ve­ment 12,9 % et 12,5 %). En 2007, la part des seniors est presque deux fois plus impor­tante que celle des jeunes (res­pec­ti­ve­ment 18 % et 9,8 %). En chiffres abso­lus, les 65 ans et plus ont dépas­sé les 10 mil­lions. [[Mariette Sineau, Effets de genre, effets de géné­ra­tion ? Le vote hommes/femmes à l’élection pré­si­den­tielle 2007, Revue fran­çaise de science poli­tique, Vol 57, n° 3–4, juin-août 2007, p. 353–369.]]

Le retour aux “fon­da­men­taux” auto­ri­ta­ristes de l’avant 68 s’explique fina­le­ment assez bien quand on fait un lien entre le vieillis­se­ment de la popu­la­tion fran­çaise et la droi­ti­sa­tion de son opi­nion publique : Sar­ko­zy n’a pas été élu par la jeu­nesse et ne repré­sente aucu­ne­ment — les sta­tis­tiques et diverses études le prouvent — un élan de la jeu­nesse vers un ave­nir radieux. Non, comme cer­tains démo­graphes et poli­to­logues l’ont mon­tré, le vieillis­se­ment de la popu­la­tion fran­çaise (et plus géné­ra­le­ment celui de la popu­la­tion des régions indus­tria­li­sées de l’hémisphère nord : Europe, Cana­da, USA) porte le plus sou­vent des valeurs réac­tion­naires, xéno­phobes, et éga­le­ment hos­tiles au savoir. D’autres études sont dis­po­nibles, qui montrent de plus une cer­taine détes­ta­tion des jeunes. Ain­si, selon une enquête de l’IN­SEE por­tant sur la Per­cep­tion et le vécu des com­por­te­ments into­lé­rants (enquête “His­toire de vie”) [[http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/es393-394h.pdf ]] :

Les jeunes déclarent plus que le reste de la popu­la­tion avoir subi des atti­tudes néga­tives au cours de leur vie

La diver­si­té des motifs évo­qués par les per­sonnes  inter­ro­gées ren­voie direc­te­ment à leur propre diver­si­té et leurs carac­té­ris­tiques spé­ci­fi ques. Bien évi­dem­ment, les per­sonnes immi­grées ou d’origine immi­grée ont davan­tage  énon­cé des com­por­te­ments néga­tifs concer­nant leurs ori­gines et les per­sonnes han­di­ca­pées des  atti­tudes ren­voyant à leur han­di­cap ou leur état de san­té. De plus, cer­taines situa­tions peuvent  expo­ser davan­tage que d’autres aux com­por­te­ments  into­lé­rants, comme le fait d’avoir vécu  dans une cité et plus géné­ra­le­ment de vivre dans  une grande ville, par oppo­si­tion à ceux vivant  en milieu rural. Le fait le plus saillant est cepen­dant la régu­lière  et forte décrois­sance de la pro­por­tion de faits  énon­cés avec l’âge : de 49 % des per­sonnes  âgées de 18 à 24 ans à 13 % de celles ayant plus  de 70 ans.

Les aspects sta­tis­tiques de la démo­gra­phie coïn­cident donc avec le vécu quo­ti­dien, le res­sen­ti, des atti­tudes néga­tives : plus on est jeune, plus on se sent vic­time d’in­to­lé­rance, et plus on est âgé, plus on se sent à l’a­bri des juge­ments néga­tifs. Et sans doute plus on en énonce…

De toute manière, qui ne sent pas, dans son envi­ron­ne­ment de tra­vail ou de loi­sirs, cette haine mon­tante pour la jeu­nesse por­tée par la France Sar­ko­zyste ? Qui ne sent pas cette haine du savoir qui gagne tous les milieux sociaux ?

