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Sommes nous d’accord pour que vous restiez, Muriel Florin ? A propos d’un souvenir de journaliste dans LibéLyon, ou ce qu’occultent les “faits” journalistiques


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C’est l’é­té, il fait chaud, Lyon s’en­nuie. Dans une série d’ar­ticles com­plai­sam­ment nom­bri­listes, Libé­ra­tion Lyon demande à une série de jour­na­listes invi­tés de pré­sen­ter des “sou­ve­nirs” qui les auraient mar­qués. Par­mi ces articles que je sur­vo­lais — je l’a­voue — de l’œil vaseux de celui qui s’en­nuie en atten­dant de par­tir en vacances, et en mobi­li­sant l’habi­tus cynique d’un Igna­tius O’Reilly vitu­pé­rant contre la conju­ra­tion des imbé­ciles, je sors de ma tor­peur en décou­vrant un article signé par Muriel Flo­rin (Le Pro­grès de Lyon) et inti­tu­lé “Est-ce que vous êtes d’ac­cord pour qu’elle reste ?». Muriel Flo­rin nous y conte sa trau­ma­ti­sante expé­rience lors d’une AG durant la crise uni­ver­si­taire de 2009. AG for­cé­ment “pous­sive », selon le terme qu’elle emploie dès le pre­mier para­graphe : un mou­ve­ment social est tou­jours déjà, par essence, en train de s’ “épui­ser” puis­qu’elle l’af­firme là aus­si dès le pre­mier para­graphe. Il ne fau­drait tout de même pas que l’on puisse croire, Madame Michu, qu’il se passe des choses inté­res­santes en dehors des salles de rédac­tion… Ou alors, un mou­ve­ment social est tou­jours, par nature, sus­pect d’être violent :  “plu­sieurs inci­dents” ont eu lieu durant ce mou­ve­ment, nous dit la jour­na­liste. Les­quels ? Le mys­tère plane, propre à sti­mu­ler les angoisses sécu­ri­taires de la France pro­fonde dont les jour­na­listes s’i­ma­ginent être les porte-paroles, convain­cus d’a­vance que toute cause étu­diante ne peut être que dan­ge­reuse (ou mani­pu­lée par l’ex­trême gauche, ou encore com­pul­si­ve­ment uto­piste, bref, choi­sis­sez le cli­ché jour­na­lis­tique qui vous convient), et que toute grève uni­ver­si­taire ne peut être que bas­se­ment corporatiste…

Dès le deuxième para­graphe, le décors idéo­lo­gique du jour­na­lisme de non inves­ti­ga­tion est plan­té : “Plus les exa­mens approchent, plus la ten­sion se foca­lise sur les moda­li­tés de contrôle. Cer­tains ensei­gnants sou­haitent sup­pri­mer les par­tiels. D’autres pré­co­nisent de faire comme si le deuxième semestre n’a­vait pas exis­té. La réunion doit prin­ci­pa­le­ment abor­der cette ques­tion. Dans l’am­phi, plu­sieurs étu­diants sont venus en espé­rant gla­ner des infor­ma­tions». L’ar­ticle dépeint de pauvres étu­diants uni­que­ment inté­res­sés par leurs exa­mens et qui sont confron­tés à des ensei­gnants irres­pon­sables : le pro­cès en accu­sa­tion tra­di­tion­nel que tout jour­na­liste de non inves­ti­ga­tion ne peut que tra­cer des luttes uni­ver­si­taires com­mence tou­jours par les mêmes éter­nels cli­chés. De toutes les AG qui ont eu lieu à Lyon en 2009, il ne fal­lait évi­dem­ment rete­nir que celle-ci, où aucune idée autre qu’une banale “recherche d’in­for­ma­tion” n’a­vait sa place. Aucun débat n’a donc eu lieu qui vaille la peine de s’en sou­ve­nir, aucun enjeu autre qu’or­ga­ni­sa­tion­nel n’é­tait pré­sent en 2009, non, rien, juste les mêmes pon­cifs sem­pi­ter­nel­le­ment remâ­chés. Ces étu­diants, tout de même, M’ame Michu, f’raient mieux d’tra­vailler et ces fai­néants d’fonc­tion­naires aussi !

