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Se prendrait-il pour César ?


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A une écra­sante majo­ri­té de qua­torze sur seize, les membres socia­listes de la Com­mis­sion des Lois de l’Assemblée Natio­nale, en pré­sence de Jean-Pierre SUEUR, séna­teur socia­liste du Loi­ret et res­pon­sable de la Com­mis­sion des Lois du Sénat, se sont pro­non­cés contre la déchéance de natio­na­li­té pour les ter­ro­ristes binationaux.
La mon­tée du front du refus pro­gresse donc contre cette absur­di­té que Fran­çois HOLLANDE fus­ti­geait lorsque c’était Nico­las SARKOZY qui la pro­po­sait. Paral­lè­le­ment on peut noter que l’approbation popu­laire mas­sive, que les pre­miers son­dages nous avaient fait connaître, est en train de s’effriter puisque les 92 % de favo­rables en fin novembre, ne sont déjà plus que 75 % ces der­niers jours. On voit bien qu’ayant d’abord enten­du la ques­tion sous la forme « Vou­lez vous chas­ser les ter­ro­ristes ? », les son­dés com­mencent à com­prendre que, pour sanc­tion­ner sym­bo­li­que­ment des indi­vi­dus qui se seraient fait explo­ser, on leur deman­dait de divi­ser les Fran­çais en deux caté­go­ries « les Fran­çais défi­ni­tifs » et « les Fran­çais défi­ni­ti­ve­ment à l’essai ». Cette évo­lu­tion est encou­ra­geante quant à la matu­ri­té poli­tique des Fran­çais qui, lorsqu’ils quittent le ter­rain de l’immédiate émo­tion, se rap­pellent les prin­cipes fon­da­men­taux qui com­prennent une totale éga­li­té de trai­te­ment entre tous les Fran­çais … sans exception.
Lorsqu’il aura des­saou­lé de ses com­mé­mo­ra­tions qui nous filent une indi­ges­tion, le Pré­sident de la Répu­blique com­pren­dra-t-il, enfin, que l’on ne peut pas jouer avec les valeurs fon­da­men­tales, juste pour faire un coup poli­tique consis­tant à faire approu­ver sa virile parole par la droite et l’extrême-droite lors d’une révi­sion consti­tu­tion­nelle devant le Congrès ?
On peut en dou­ter tant son écoute des Fran­çais est deve­nue insi­gni­fiante. Avant son élec­tion en 2012, pour amé­lio­rer son look, il avait sui­vi le régime de Pierre DUKAN. Exis­te­rait-il un spé­cia­liste capable de lui faire aban­don­ner cette enflure du carac­tère qui le rend sourd et aveugle ?
Il se trouve que nous sommes le 11 jan­vier. Et c’est le 11 jan­vier de l’an 49 avant notre ère, que Jules CÉSAR osa fran­chir le Rubi­con pour mar­cher sur Rome et s’y empa­rer du pouvoir.
Fran­çois HOLLANDE se croit-il capable de bra­ver l’opinion de tous ceux qui tiennent plus aux prin­cipes de notre Répu­blique qu’à ses petites magouilles apprises à l’époque où il uti­li­sait chaque cou­rant du PS pour neu­tra­li­ser les autres et asseoir son pouvoir ?
La France ne se réduit pas à la rue de Solférino.
S’il pour­suit son pro­jet en fran­chis­sant ce Rubi­con sym­bo­lique, un Bru­tus tapi dans l’ombre sau­ra mettre un terme à cette paro­die de césarisme.
Jean-Paul BOURGЀS 11 jan­vier 2016

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13 réponses “Se prendrait-il pour César ?”

  1. Al Ceste
    11 janvier 2016 à 13 h 24 min

    Mer­ci, Jean-Pierre BRUTUS !

    (Cata­clop cataclop)

  2. Avatar photo 11 janvier 2016 à 13 h 28 min

    Les son­dages ne nous informent pas sur l’o­pi­nion d’une popu­la­tion, mais sur l’i­déo­lo­gie des son­deurs et de leurs com­man­di­taires. Les ques­tions des son­dages média­tiques contiennent géné­ra­le­ment la réponse dans la ques­tion : c’est tout ce qu’on apprend à évi­ter à nos étudiants…

    • 11 janvier 2016 à 13 h 50 min

      C’est exact … mais alors ça signi­fie au moins que les ques­tions évo­luent … ce qui est déjà ça.