Pour se convaincre du lien entre vieillis­se­ment de la popu­la­tion, faible capi­tal cultu­rel et auto­ri­ta­risme (et pas seule­ment per­ce­voir cela intui­ti­ve­ment, mais pour pou­voir l’argumenter un tant soi peu ration­nel­le­ment, ce qui est autre chose…), et même s’il fau­drait appro­fon­dir et étayer ce type d’analyse, cha­cun peut lire l’article de Mariette Sineau (direc­trice de recherche au CNRS/CEVIPOF) dans la Revue fran­çaise de science poli­tique (Vol 57, n° 3–4, juin-août 2007, p. 353–369). L’article s’intitule “Effets de genre, effets de géné­ra­tion ? Le vote hommes/femmes à l’élection pré­si­den­tielle 2007”.

Les quelques extraits de cet article, que je cite plus bas pour faci­li­ter la lec­ture de ce texte, plus quelques don­nées grap­pillées ici ou là dans diverses études (voir par exemple le site de l’INSEE), plus ce qu’un cer­tain nombre d’entre nous sentent confu­sé­ment (ou clai­re­ment…), nous dressent un por­trait gla­çant de la France de 2008 : une France égoïste et détes­tant sa jeu­nesse, une France refu­sant de trans­mettre son héri­tage à ceux qui, d’une manière ou d’une autre, seront son ave­nir. Une France du pas­sé, réac­tion­naire, et sur­tout fort peu dotée cultu­rel­le­ment et sous diplô­mée. C’est cette France qui n’a réus­si ni à l’école, ni dans son appré­hen­sion de la culture, qui donne aujourd’hui la direc­tion à suivre aux ins­ti­tu­tions du savoir et de la culture, avec les dégâts que l’on sait. Cette France, c’est celle qui pense que l’homosexualité et le sui­cide sont “géné­tiques” : une France inculte, bête à bouf­fer du foin, vul­gaire, un conden­sé de bar­ba­rie en deve­nir. Qui ne sent pas confu­sé­ment le lien qui existe entre l’ambiance de la France de 2008 et l’ambiance de la France des années 38 à 40 ?

Bref : la France de 2008 se construit une Ecole d’avant guerre en tablant sur un modèle édu­ca­tif du pas­sé por­té par une idéo­lo­gie régres­sive, pater­na­liste et auto­ri­taire. Une France qui n’aime pas le savoir, et qui est main­te­nant prête à retom­ber dans la barbarie…

La déso­béis­sance civile sera le seul moyen de sor­tir par le haut de l’impasse dans laquelle nos anciens nous ont four­voyés. Ce n’est pas à gauche que nous trou­ve­rons le moindre sou­tien : la gauche fran­çaise est morte, entiè­re­ment livrée au mar­ke­ting poli­tique, au cynisme et au rela­ti­visme. Mais c’est dans les refus quo­ti­diens que cha­cun peut faire que l’on pour­ra inver­ser ce mou­ve­ment délé­tère et rebâ­tir en com­mun des prin­cipes et une éthique huma­niste, hors des par­tis politiques.

Appe­lons aus­si nos anciens, du moins ceux qui ont voté Sar­ko­zy, à prendre leurs res­pon­sa­bi­li­tés, et à ne pas oublier qu’ils dis­pa­raî­tront un jour et qu’il y a une jeu­nesse dans ce pays qui doit avoir un ave­nir : vieillir plus long­temps et dans de meilleures condi­tions n’est pas une rai­son suf­fi­sante pour sacri­fier l’avenir d’une nation au pro­fit d’un hédo­nisme égo­cen­trique. Rap­pe­lons-leur, par exemple, que ce que l’UMP détruit aujourd’hui c’est ce qui leur a per­mis, en géné­ral, de vivre mieux et plus long­temps que leurs propres parents : le ser­vice public.

Et espé­rons qu’il ne soit déjà trop tard pour lut­ter contre le retour de la bête…

Remarque : bien enten­du, mes pro­pos ne signi­fient abso­lu­ment pas que tout indi­vi­du de plus de 65 ans serait raciste et illet­tré. Il ne s’agit ici (en tout cas dans l’article cité qui va suivre, que de signi­fi­ca­tion STATISTIQUE).