Je ne pré­tends pas que cette scène-là n’au­rait pas eu lieu : elle a cer­tai­ne­ment eu lieu, et plus d’une fois. Je suis sim­ple­ment écœu­ré par la vul­ga­ri­té constante d’une pen­sée et d’une écri­ture se pré­ten­dant “fac­tuelle” mais qui cache mal les découpes idéo­lo­giques qu’elle réa­lise à des fins poli­tiques dans l’u­ni­vers de ce qu’il aurait été pos­sible (et inté­res­sant…) de racon­ter. Un mou­ve­ment ne se résume pas à une AG ratée. Sauf dans le “sou­ve­nir” de Muriel Flo­rin relayé par Libé Lyon : pou­voir édi­to­rial et dif­fu­sion de masse aidant, la presse avait construit l’i­mage d’un mou­ve­ment “pous­sif” et “en train de s’es­souf­fler” avant même que les jour­na­listes n’aient ten­té de mener la moindre enquête. D’ailleurs, les uni­ver­si­taires et étu­diants qui ont par­ti­ci­pé au mou­ve­ment de 2009 savent bien que peu de jour­na­listes étaient pré­sents sur les lieux et que seul Syl­vestre Huet a fait un tra­vail cor­rect en don­nant la parole à ceux à qui on la refu­sait le plus souvent.

L’ar­ticle se pour­suit par la série habi­tuelle des cli­chés : “Comme à chaque fois qu’une bataille est per­due, la presse est mal vue, consi­dé­rée comme en par­tie res­pon­sable». Ben voyons… Si la presse, en 2009, ne sup­por­tant pas que l’ordre éta­bli soit contes­té, n’a­vait pas pas­sé son temps à inter­dire l’ac­cès à ses colonnes aux uni­ver­si­taires et aux étu­diants ((Je me sou­viens que le site Sau­vons l’U­ni­ver­si­té avait dres­sé la liste — fort longue —  des articles et com­mu­ni­qués de presse refu­sés par la presse quo­ti­dienne. Si quel­qu’un retrouve l’a­dresse de cette page, mer­ci de me l’in­di­quer.)), ou encore si elle n’a­vait pas pas­sé son temps à men­tir sur l’é­tat réel de la mobi­li­sa­tion en annon­çant, au plus fort du mou­ve­ment — 80 uni­ver­si­tés en grève, tout de même, et un mou­ve­ment d’une ampleur sans égal depuis 1968 ((http://www.contretemps.eu/recits/motions-emotions-retour-sur-mobilisation-dans-universites)) — que “le mou­ve­ment s’es­souffle” et que “la bataille est per­due”, en rabat­tant en paral­lèle toutes les formes d’ex­pres­sion des uni­ver­si­taires ou des étu­diants sur une “grogne” s’ins­cri­vant dans le registre de l’af­fec­tif et de l’in­com­pré­hen­sion, ou des réti­cences au chan­ge­ment, plus que dans celui de la rai­son et de la réflexion étayée par l’ex­pé­rience ((Voir à ce pro­pos le dos­sier d’A­cri­med, qui, bien que très opti­miste sur la proxi­mi­té entre le monde uni­ver­si­taire et le monde de la presse, reste inté­res­sant : http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2180 Voir aus­si le com­pen­dium de Sau­vons l’U­ni­ver­si­té : http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2311 Enfin, sur le lexique de la “grogne”, voir cet article de Muriel Flo­rin qui n’é­chappe pas aux pon­cifs du genre : http://www.leprogres.fr/fr/permalien/article/1933550/Chez-les-profs-on-grogne-mais-pas-trop-fort.html)), peut-être qu’a­lors l’o­pi­nion aurait pu se faire une idée moins cari­ca­tu­rale des motifs de cette lutte.

