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Le gouvernement par la peur … et la peur du Gouvernement


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La peur est la plus mau­vaise conseillère qui soit, sur­tout en matière de gou­ver­ne­ment. Ce sont tou­jours les Gou­ver­ne­ments les plus faibles, ceux qui ne savent où ils vont, ceux qui ont le plus faible appui dans l’opinion … qui cherchent à faire naître ou cultivent la peur dont ils escomptent un sur­saut de mobi­li­sa­tion autour d’eux.
Ceci est vieux comme la politique.

L’essentiel pour les diri­geants c’est de choi­sir le sujet qui crée­ra la plus grande peur tout en ayant la pos­si­bi­li­té d’apparaître comme le meilleur rem­part contre ce danger.

Pour appa­raître comme celui qui va pou­voir épar­gner son peuple, il n’est nul besoin, voire même plu­tôt décon­seillé, de faire réfé­rence à un dan­ger objec­tif bien identifié.

Les « meilleures peurs » reposent sur une large part de mys­tère et d’irrationnel. Dans ce registre « les peurs de l’an mil » furent un som­met, que cer­tains ten­tèrent de relan­cer avec l’année deux-mille … mais sans grand succès.

Sug­gé­rer que des indi­vi­dus étranges soient les vec­teurs de l’arrivée du mal­heur, faci­lite gran­de­ment la tâche de ceux qui gou­vernent par la peur. On eut les sor­cières au Moyen-Age, que l’on fai­sait volon­tiers rôtir en place publique … et ces « sor­cières » n’étaient sou­vent que des per­sonnes un peu mar­gi­nales ayant une connais­sance appro­fon­die des pro­fits que l’on pou­vait tirer de l’usage de diverses plantes … éven­tuel­le­ment agré­men­tées de poudre de cra­pauds des­sé­chés et de quelques paroles abra­ca­da­bran­tesques. On eut aus­si, à une échelle tel­le­ment dra­ma­tique, la dési­gna­tion des Juifs comme les fau­tifs des dif­fi­cul­tés des Alle­mands après 1918, jusqu’à l’élaboration et la mise en œuvre de « la solu­tion finale ».

Depuis quelques années, nous sommes, en France, dans un contexte de mise en évi­dence de grandes peurs mobi­li­sa­trices autour du pou­voir … ce qui évite de par­ler, de façon rai­son­nable, des pro­blèmes que nous avons à résoudre.

Une épi­dé­mie de grippe fut, il y a quelques années, le sujet qui mobi­li­sa les esprits à l’époque où Rose­lyne BACHELOT fit rem­plir à ras bord les stocks de vac­cin, après la fin de la vague de grippe … mais, au cours de l’hiver 2009–2010, au moins on ne par­la que de cela !

Sans dimi­nuer le carac­tère odieux des atten­tats de jan­vier et novembre 2015, qui ne voit qu’ils ont été le moyen pour le gou­ver­ne­ment de neu­tra­li­ser l’opposition et, en pro­cla­mant l’état d’urgence, de se poser en pro­tec­teur de la popu­la­tion … alors que la réa­li­té est celle d’une totale impuis­sance face à un enne­mi insaisissable ?

Le « gou­ver­ne­ment par la peur » est donc l’une des recettes poli­tiques par­mi les plus basiques et qui ne s’use que si l’on ne s’en sert pas.

L’ennui c’est qu’à ne s’attaquer qu’à des pro­blèmes insai­sis­sables, un Gou­ver­ne­ment finit par s’intoxiquer lui-même en se pre­nant dans les filets qu’il a ten­dus autour de ses adver­saires. Il finit par s’auto-persuader que le dan­ger prin­ci­pal est là où il l’a dési­gné … et son action se détourne de ce qui devrait le mobi­li­ser. Ain­si actuel­le­ment le chô­mage et la crise de notre sys­tème édu­ca­tif ont cédé la prio­ri­té au ren­for­ce­ment des forces de police … qui doivent bien faire rire Daesh.

Le Gou­ver­ne­ment est englué dans les peurs qu’il a culti­vées … et la girouette tourne en nous fai­sant appa­raître que, désor­mais ce sont les Fran­çais qui ont peur de ce Gou­ver­ne­ment, auquel ils n’accordent stric­te­ment aucune confiance !

Jean-Paul BOURGЀS 28 jan­vier 2016

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2 réponses “Le gouvernement par la peur … et la peur du Gouvernement”

  1. 29 janvier 2016 à 2 h 21 min

    Ravi de vous retrou­ver, Jean-Paul, je suis enfin arri­vé à me connec­ter sur ce site — une sombre his­toire d’é­cri­ture non conforme, comme d’habitude…

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