Voi­ci les extraits promis :

Cita­tion (de Mariette Sineau) :

En 1946, la part des 18–24 ans et celle des 65 ans et plus dans la popu­la­tion étaient à peu près équi­va­lentes (res­pec­ti­ve­ment 12,9 % et 12,5 %). En 2007, la part des seniors est presque deux fois plus impor­tante que celle des jeunes (res­pec­ti­ve­ment 18 % et 9,8 %). En chiffres abso­lus, les 65 ans et plus ont dépas­sé les 10 millions.

Cita­tion (de Mariette Sineau) :

En tant que favo­ri des femmes âgées, le can­di­dat de l’UMP dis­pose d’une base élec­to­rale au pro­fil très typé, qui pré­sente des carac­tères anti­no­miques avec celle de Ségo­lène Royal. Il est ain­si le lea­der pré­fé­ré des femmes mariées (37 %) et plus encore des veuves (40 %), arri­vant loin devant les trois autres can­di­dats. Il trouve aus­si un meilleur écho par­mi les élec­trices pauvres en dot sco­laire, consé­quence logique de ce que, chez les seniors, les femmes sont défi­ci­taires en diplôme. Nico­las Sar­ko­zy concentre ain­si sur son nom plus du tiers des voix des femmes qui n’ont, au mieux, pour titre sco­laire que le seul cer­ti­fi­cat d’études pri­maires (+ 11 points par rap­port aux hommes), contre seule­ment 24 % pour Ségo­lène Royal, 15 % pour Fran­çois Bay­rou et 10 % chez Jean-Marie Le Pen. La prise en compte de l’articulation entre le genre et la pro­fes­sion de la per­sonne inter­ro­gée, l’appréhension de son sta­tut ou encore de sa vul­né­ra­bi­li­té face au chô­mage per­mettent de poin­ter d’autres « dif­fé­rends » élec­to­raux (tableau 3). Quand on décrit la base socio­lo­gique du can­di­dat de l’UMP, il vaut d’abord de sou­li­gner que Nico­las Sar­ko­zy est le can­di­dat « natu­rel » des femmes inac­tives, qu’elles soient femmes au foyer ou retrai­tées. Ain­si, 38 % des pre­mières ont l’intention de voter pour lui comme 39 % des secondes (+ 5 points par rap­port aux hommes), alors que Ségo­lène Royal ne pola­rise que 28 % d’audience auprès des femmes au foyer et 23 % auprès des retraitées.

Cita­tion (de Mariette Sineau) :

Si on s’attache, main­te­nant, à dres­ser le por­trait idéo­lo­gique et cultu­rel des élec­to­rats (tableau 5), on observe que le genre est por­teur de diver­gences signi­fi­ca­tives, en lien plus ou moins direct avec les cli­vages socio­lo­giques et poli­tiques pré­cé­dem­ment énon­cés. Ain­si, Nico­las Sar­ko­zy, parce qu’il est sou­te­nu par les femmes âgées et même très âgées, attire tout natu­rel­le­ment les géné­ra­tions socia­li­sées par les normes catho­liques les plus strictes : plus de la moi­tié des pra­ti­quantes lui accordent leur suf­frage (+ 10 points par rap­port aux hommes). D’ailleurs, 39 % des catho­liques non pra­ti­quantes le sou­tiennent aus­si, contre 17 % seule­ment des élec­trices se décla­rant sans reli­gion (qui, elles, ral­lient Ségo­lène Royal à près d’un tiers). Paral­lè­le­ment, le can­di­dat de l’UMP exerce sa force d’attraction chez les femmes dont les valeurs les rat­tachent à un uni­vers de droite, voire d’extrême droite, tant en matière de fémi­nisme que de libé­ra­lisme cultu­rel et éco­no­mique, d’autoritarisme et d’ouverture aux autres. Ain­si, le porte-dra­peau de l’UMP ras­semble les voix de 45 % des élec­trices qui désap­prouvent l’idée que « les choses iraient mieux en France si les femmes étaient plus nom­breuses au Par­le­ment » (+ 11 points par rap­port aux hommes), comme 39 % de celles qui sont en désac­cord avec l’idée que « les couples homo­sexuels devraient avoir le droit d’adopter des enfants » (+ 7 points). Expriment aus­si un net pen­chant pour Nico­las Sar­ko­zy (39 %) toutes celles qui, ayant une vision pas­séiste du rôle des femmes, les enferment dans leur rôle de pro­créa­trices (39 %). De même, ce can­di­dat fait une très bonne audience, de l’ordre de 40 % ou davan­tage, chez celles qui, libé­rales au plan éco­no­mique, pensent que « les chô­meurs pour­raient trou­ver du tra­vail s’ils le vou­laient vrai­ment », ou adhèrent à l’idée qu’il faut don­ner « la prio­ri­té à la com­pé­ti­ti­vi­té de l’économie fran­çaise sur l’amélioration de la situa­tion des sala­riés ». Enfin, Nico­las Sar­ko­zy fait aus­si ses meilleurs scores chez les élec­trices mar­quées du sceau de l’autoritarisme, qui sou­hai­te­raient le réta­blis­se­ment de la peine de mort (39 % de vote en sa faveur), chez celles que taraude la pré­oc­cu­pa­tion de l’immigration (40 %), l’augmentation de la délin­quance (34 %), ou encore chez celles, empruntes de fri­lo­si­té, qui vou­draient que « la France se pro­tège davan­tage du monde d’aujourd’hui » (36 %).