AGPour­sui­vons cette lec­ture : il faut bien boire le calice jus­qu’à la lie… “Les débats sur les exa­mens vont enfin com­men­cer… Hélas non !  Sur ma droite, un ensei­gnant lève la main pour remettre en cause le pre­mier vote. Est-il vrai­ment légi­time ? Ne faut-il pas que tout le monde soit d’accord pour que je reste ? Il fau­drait donc revo­ter… S’ensuit de nou­veaux échanges sur ma pré­sence. J’ai presque envie de m’excuser auprès des étu­diants d’être la cause de cette dis­cus­sion sur­réa­liste qui nous retarde. Mais il n’est plus ques­tion de par­tir». La condes­cen­dance de Muriel Flo­rin et son mépris des formes orales de la démo­cra­tie par­ti­ci­pa­tive, lui font visi­ble­ment oublier que la presse elle-même n’est guère encline à accep­ter, dans ses confé­rences de rédac­tion, des obser­va­teurs : on n’en tire pour­tant pas la conclu­sion que cette fer­me­ture serait “sur­réa­liste” et scan­da­leuse. Le fait que des étu­diants et des ensei­gnants, réunis au nom d’en­jeux qui leurs sont propres, dési­rent prendre des déci­sions à l’a­bri du regard sou­vent mal inten­tion­né des jour­na­listes à leur égard, n’a rien de “sur­réa­liste” et le droit à l’in­for­ma­tion ne sau­rait se confondre avec un dik­tat de l’in­for­ma­tion non négo­cié avec les acteurs concer­nés. Ce qui est sur­réa­liste, c’est l’at­ti­tude jour­na­lis­tique qui consiste à ne pas cher­cher à cla­ri­fier sa posi­tion ni à négo­cier le sens de ses inter­ven­tions auprès des acteurs sociaux, toutes choses qu’un cher­cheur en sciences sociales consi­dère comme de son devoir de faire, par exemple lors d’en­quêtes eth­no­gra­phiques. Ain­si, on n’in­ter­vient pas au nom des sciences sociales dans une situa­tion sociale, sur­tout si elle relève d’en­jeux poli­tiques, sans avoir fait au préa­lable un mini­mum de tra­vail d’ap­proche, de mise en confiance, et de com­pré­hen­sion du sens de la situa­tion, et ce tra­vail prend du temps : il ne va jamais de soi. Pour­quoi devrait-on impo­ser un regard non négo­cié au nom de l’in­for­ma­tion jour­na­lis­tique, qui n’est, après tout, qu’un point de vue par­ti­cu­lier et qui est ins­truit autant au nom d’une inten­tion de connais­sance, que par les enjeux éco­no­miques et idéo­lo­giques des indus­tries cultu­relles, de leurs action­naires et de leurs mar­chés ? L’in­ca­pa­ci­té de la plu­part des jour­na­listes à com­prendre la com­plexi­té des situa­tions de com­mu­ni­ca­tion, leur refus d’ac­cep­ter qu’un mou­ve­ment social ne soit pas diri­gé comme une entre­prise ou comme un par­ti par un indi­vi­du dési­gné comme porte-parole et dépo­si­taire d’une auto­ri­té sur­plom­bante, et leur idéo­lo­gie objec­ti­viste de la trans­pa­rence infor­ma­tion­nelle, se donne ici à voir dans toute son étendue.

Mais ce qui compte fina­le­ment, dans les écrits jour­na­lis­tiques, c’est autant ce qu’ils pré­tendent mon­trer que ce qu’ils ne disent pas : ce qu’ils occultent, et rendent ain­si impen­sable pour leurs lec­teurs, est sou­vent aus­si éclai­rant que tout ce que les cor­pus de presse peuvent nous apprendre. Ain­si, durant ce mou­ve­ment, les jour­na­listes n’ont que très rare­ment ren­du compte d’autre chose que des “gro­gne­ments” des uni­ver­si­taires et des étu­diants, et ils n’ont pra­ti­que­ment pas relayé le fait que, par exemple, des CRS en armure ont entou­ré durant plus d’une semaine l’u­ni­ver­si­té de Lyon 2 et ont bas­ton­né cer­tains ensei­gnants qui devaient tra­ver­ser ce cor­don sécu­ri­taire pour venir faire cours à l’in­té­rieur de la fac ; les jour­na­listes n’ont rien dit des héli­co­ptères de la gen­dar­me­rie qui sur­vo­laient le cam­pus de Bron, comme si on était en temps de guerre ; ils n’ont pas vu, ou pas vou­lu voir, que des milices pri­vées étaient ins­tal­lées sur les cam­pus, aux ordres de cer­tains pré­si­dents d’u­ni­ver­si­tés, y fai­sant leur loi, et accom­pa­gnant sou­vent leur action de pro­pos racistes.

