Le gouvernement par la peur … et la peur du Gouvernement
Ecrit par Jean-Paul Bourgès, 28 Jan 2016, 2 commentaires
La peur est la plus mauvaise conseillère qui soit, surtout en matière de gouvernement. Ce sont toujours les Gouvernements les plus faibles, ceux qui ne savent où ils vont, ceux qui ont le plus faible appui dans l’opinion … qui cherchent à faire naître ou cultivent la peur dont ils escomptent un sursaut de mobilisation autour d’eux.
Ceci est vieux comme la politique.
L’essentiel pour les dirigeants c’est de choisir le sujet qui créera la plus grande peur tout en ayant la possibilité d’apparaître comme le meilleur rempart contre ce danger.
Pour apparaître comme celui qui va pouvoir épargner son peuple, il n’est nul besoin, voire même plutôt déconseillé, de faire référence à un danger objectif bien identifié.
Les « meilleures peurs » reposent sur une large part de mystère et d’irrationnel. Dans ce registre « les peurs de l’an mil » furent un sommet, que certains tentèrent de relancer avec l’année deux-mille … mais sans grand succès.
Suggérer que des individus étranges soient les vecteurs de l’arrivée du malheur, facilite grandement la tâche de ceux qui gouvernent par la peur. On eut les sorcières au Moyen-Age, que l’on faisait volontiers rôtir en place publique … et ces « sorcières » n’étaient souvent que des personnes un peu marginales ayant une connaissance approfondie des profits que l’on pouvait tirer de l’usage de diverses plantes … éventuellement agrémentées de poudre de crapauds desséchés et de quelques paroles abracadabrantesques. On eut aussi, à une échelle tellement dramatique, la désignation des Juifs comme les fautifs des difficultés des Allemands après 1918, jusqu’à l’élaboration et la mise en œuvre de « la solution finale ».
Depuis quelques années, nous sommes, en France, dans un contexte de mise en évidence de grandes peurs mobilisatrices autour du pouvoir … ce qui évite de parler, de façon raisonnable, des problèmes que nous avons à résoudre.
Une épidémie de grippe fut, il y a quelques années, le sujet qui mobilisa les esprits à l’époque où Roselyne BACHELOT fit remplir à ras bord les stocks de vaccin, après la fin de la vague de grippe … mais, au cours de l’hiver 2009–2010, au moins on ne parla que de cela !
Sans diminuer le caractère odieux des attentats de janvier et novembre 2015, qui ne voit qu’ils ont été le moyen pour le gouvernement de neutraliser l’opposition et, en proclamant l’état d’urgence, de se poser en protecteur de la population … alors que la réalité est celle d’une totale impuissance face à un ennemi insaisissable ?
Le « gouvernement par la peur » est donc l’une des recettes politiques parmi les plus basiques et qui ne s’use que si l’on ne s’en sert pas.
L’ennui c’est qu’à ne s’attaquer qu’à des problèmes insaisissables, un Gouvernement finit par s’intoxiquer lui-même en se prenant dans les filets qu’il a tendus autour de ses adversaires. Il finit par s’auto-persuader que le danger principal est là où il l’a désigné … et son action se détourne de ce qui devrait le mobiliser. Ainsi actuellement le chômage et la crise de notre système éducatif ont cédé la priorité au renforcement des forces de police … qui doivent bien faire rire Daesh.
Le Gouvernement est englué dans les peurs qu’il a cultivées … et la girouette tourne en nous faisant apparaître que, désormais ce sont les Français qui ont peur de ce Gouvernement, auquel ils n’accordent strictement aucune confiance !
Jean-Paul BOURGЀS 28 janvier 2016
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Ravi de vous retrouver, Jean-Paul, je suis enfin arrivé à me connecter sur ce site — une sombre histoire d’écriture non conforme, comme d’habitude…
Je suis content, également, de ce nouveau renfort !
A bientôt.