Nation chrétienne
Ecrit par Larbi benBelkacem, 31 Déc 2015, 19 commentaires
Bonne fin d’année à tous ceux qui la finissent aujourd’hui. Les autres, on s’en fout.
Un petit problème pour le réveillon :
Une forte proportion de français a des racines chrétiennes, certains s’appuient là-dessus pour en faire une nation chrétienne.
Une énorme proportion de français a un trou du cul, peut-on s’appuyer là-dessus pour dire que la France est une nation de trous du cul ?
Vous avez deux heures.
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A voir le nombre de trouducs qu’on peut croiser dans la vie ou sur la toile, on se demande…
Blague à part, je rencontre moins de ces no-life que de gens sympas : exemple ce site qui reprend vie et vigueur.
Moyennant quoi pas plus tard qu’hier, sur un parking de supermarché, j’ai vu dans une voiture un chien d’une race que j’ignorais. Pour savoir, j’ai toqué à la fenêtre de la conductrice avec un large sourire. Elle était terrorisée, alors que je n’ai ni l’âge ni le look “caillera”. Triste monde de méfiance et de peur où nous coulons… J’ai la chance de vivre dans un petit village où je laisse ma porte non verrouillée jour et nuit, où tout les gens se saluent. C’est mon seul luxe.
PS Le réveillon de l’An n’est pas une tradition catholique. Seulement celui de Noël. Et encore. Nous c’était au retour de la messe de minuit : une orange, un bol de chocolat et au lit.
Nous aussi, dans le Nord, pour Noël, orange chocolat et en plus cugnole (coquille) sauf une fois et j’en ai tiré un petit texte placé sur Médiapart. Le voici :
En amateur et ex-professionnel du théâtre, je plante le décor avant de faire intervenir les personnages.
La cuisine/salle à manger d’une maison ouvrière dans un des corons de la vallée de la Sambre. Le père, la mère, les sept sœurs, les deux frères et moi. Décembre 1957.
Le père était rentré bourré comme presque tous les soirs. La mère n’avait pu servir comme repas qu’une purée de pommes de terre, du jardin, quand même, mais vingt pommes de terre Bintje pour douze personnes, c’est pas Ragueneau.
Le père, devant la chicheté du repas se met en colère, la mère réplique que s’il ne prenait pas autant de vin à la coopérative de l’usine, sa quinzaine serait plus conséquente (on retient ses achats de vin sur son salaire) et qu’elle pourrait faire des repas dignes de ce nom. Il réplique que ça lui donne l’énergie nécessaire pour supporter sa vie de merde, elle répond qu’elle aussi elle a une vie de merde mais qu’elle ne boit pas pour autant.
Je traduis en français, mais la scène est jouée, très vivement, en ch’timi avec l’accent maghrébin. Nos parents ne toléraient pas un mot kabyle, de façon à nous intégrer plus rapidement. Les pauvres, pff!
Après l’échange de gracieusetés, l’échange de coups. Le père ne faisait pas le poids, bourré contre une femme en furie. Tout le monde debout, le frère aîné sépare les adversaires, tout le monde s’assied. Trois cuillères de purée dans les assiettes, chacun touille, retardant le moment de la première bouchée. Une des sœurs, la plus malicieuse, se met à rigoler, un rire fou, un fou-rire. Son fou-rire gagne petit à petit toute la tablée, et ça dure, et ça dure. On se calme petit à petit, la mère demande ce qu’il y a de si drôle et la sœur repart dans un nouveau fou-rire, jusqu’aux larmes. Les joues ruisselantes, entre deux éclats de rire, elle crie “Joyeux Noël !”. Tout le monde se regarde, c’est vrai, c’est Noël aujourd’hui. La mère s’écrie, entrecoupé de rire : “Larbi, t’as encore le temps pour courir à l’église servir la messe”.
Ah ! On savait rigoler en ce temps là !
Un jour, je vous raconterai le fou-rire du cimetière. C’est la préférée de Roxy.
Nous avons quand même eu des réveillons de nouvel an plus classiques.
Bonnes années
Mort de rire !
Nos parents ne toléraient pas un mot kabyle, de façon à nous intégrer plus rapidement. Les pauvres, pff!
C’était l’époque où la notion de double culture n’existait pas. Et dites, à voir comment étaient récompensés ces efforts d’intégration, on s’explique le recul identitaire de la troisième génération…
“Vous avez deux heures”. Deux heures ne m’ayant pas suffi, ça n’est que maintenant que je reviens sur cette histoire de “trou du cul”. Je me suis, en particulier, demandé si un binational en avait deux ? Et je n’ai pas trouvé la réponse dans la parole présidentielle …
Oui Jean-Paul, les bi-nationaux en ont deux : “Duos habet et bene pendentes”. Pour les bi-nationales, il faut que je me renseigne. Tiens ! en voilà une ! “Pardon Madame, auriez-vous l’amabilité de me permettre une petite vérification?”.….….