C’est pour­quoi j’ai envie de deman­der à Muriel Flo­rin : où étiez vous, par exemple, lors des grandes mani­fes­ta­tions de 2009 ? Où étiez vous lors des cours hors les murs où les ensei­gnants gré­vistes ensei­gnaient dans des cafés, dans des gale­ries d’art, dans des locaux asso­cia­tifs, dans la rue, pour sen­si­bi­li­ser le public aux enjeux du savoir dans une démo­cra­tie sans pour autant péna­li­ser leurs étu­diants ? Où étiez vous lors de la fan­tas­tique “Nuit des cher­cheurs” (la “Navire Night») orga­ni­sée dans le grand amphi de Lyon 2, où il y eu des cours et des confé­rences de 18h à 8h du matin devant un amphi plein à cra­quer de gens pas­sion­nés par les enjeux poli­tiques du savoir ? Où étiez vous lors de la Jour­née d’A­lerte des Ser­vices publics (Navire Night 2) réunis­sant le milieu uni­ver­si­taire et médi­cal, et qui démon­trait la main-mise du pou­voir et de la bureau­cra­tie éco­no­mique sur le ser­vice public ? Où étiez vous dans les innom­brables AG étu­diantes où s’ex­pé­ri­men­tait une autre vision de la démo­cra­tie que celle que vous tra­ves­tis­sez en pré­ten­dant rendre compte d’un “fait”, depuis votre petit bout de lor­gnette ? N’a­vez vous vrai­ment rien d’autre à dire d’une année de lutte et d’in­ven­ti­vi­té, d’en­ga­ge­ment poli­tique, de réflexion, de publi­ca­tion, que ce petit sou­ve­nir nom­bri­liste ? C’est pathé­tique, franchement !

Je vais vous dire où vous étiez, Muriel Flo­rin : vous n’é­tiez pas là où les choses inté­res­santes se pas­saient, ou en tout cas vous n’a­vez rien écrit de tout cela. Et il est facile de le démon­trer. La base  de don­nées Fac­ti­va, à laquelle j’ai accès en tant que cher­cheur tra­vaillant sur les médias, per­met de consti­tuer faci­le­ment des cor­pus de presse. En inter­ro­geant cette base avec pour mots-clés “Muriel Flo­rin + uni­ver­si­té” et en limi­tant la recherche au cor­pus du Pro­grès de Lyon et à l’an­née 2009, il appa­raît que vous avez écrit en tout 44 articles sur l’u­ni­ver­si­té. La base Fac­ti­va ne donne sans doute pas l’ex­haus­ti­vi­té des articles publiés par un quo­ti­dien, mais elle est assez pra­tique en pre­mière approxi­ma­tion et elle convien­dra pour ce que je sou­haite démon­trer ici, même si cette démons­tra­tion va être très super­fi­cielle en regard des exi­gences aca­dé­miques qui sont les nôtres. De quoi parlent ces articles ? Sans me livrer ici à une bien inutile exé­gèse de votre “œuvre”, je constate que seuls deux d’entre eux traitent direc­te­ment, et bien tar­di­ve­ment d’ailleurs, d’une mani­fes­ta­tion d’en­sei­gnants contre les réformes ((Flo­rin, Muriel, Pos­tiers et ensei­gnants dans la rue au nom du ser­vice public, Le Pro­grès, 24 novembre 2009 ; Flo­rin, Muriel, Tol­lé autour du pro­jet de réforme de la for­ma­tion des ensei­gnants, Le Pro­grès, 8 décembre 2009)). Un autre évoque, inci­dem­ment seule­ment, les grèves qui “plombent” l’u­ni­ver­si­té ((Flo­rin, Muriel, Le pré­sident de Lyon 2 démis­sion­ne­ra en jan­vier, Le Pro­grès, 23 sep­tembre 2009)). Aucun ne décrit une AG, ni ne donne la parole à un acteur des coor­di­na­tions uni­ver­si­taires : seuls des pré­si­dents d’u­ni­ver­si­tés ou des direc­teurs de grandes écoles, ou encore des res­pon­sables syn­di­caux sont interrogés.

Ter­mi­nons la lec­ture de vos “sou­ve­nirs” de jour­na­liste : “Je demande la parole. Une colère froide a vain­cu ma timi­di­té. « Je suis là pour faire mon tra­vail d’information. Il s’agit d’une assem­blée géné­rale ouverte. Nous sommes dans un pays dans lequel la liber­té de la presse est pré­ser­vée, et j’ose espé­rer que vous appré­ciez cela en tant que citoyen. Par ailleurs vous êtes bien contents de nous trou­ver pour relayer vos reven­di­ca­tions ». J’évite, pru­dente, l’allusion au retour du sta­li­nisme». Vous n’é­vi­tez pas, de toute évi­dence, de vous mettre en scène en défen­seur de la liber­té face à l’op­pres­sion alors même que les par­ti­ci­pants à cette AG ont voté pour que vous res­tiez : quelle fausse posi­tion cri­tique ! Preuve s’il en est que vos pré­ju­gés étaient plus forts que votre inté­rêt pour le sens poli­tique et com­mu­ni­ca­tion­nel de la situa­tion, ou pour la com­pré­hen­sion qu’on doit à des acteurs sociaux qui vous accueillent et qui vous font confiance. Une confiance visi­ble­ment mal placée.