Cita­tion (de Mariette Sineau) :

En terme d’adhésion à l’univers des valeurs, on note­ra une inver­sion constante selon le genre au sein des deux élec­to­rats lepe­niste et sar­ko­zien : dans celui de Jean-Marie Le Pen, ce sont les hommes qui se donnent à voir comme les plus droi­tiers sur toutes les dimen­sions évo­quées, alors que dans l’électorat de Nico­las Sar­ko­zy, ce sont les femmes qui adhèrent le plus volon­tiers aux valeurs de la droite la plus conser­va­trice, sinon la plus tra­di­tio­na­liste. Ce résul­tat ren­voie là encore à la struc­ture par âge et par genre des deux clien­tèles élec­to­rales : alors que le can­di­dat de l’extrême droite est délais­sé par les « anciennes », le can­di­dat de l’UMP fait flo­rès chez elles. Si on ana­lyse le suc­cès de Nico­las Sar­ko­zy comme la vic­toire du can­di­dat qui s’est récla­mé « sans com­plexe » des valeurs de droite, alors on peut dire que sa stra­té­gie a tou­ché les femmes au cœur. Dans le même temps, il a su aus­si incar­ner, auprès d’elles, le retour du poli­tique et de la confiance dans cette élec­tion reine de la Cin­quième Répu­blique. Plus de 40 % des élec­trices sar­ko­ziennes croient que « les résul­tats de la pré­si­den­tielle per­met­tront d’améliorer les choses en France » (+ 4 points par rap­port aux hommes), contre un peu plus du quart des élec­teurs de Ségo­lène Royal, qu’ils soient hommes ou femmes. Last but not least, ce sont près des trois quarts des élec­trices de Nico­las Sar­ko­zy qui se disent confiantes dans la droite pour gou­ver­ner (+ 7 points par rap­port aux hommes). Dans le camp d’en face, les élec­teurs et les élec­trices de Ségo­lène Royal ne sont que deux tiers à faire confiance à leur propre camp, la gauche, pour gou­ver­ner. Le vote d’adhésion que Nico­las Sar­ko­zy a su déclen­cher, en incar­nant, pour l’instant, une sorte d’idéal de l’action poli­tique, a trou­vé un écho encore plus grand, on le voit, auprès des électrices.