      • Avatar photo 11 janvier 2016 à 14 h 32 min

        Ou que l’ac­ti­vi­té com­mer­ciale des entre­prises et ins­ti­tuts de son­dage se diver­si­fie en fonc­tion de la demande poli­ti­cienne et média­tique. Donc tout cela ne signi­fie rien du tout, du point de vue d’une socio­lo­gie de l’o­pi­nion publique.

        • Avatar photo 11 janvier 2016 à 14 h 54 min

          Tiens, juste un exemple —  assez cari­ca­tu­ral–  de son­dage bidon mais lar­ge­ment dif­fu­sé : http://www.bfmtv.com/societe/les-francais-majoritairement-opposes-a-l-accueil-de-migrants-et-refugies-911705.html

          Pre­nons la ques­tion du son­dage : “Face à l’af­flux de réfu­giés en pro­ve­nance de Syrie qui arrivent chaque jour en Europe et aux portes de l’U­nion euro­péenne (UE), la France doit-elle accueillir une part de ces migrants sur son ter­ri­toire ?”. La ques­tion induit la réponse de manière évident : s’il y a afflux de réfu­giés, et qu’ils arrivent chaque jour, tous ces sales syriens, ben évi­dem­ment que le son­dé va se voir assié­gé dans son salon et va répondre “non, ça va comme ça, on ferme les fron­tières !”. Si on avait for­mu­lé la ques­tion sous la forme “Face aux mas­sacres per­pé­trés par le pou­voir syrien à l’en­contre des enfants et des popu­la­tions civiles, la France doit elle refu­ser de faire preuve de géné­ro­si­té alors qu’elle en a les moyens et qu’elle est le pays qui accueille le moins de migrants de toute la com­mu­nau­té euro­péenne ?”, le son­dage n’au­rait pas eu plus de signi­fi­ca­tion, et n’au­rait pas été moins cari­ca­tu­ral, mais aurait induit la réponse inverse. Notez que dans la ques­tion qui a été posée, aucune don­née chif­frée n’a été four­nie (ni sur le nombre de migrants, ni sur la “part” que la France pour­rait accueillir, ni sur les moda­li­tés de cet accueil qui pour­raient ne pas être défi­ni­tives) : on demande aux son­dés de se pro­non­cer non seule­ment sur une ques­tion biai­sée, mais de plus sur une ques­tion vague.

          J’ai pris un exemple cari­ca­tu­ral, com­man­di­té par un média popu­liste, mais pre­nez Le Monde, sup­po­sé être le quo­ti­dien de réfé­rence (arf ! Ne nous moquons pas !) : http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2015/10/27/la-france-plus-frileuse-que-ses-voisins-vis-a-vis-de-l-accueil-des-migrants_4797810_1654200.html

          Les son­dages pré­sen­tés sont tout aus­si vagues dans la for­mu­la­tion des ques­tions : « notre pays compte déjà beau­coup d’étrangers ou de per­sonnes d’origine étran­gère et accueillir des immi­grés sup­plé­men­taires n’est pas pos­sible ».

          Enfin, la tech­nique même du son­dage est bidon : le prin­cipe du ques­tion­naire, d’un point de vue scien­ti­fique, ne signi­fie pas grand chose, même quand les ques­tions sont pré­cises. Pour qu’une ques­tion de ques­tion­naire ait un sens scien­ti­fique, encore faut-il que le ques­tion­naire ait été pré­cé­dé d’une enquête qua­li­ta­tive per­met­tant de pré­ci­ser le lexique du son­dé, ses caté­go­ries d’a­na­lyse, etc. Ensuite, une fois qu’on a com­pris com­ment rai­sonne un ensemble de per­sonne et com­ment elles caté­go­risent le thème qui inté­resse le socio­logue, on peut, si besoin, mettre en place un ques­tion­naire qui va étendre le domaine de vali­di­té de l’en­quête au plan quan­ti­ta­tif. Mais balan­cer du ques­tion­naire, en ligne ou par télé­phone, cela n’a aucune signi­fi­ca­tion socio­lo­gique. C’est juste une acti­vi­té de pro­pa­gande poli­ti­cienne et média­tique, qui per­met à des socié­tés pri­vées de se rému­né­rer et aux médias de vendre de la page impri­mée ou du temps de cer­veau disponible.