Bonjour et bonne année, cher Larbi et tous…
Concernant la Nouvelle Année, il me semble qu’il s’agit d’une convention internationale qui n’a plus de signification religieuse…
La fêter à Pekin n’empêche nullement de fêter par ailleurs le Nouvel An chinois.
Cette date partagée internationalement est peut-être la preuve que nous savons tous, même ceux qui sont sous la croyance en telle ou telle représentation religieuse du cosmos… que la terre est un satellite du Soleil qui tourne autour de lui, par une révolution qui définit l’année solaire, et qu’elle d’autre part un satellite, la lune, dont la révolution autour de la terre définit le mois (qui dans certaines langues est homonyme de la lune). Et si nous pouvons tous fêter ce Nouvel An, c’est un peu que nous célébrons un peu tous que la vérité n’est pas dans les religions qui veulent nous séparer, mais dans l’ouverture au monde et sa dynamique réelle qui peut nous réunir.
Bonsoir
Je ne suis pas d’accord pour commencer l’année en disant que tel ou tel groupe humain est composé d’imbéciles ou de trouducs ou autres. Plutôt d’accord avec toi Olivier pour dire qu’on est sensible de manière assez proche à des temps, des passages, des rythmes, qu’on intègre de manière diverses dans nos équipements symboliques. Pour moi un des problèmes est celui l’envie de se détester. Je pense que nous minorons énormément les préoccupations et les aspirations communes, celles du “public” dont je me sens faire partie, je suis dans le lot des impuissants, qui font des erreurs en permanence et n’ont certainement pas assez de courage, mais je pense qu’on ne peut pas céder au plaisir du mépris de soi ou d’autrui : on est alors manipulable.
Mille pardons Joëlle si je vous ai blessée. Je réagissais humoristiquement (d’après moi) à la déchéance de nationalité qui me menace peut-être. Après avoir lu et entendu que la France était une nation majoritairement blanche et chrétienne, je voulais dire qu’elle avait d’autres héritages, plus ou moins lointains mais tout aussi respectables. Les proto-Gaulois n’étaient pas chrétiens (et pour cause). Quant à la couleur de la peau, les peuplements européens venant d’Afrique devaient avoir la peau beaucoup plus chargée en mélamine que Mme Morano. Je suis désolé de l’accent mis sur nos différences alors que nous avons tant de similitudes, biologiques ou autres.
Je ne veux pas nuire.
Faute de frappe : mélanine . Pas relu : des claques et 100 lignes !
Mais la mine met la mine comme le mime anime l’âme et l’âne inhale l’hymne de l’imam …
Chant de roi, Chantraine !
https://www.youtube.com/watch?v=9NpA0Mqrex4
Vive Lapointe, et mort aux cons !
Comme quoi les implicites, surtout dans la discussion en réseau, nous échappent parfois, surtout pour ceux qui comme moi n’ont hélàs aucun sens de l’humour. Le projet de déchéance de nationalité, justement, est infâme parce qu’il désigne la catégorie des bi-nationaux, et il active un Partage dont tout le monde se fichait entre Nous et Eux. ça rappelle Orwell et la ferme des animaux : tous les animaux sont égaux mais certains sont plus égaux que d’autres. Qu’est ce qui nous est arrivé pour avoir cette classe politique…
Joëlle, j’ai, moi aussi, abordé cet infâme projet de déchéance de nationalité sous une forme détournée et ironique sur mon blog de Mediapart “Qui suis-je” : https://blogs.mediapart.fr/jean-paul-bourges/blog/251215/qui-suis-je
Si je l’ai fait sous cette forme, c’est parce que mon ex-gendre a la double nationalité (C’est moi qui les avais mariés) et mon petit-fils qui va avoir dix ans a, lui aussi, un passeport algérien. Trop concerné, c’est un peu par la dérision que j’ai réagi.
