Est-ce quand il y a beaucoup d’Auvergnats qu’il y a des problèmes ? (Brice Hortefeux à Seignosse)
Ecrit par david.douyere, 15 Sep 2009, 0 commentaire
A la lecture de la presse quotidienne, et au vu de la vidéo diffusée, je me suis interrogé sur les propos d’Hortefeux que l’intéressé, ministre de l’Intérieur, les membres du gouvernement, dont Fadela Amara, l’UMP, et finalement la Licra, ne trouvent pas racistes.
“Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes…”
(Brice Hortefeux, 5 septembre, sur le campus d’été des Jeunes UMP à Seignosse, dans les Landes)
Brice Hortefeux parlait-il des Auvergnats ?
Ce qui précède, nous semble-t-il, sert de cadre référentiel, et montre l’objet de la phrase sans ambiguïté.
Pourquoi les journalistes du Monde ou de Libé, du Parisien, ne le relèvent-ils pas ?
Voici en effet une transcription personnelle à partir de la version Public Sénat (http://www.youtube.com/watch?v=B4XPV5J_bRI).
1 — Amine, un jeune militant UMP d’origine maghrébine : Monsieur le ministre, c’est possible de faire une photo s’il vous plaît ?
2 — BH : Ah non parce que moi, moi passé les 20 heures, je ne suis plus payé. (rires)
3 — J.-F. Copé : Noubliez jamais un truc, il est Auvergnat !
4 _ BH : Je suis Auvergnat.
5 _ J.-F. Copé : Il est Auvergnat !
6 — J.-F. Copé : C’est un drame ! C’est un drame !
7 — BH : Bon, enfin, je vais faire une exception pour, euh…
8 _ Amine : Bon, bah alors, je me mets entre les deux, alors.. Ouaih, entre les deux…
9 — J.-F. Copé : Oui parce que moi il y a aucun problème, moi je suis très facile,
10 — Les militants alentour : Oh, Amine, Amine, Amine Bravo !
11 — Les militants alentour : Amine !Amine !
12 — J.-F. Copé (?) : Ah ça, Amine, ça c’est l’intégration, ça ! ça c’est de l’intégration !
13 — Une femme : Amine, fran-che-ment…
14 — J.-F. Copé : Il est bcp plus grand que nous, en plus, ça ne va pas du tout..
15 — X (Copé ?) : Lui, il parle arabe ! (rires)
16 — J.-F. Copé à Amine : Ne vous laissez pas impressionner… C’est des socialistes infiltrés !
17 — X (?), du public : On l’aime bien…
18 — X (?), du public : Il est catholique !
19 — X, femme : Il mange du cochon et il boit de la bière…
20 — Amine : Bah oui (regardant BH)
21 — BH : Ah mais ça ne correspond pas du tout au prototype, alors. C’est pas du tout ça ! (rires)
22 — X (?), du public : C’est notre petit arabe !
23 — BH : Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes…
(qq rires, mais moins)
24 — Allez, bon courage !
Mes conclusions :
- le contexte (entourage) se prête à la plaisanterie autour des “arabes” (maghrébins), avant même BH (ce qui l’incite peut-être),
— les éléments qui précèdent la déclaration incriminée de BH évoquent presque tous (sept) les “arabes” (maghrébins) (de 12 à 22),
— la question des Auvergnats, ou autre, a été abandonnée depuis un moment (2–5) au moment de la phrase incriminée (23).
Donc le ministre de l’Intérieur, s’il ‘était besoin de le préciser, parle bien des “arabes” (maghrébins).
S’il est juste comme il le dit (interview Libé samedi) que rien dans ses propos ne contient d’élément raciste (puisque la phrase ne comporte pas de mot désignant les “arabes”), le contexte (12, 15, (17), 18, 19, 20, 21, 22),
en vertu notamment du concept d’indexicalité posé par Benvéniste et repris par les sociolinguistes (Grosjean & Borzeix), montre bien le référent de la phrase, “indexée” sur ce contexte
(relatif à lui et se comprenant à travers lui).
“Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes…”
Manifestement, il ne parle pas des Auvergnats.
Tout le monde autour de lui parle des “Arabes”, en tout cas.
David Douyère