Cita­tion (de Mariette Sineau) :

Les don­nées de l’enquête pré-élec­to­rale PEF 2007 mettent au jour un effet genre et un effet géné­ra­tion qui se ren­forcent et se cumulent l’un l’autre dans les urnes. Plus on vieillit, plus on vote à droite ; plus on appar­tient à des géné­ra­tions âgées (qui n’ont pas été socia­li­sées aux valeurs soixante-hui­tardes et post-maté­ria­listes), plus fortes sont les pro­ba­bi­li­tés que l’on adhère à des valeurs tra­di­tion­nelles, aux anti­podes de la moder­ni­té, du fémi­nisme et de l’ouverture aux autres. Ce constat a pesé à l’évidence de façon déci­sive sur l’issue finale du scru­tin. On a vou­lu faire de Nico­las Sar­ko­zy le sym­bole de l’arrivée aux affaires d’une nou­velle géné­ra­tion tour­née vers la France du 21e siècle. Le fait est indé­niable, mais on peut remar­quer paral­lè­le­ment que, dans un élec­to­rat vieillis­sant – au sein duquel le poids numé­rique des seniors est double de celui des juniors –, le pré­ten­dant de l’UMP n’est pas le can­di­dat des jeunes, qui sont l’avenir de la socié­té et de l’économie, mais bien plu­tôt le lea­der pré­fé­ré des vieux et sur­tout, comme nous avons ten­té de le mon­trer, des vieilles femmes [19]. Bien qu’il ait fait cam­pagne en réha­bi­li­tant la valeur tra­vail, Nico­las Sar­ko­zy doit son suc­cès aux élec­teurs et sur­tout aux élec­trices qui sont, depuis long­temps, retiré(e)s du mar­ché du tra­vail. Or, les ren­tiers et ren­tières, aux­quelles s’ajoutent les femmes au foyer, ne repré­sentent pas la frac­tion du corps élec­to­ral la plus emblé­ma­tique du désir de renou­veau et de chan­ge­ment social. Cer­tains font le pari que, dans quelques années, quand les baby boo­mers seront par­ve­nus mas­si­ve­ment à l’âge de la retraite, alors la gauche pour­ra être por­tée au pou­voir par la conjonc­tion entre le vote des jeunes et celui des per­sonnes âgées (des deux sexes), qui, alors, conti­nue­ront à sou­te­nir les idées de gauche des géné­ra­tions ayant vécu Mai 68 et le fémi­nisme. Le vieillis­se­ment ne sera plus, pour les ana­lystes, syno­nyme de conser­va­tisme [20]. L’appartenance aux géné­ra­tions âgées – qui, à l’avenir, seront beau­coup plus titrées sco­lai­re­ment – n’ira pas for­cé­ment de pair avec l’adhésion à un sys­tème de valeurs traditionnel.

Igor Babou
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Une réponse “Crise du savoir et haine de la jeunesse : l’inquiétante démographie française”

  1. Philippe Hert
    14 mars 2009 à 10 h 52 min

    Pour sou­li­gner l’ac­tua­li­té du pro­pos sur les posi­tions anti-jeunes de l’exe­cu­tif Fran­çais, je vous ren­voie à trois exemples récents où des jeunes (col­lé­giens notam­ment) ont été direc­te­ment agres­sés alors qu’ils n’ont com­mis abso­lu­ment aucun tort :

    - en novembre der­nier, les gen­darmes débarquent dans un col­lège du Gers pour des fouilles au corps :
    http://www.rue89.com/2008/12/01/drogues-faut-il-envoyer-la-police-dans-les-colleges

    - le 5 mars 2009, gare Mont­par­nasse, des col­lé­giens frap­pés par des CRS. On en voit un petit bout sur une vidéo :
    http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/522673/mil/4256379.html

    - dans la nuit du 7 au 8 mars, une soi­rée-ren­contre à Tours orga­ni­sée à par­tir de Face­book reçoit une charge de CRS :
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/03/09/une-soiree-organisee-sur-facebook-degenere_1165270_3224.html

    Je me demande s’il fait bon être jeune dans ce pays par les temps qui courent. On est pas loin d’être sus­pect juste parce qu’on est jeune. C’est encore une manière de divi­ser pour régner.

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