Très cordialement. Jean-Paul
“Qu’est-ce qui nous est arrivé pour avoir cette classe politique” …
Question à creuser… Probablement d’abord en la débarrassant du récit sous-jacent, voulant qu’une situation serait le résultat d’un malédiction, ou d’un sort… D’une certaine façon, le récit sous-jacent à cette question est un avatar, un hypotexte, du messianisme…
Il ne me semble pas qu’il y ait une “classe politique”. Je crois beaucoup plus à une “caste”, selon le mot en vogue actuellement en Espagne…
Ceci dans la mesure où le système fondamental de domination économique, capitaliste, dans lequel nous vivons, ou dont nous vivons, est un système complexe et que l’un de ses modes de fonctionnement et dans le dispositif des castes, dont nous croyons trop confortablement qu’elles sont réservées à de lointains pays exotiques…
Si cette caste est là, bien installée et se reproduit si permanente… c’est que nous participons à sa reproduction et ne faisons pas encore ce qui serait efficace pour la renverser… C’est aussi, bien, sur, parce qu’un entrecroisement international d’institutions lui crée à la fois sa nécessite, ses moyens d’existence et ses habitudes de fonctionnement… Pour elle, sa propre existence et sa légitimité est une évidence, ne fait nullement problème. Ils ne se voient même pas pour ce qu’ils sont, si bien que le duo Hollande-Fabius n’a pas vu que la COP21 était surtout l’exposition de la caste dans ses fastes inutiles au milieu d’une capitale préoccupée d’autre chose, et que le même Hollande n’a nullement perçu l’incongruité de son carré VIP dans la “manifestation du 11 janvier”… La caste n’a de même nullement conscience de l’image qu’elle donne d’elle-même quand elle s’unit pour défendre Dassault et son “immunité” (un signe de caste, elle aussi).
La question me semble être: que faudrait-il faire pour en finir avec le fonctionnement de caste, l’un des rouages les plus efficients de la domination capitaliste?
Pour moi, la question sera plus brutale : une fois posé qu’on DOIT se débarrasser de la caste politicienne, la question devient “peut-on s’en débarrasser sans violence ?” J’avoue ne pas en être sur. Ensuite, la question suivante reste : pour quoi faire ? Et là, c’est pas gagné non plus… Si on en est là, c’est peut-être que, collectivement, on ne mérite pas mieux que la caste politicienne qui nous étouffe. Sauf à répondre avec pertinence aux deux questions évoquées plus haut.
De nombreux systèmes ont déjà été essayés jusqu’à ce jour, et il semble que malgré tous ses défauts, notre démocratie soit pour le moment le meilleur. Il nécessite un gouvernement et donc des hommes et femmes de pouvoir. On DOIT se débarrasser de cette caste? Sans doute… mais pour la remplacer par quoi? Pour changer de système? Pourquoi pas, lequel? Pour la remplacer (cette classe politique) par une autre? Pourquoi pas, mais je me méfie de l’exercice du pouvoir… Personnellement, et pour le moment (car je n’ai pas d’autres idées mais j’espère évoluer…), j’imagine plutôt une supervision de cette classe politique par des groupes de citoyens, des volontaires, des intellectuels, des tirés au sort, je ne sais pas.…
Maintenant, s’il était acquis qu’il faut se débarrasser de la caste des politiciens (ce qui n’est pas mon avis tant que je ne verrai pas de meilleure solution), alors en effet, étant donné que ces classes possèdent la plupart des rapports de force, je ne pense pas que cela puisse se faire sans violence (j’en reviens à Frantz Fanon).
M. Carbo,
“De nombreux systèmes ont déjà été essayés jusqu’à ce jour,”
Les occupants de la sphère du pouvoir dont je parle dans un autre commentaire ont essayé de nombreux moyens de gouverner la deuxième sphère à leur profit. Mais je n’ai pas connaissance d’un système de gouvernement issu de nos rangs. Le code et le découpage électoral étant écrit par les dominants, nos votes ne peuvent aller que dans la direction choisie par eux.
Je n’ai pas de solution (s).
Qu’est ce qui nous est arrivé pour avoir cette classe politique
Il nous arrive tout ce à quoi nous n’avons pas dit non.
Nous ne sommes jamais sortis de la féodalité. On nous enseigne le contraire et nous le croyons. Pourtant, tout nous montre qu’elle est bien vivante. Les châteaux sur leurs mottes ont été remplacés par d’autres citadelles mais la sphère du pouvoir absolu, de la richesse et de l’arrogance est restée active, même si parfois occupée par des psychopathes différents. Et hors de cette sphère, dans le bas pays, il en existe une autre, celle du reste de la population. Cette population doit d’abord approvisionner le château par l’intermédiaire de quelques points de tangence gardés par les valets. Le reste des richesses produites, s’il en reste assez, peut être consommé par la population d’en bas. La lutte pour la survie n’existe, en pratique, que dans cette deuxième sphère. Et dans cette sphère là, oui, il y a lutte des classes.
Je suis désolé de penser que seule une violence affirmée nous permettra de briser cette violence qui nous est faite, mais surtout par le fait que cette violence initiale devra pouvoir être ranimée par nous à chaque tentative de retour des psychopathes.
Dire non dès l’apparition des premiers symptômes de retour.
Une indignation qui n’est pas suivie de révolte n’est qu’un état d’âme.
Une révolte sans ténacité est condamnée à s’éteindre sans laisser de traces durables dans le fonctionnement de la société.