Solutions « politiquement sensibles »
Ecrit par Jean-Paul Bourgès, 25 Jan 2016, 4 commentaires
Oh !, que c’est joliment dit ! Ce que notre époque laissera aux générations futures, ce ne sont pas surtout des innovations technologiques, des découvertes scientifiques repoussant bien plus loin le mur de l’ignorance, dans la structure de la matière, dans la compréhension de la biologie, ou dans l’exploration de l’univers nous permettant de comprendre où, quand et comment le monde se créa … non l’essentiel de ce qui restera proviendra du discours économique et politique.
L’un des plus hauts-lieux où ce nouveau discours se sera construit, au point qui mériterait que l’on parle désormais de « l’ère davosienne », est une station de montagne suisse, Davos !
Le phénomène politique le plus important de notre époque c’est le retour du boomerang que les pays les plus avancés sur le plan économique ont lancé en direction des pays d’Afrique, du Proche-Orient, d’Asie en y semant la guerre, en y soutenant des régimes odieux dont nous ne voudrions pas pour nous, en exploitant à outrance leurs ressources naturelles payées aux prix les plus bas possibles.
Ce retour du boomerang, c’est l’arrivée, par des trajets semeurs de morts d’hommes de femmes et d’enfants, d’un nombre de plus en plus élevé de migrants économiques et de réfugiés fuyant l’horreur à une échelle bien pire que ce qui nous émut tant chez nous en 2005.
Mais les économistes ont, devant l’arrivée de ces personnes que nous devrions accueillir puisqu’elles ne sont à nos portes que du fait de nos agissements, une réaction que l’on peut qualifier de rationnelle.
Venant de pays où, lorsqu’on gagne cent euros par mois, on est déjà presque riche, il est évident que nos entreprises pourraient ainsi disposer d’une main d’œuvre prête à travailler dans des conditions qui étaient celles des ouvriers à l’époque décrite par Emile ZOLA.
Ça n’est pas bien compliqué : il suffit de faire sauter une centaine d’années de conquêtes sociales. Salaire minimum, durée légale du travail, congés hebdomadaires et annuels, protection sociale sont des obstacles à une saine concurrence avec les pays qui ne sont pas « paralysés » par ces lubies d’un autre âge.
Ecoutons Christine LAGARDE, qui, à Davos, se réjouit de l’arrivée de nombreux miséreux prêts à travailler pour presque rien et prône de les faire travailler sans tenir compte des normes sociales.
Au fond des galeries de nos mines de charbon, n’y aurait-il pas encore de beaux restes à gratter … à condition d’y employer les gamins qui ne se seront pas noyés avant d’atteindre les rivages européens ?
Le seul frein c’est ce qu’un participant au forum de Davos appela, avec cette inventivité sémantique que je saluais plus haut : « des solutions économiques politiquement sensibles ».
Ames sensibles s’abstenir, ça n’est pas l’appât du gain qui conduit ces belles âmes à vouloir ce retour au XIXème siècle … c’est uniquement pour aider les malheureux qui frappent à nos portes en leur fournissant du travail.
Jean-Paul BOURGЀS 25 janvier 2015
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On ne peut quand même pas leur reprocher une certaine cohérence dans l’ignominie. Notre société est un immense camp de travail qui produit de l’enrichissement pour les dominants. Il y a du déchet, comme dans toute production, mais il faut savoir ce qu’on veut. Surtout qu’il y a des aspects positifs : les camps nazis avaient leurs orchestres et leur troupes de théâtre. Jusqu’ici, tout va bien.
Larbi, ton réalisme m’éblouit toujours !
Pour notre malheur, le retour du boomerang ne se fait pas sur la tronche de ceux qui l’ont lancé, mais sur la tête de ceux qui sont au-dessous et n’ont rien lancé, et n’ont rien pour se protéger du retour, à la différence des lanceurs protégés par leurs services de sécurité, leurs quartiers réservés, jamais la jungle de Calais ne migrera Villa Montmorency.
On peut même penser que ce retour sert les lanceurs, qui accroîtront leurs procédés oppressifs, voir ce que je deviennent nos libertés.
Très juste.