Ordures : Fraude fiscale et “identité nationale”
Ecrit par Regis.Clinquart, 12 Août 2010, 1 commentaire
Je suis effaré de la légèreté avec laquelle on traite, en France, des questions de fraude fiscale. Celle-ci est assimilée à de la « tricherie ». Rien de plus. Elle fait encourir des amendes – comme un vulgaire stationnement gênant –, et tout le monde semble trouver naturel que les « gros contribuables » qui en sont convaincus trouvent avec l’administration fiscale des arrangements, négocient leur ardoise pour se mettre en règle, quand par hasard ils se sont fait prendre.
Disons-le tout net : les gens qui fraudent le fisc sont des ordures ; les gens qui aident à frauder le fisc sont des ordures. Les uns et les autres devraient écoper d’amendes de prison ferme plus lourdes que celles de n’importe quel escroc monteur d’arnaque, de n’importe quel casseur de banque qui n’use ni de violence ni de menace. Les délais de prescription devraient être plus longs, ou du moins équivalents. Il n’en est rien. Complaisance coupable.
Qui vole une banque ou un joaillier sans en menacer les employés ni les clients, qui détourne des fonds privés ne vole finalement que l’assurance qui en couvrira les dommages. Laquelle assurance touche des primes pour verser des indemnités, et fait ces primes supérieures aux indemnités, pour en tirer profit – et pourquoi pas ? Je ne dis pas que c’est bien, ni que ces vols ne doivent pas être punis. Je cherche à appréhender l’étendue réelle du préjudice.
Qui fraude le fisc vole l’Etat. Qui vole l’Etat vole la France, vole tous les Français. Les riches comme les pauvres, les contribuables, qui seuls rembourseront l’argent volé, soit en payant plus d’impôts et de taxes, soit en subissant une réduction des prestations sociales, ou de service public, que cet argent manquant aurait dû financer.
Frauder le fisc, c’est voler l’Etat, et voler l’Etat, c’est contribuer à l’affaiblissement des services publics et des prestations sociales : santé, retraites, éducation, recherche publique, solidarités nationales au sens large, justice, police, pompiers, tout ce qui constitue notre bien commun, tout ce qui finalement fonde l’identité nationale. Car non l’identité nationale n’est pas fondée sur une origine, sur l’appartenance à une race, à une religion (elle ne l’est explicitement pas : notre constitution l’affirme en son article Premier, n’en déplaise à quelque politicien cryptofasciste), et oui, l’identité nationale est en grande partie fondée sur la contribution à l’impôt, ou du moins à la partie de l’impôt qui finance ce qui est par l’Etat offert à tous et à chacun, quels que soient ses besoins, sans distinction de ressources, du seul fait d’être français. Elle l’est parce que ce sont ces prestations, exclues de la logique privée du marché, qui incarnent le mieux, le plus concrètement les valeurs nationales, ce qui est essentiel et fondateur : ce que nous voulons, par l’intermédiaire de l’Etat, soustraire à l’emprise des intérêts particuliers, individuels, au bénéfice de l’intérêt collectif, pour le bien commun. (Et qu’on ne vienne pas me dire que les plus démunis ne paient pas d’impôts, et devraient à ce titre être exclus de la communauté nationale : ils paient au moins la TVA, qui est une forme d’impôt, que je sache.)
Frauder le fisc, c’est voler tous les Français, et voler surtout les plus faibles d’entre eux : c’est porter atteinte concrètement, et au degré suprême – car le plus étendu, le plus universel en un pays donné –, à l’identité nationale.
Le thème est à la mode, tant pis ou même tant mieux : frauder le fisc devrait donc entraîner la perte de la citoyenneté française. Frauder le fisc devrait faire encourir pour toutes ces raisons des amendes et des peines de prison ferme plus lourdes, ou au minimum équivalentes, à celles qu’encourent et purgent effectivement, lorsqu’ils se font prendre, les escrocs et les casseurs n’usant pas de violence ni de menace envers les personnes.
Ce serait juste. Mais qui, aujourd’hui, au sommet de l’Etat, se soucie de justice ?
Régis Clinquart,
citoyen français, écrivain
Doucement, tu vas tomber malade si tu continues a t’enerver de la sorte.
Je te recommande d’utiliser ton energie contre ceux qui se payent des chambres d’hotel a 30’000 Euros avec un argent que le contribuable devra remobourser. Contre ceux qui mettent versent l’argent du contribuable aux copains banquiers pour qu’ils achetent des jets prives et des voitures de sports avec.