          • 11 janvier 2016 à 15 h 20 min

            Expli­qué comme ça, c’est trans­pa­rent. Si un jour je suis son­dée pour don­ner mon avis sur les son­dages, je sau­rai quoi répondre… C’est vrai qu’on ne se pré­oc­cupe abso­lu­ment pas du niveau de com­pré­hen­sion de la per­sonne inter­ro­gée, et que de toute façon on induit une réponse par la for­mu­la­tion de la question.

            On pour­rait aus­si faire des entre­tiens qua­li­ta­tifs? … mais ce n’est plus le même ren­de­ment ni les mêmes moyens et ça n’est plus dans l’in­té­rêt des com­man­di­taires qui n’ont appa­rem­ment pas besoin de l’a­vis des gens, mais bien plus de dire qu’ils se pré­oc­cupent de l’a­vis des gens. Nuance.

            • Avatar photo 11 janvier 2016 à 15 h 39 min

              Quand je suis sur un “ter­rain” eth­no­gra­phique pour mon tra­vail, je ne réa­lise que des entre­tiens qua­li­ta­tifs. Pour des rai­sons de choix épis­té­mo­lo­gique : comme d’autres (comme Pas­se­ron), je crois que, fon­da­men­ta­le­ment, il n’y a que des situa­tions sin­gu­lières dans la socié­té, et non des “lois” ou des “règles” socio­lo­giques qui per­met­traient la réité­ra­tion d’ob­ser­va­tions “toutes choses res­tant égales par ailleurs”. Sauf que rien ne reste jamais égal quand on réitère une ques­tion ou une obser­va­tion dans une socié­té don­née. Mais il fau­drait ren­trer dans le détail de ces ques­tions, et ça pren­drait des heures pour pré­ci­ser tout cela. Le quan­ti, j’en avais avait fait dans ma thèse, et à d’autres occa­sions aus­si : ça peut aider à don­ner de la nuance, une fois qu’on a mis en place une pro­blé­ma­tique sérieuse. Mais ça n’a pas d’in­té­rêt scien­ti­fique en soi, en dehors d’une démarche bali­sée, éla­bo­rée sur du long terme, et très pro­blé­ma­ti­sée au niveau des ques­tions. Là où ça apporte des choses, c’est quand des enquêtes par ques­tion­naires sont réité­rées à inter­valles régu­liers, par des socio­logues de métier, qui maî­trisent les concepts et les méthodes, et qui ne se bercent pas d’illu­sions posi­ti­vistes. Je pense aux célèbres enquêtes sur les pra­tiques cultu­relles de Fran­çais, d’O­li­vier Don­nat (le minis­tère ayant récem­ment aban­don­né le quan­ti, c’est un signe d’é­vo­lu­tion), ou à celles de Daniel Boy, qui réitère depuis les années 1970 des enquêtes sur les opi­nions des Fran­çais à l’é­gard des sciences et des tech­no­lo­gies. Là, c’est du sérieux. Mais les son­dages… sans réflexi­vi­té ni maî­trise ser­rée des limites des méthodes, on fait juste du glou­bi­boul­ga pour jour­na­liste ou poli­ti­cien paresseux !

              • 11 janvier 2016 à 20 h 01 min

                Mer­ci à Igor de cette démons­tra­tion implacable.

                Dans le cas que j’ai évo­qué il serait inté­res­sant de savoir si les ques­tions posées fin novembre et début jan­vier étaient les mêmes. Il est cer­tain, en effet, qu’au­tre­ment on com­pare un peu des choux et des carottes.

                Si ce sont les mêmes ques­tion, la baisse de 17 % reste signi­fi­ca­tive d’une évolution.

  3. 11 janvier 2016 à 13 h 29 min

    Tu quoque, Macron ? Valls ? Cam­ba­de­lis ? Machintruc ?

    Fran­chir le dia­mant bête réclame une vision d’un futur com­mun dans lequel s’ins­cri­rait le sien, j’ai l’impression qu’il est borgne des deux yeux.

  4. 11 janvier 2016 à 18 h 59 min

    Bru­tus n’a pour­tant pas sau­vé la Répu­blique. Il ne suf­fit pas que César soit un auto­crate sans scru­pules pour qu’il tombe comme un fruit blet… et ce n’est pas d’une conju­ra­tion que nous avons besoin.. Mais de la lutte pour la démocratie…

    • 11 janvier 2016 à 20 h 05 min

      Pour ce qui est du résul­tat, je suis d’ac­cord, Olivier.

      Il reste qu’il est rare qu’un César ne ren­contre pas un jour son Bru­tus … et que, pour le César lui-même ça a une cer­taine impor­tance et même une impor­tance certaine.

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