Notes :

Igor Babou
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4 réponses “Sommes nous d’accord pour que vous restiez, Muriel Florin ? A propos d’un souvenir de journaliste dans LibéLyon, ou ce qu’occultent les “faits” journalistiques”

  1. muriel Florin
    8 août 2010 à 12 h 38 min

    Bon­jour,
    Je réponds rapi­de­ment sur quelques élé­ments de votre article. Le reste étant affaire de point de vue et je n’ai guère envie de ren­trer dans cette polé­mique. Je vous laisse aus­si libre de pen­ser ce que vous vou­lez des “jour­na­listes” qui sont donc presque tous, si je com­prends bien, des inca­pables au ser­vice du pou­voir dominant.
    1 : je ne suis pas trau­ma­ti­sée par ce sou­ve­nir, non. Inutile de cher­cher à me ridi­cu­li­ser. J’ai racon­té mon sen­ti­ment, c’est tout. Et vu l’éner­gie que vous met­tez pour com­men­ter ce témoi­gnage, je finis par me deman­der qui est le plus trau­ma­ti­sé des deux.
    2: les inci­dents de Lyon2: vous les connais­sez comme moi, vous en par­lez d’ailleurs, par­tiel­le­ment et par­tia­le­ment dans votre com­men­taire. Je ne suis pas ren­trée dans les détails car ce n’é­tait pas le sujet. Pas plus d’ailleurs que le mou­ve­ment des ensei­gnants qui n’é­tait pas le sujet.
    3 — où j’é­tais pen­dant le mou­ve­ment? je suis aller suivre des réunions, des AG, des cours dans la rue aux Ter­reaux, et je pense avoir sui­vi presque toutes les manifestations.
    4- vous faites le paral­lèle entre l’ac­cès à une confé­rence de rédac­tion et une assem­blée géné­rale. Vous vous pré­sen­tez comme spé­cia­liste des médias. A ce titre je suis assez sur­prise que vous vous com­pa­riez deux réunions de nature tota­le­ment dif­fé­rentes. L’une étant des­ti­née à défi­nir le conte­nu d’un jour­nal réa­li­sé par ses sala­riés. L’autre étant des­ti­née à un débat. Pour inof, ce sont vos col­lègues mili­tants pari­siens qui m’ont invi­tée à venir assis­ter à l’AG de Lyon 2 par communiqué.
    5 Vous pré­ten­dez que je n’ai pas sui­vi le mou­ve­ment et vous vous réfé­rez à votre base de don­nées. Elle est visi­ble­ment défaillante: pour votre gou­verne, j’ai écrit, a mini­ma 14 articles en lien avec le mou­ve­ment dans l’en­sei­gne­ment supé­rieur (mais ce n’est pas ma seule “rubrique”) entre le 3 février et le 26 mai et je tiens les dates pré­cises à votre disposition.
    Muriel Florin

  2. muriel Florin
    8 août 2010 à 12 h 40 min

    Je rec­ti­fie : com­men­taire écrit un peu rapi­de­ment (je suis au tra­vail ce dimanche) : les fautes d’or­tho­graphe: je suis allée cou­vrir des réunions, des AG (et non pas aller)
    de nature dif­fé­rente (pas de S)
    Pour inof: pour info
    Merci!

  3. Avatar photo 10 août 2010 à 12 h 03 min

    Bon­jour,

    Si je vous suis bien, il n’y a pas à dis­cu­ter : cir­cu­lez, il n’y a rien à pen­ser, et l’af­faire se résume à de la “polé­mique”, à des “trau­ma­tismes” et à de méchants uni­ver­si­taires cher­chant à vous “ridi­cu­li­ser” en “pré­ten­dant” être des spé­cia­listes (hor­reur ! un savoir construit, je sup­pose que c’est inac­cep­table ?). On vous parle d’ar­gu­men­ta­tion, de métho­do­lo­gie de l’ob­ser­va­tion, de com­pré­hen­sion du sens des situa­tions com­mu­ni­ca­tion­nelles et poli­tiques, on essaie de vous inter­ro­ger sur votre concep­tion de la démo­cra­tie, et vous rabat­tez la dis­cus­sion sur un registre psy­cho­lo­gi­sant… C’est exac­te­ment ce que je dénon­çais dans mon texte : cette incom­pré­hen­sion fon­da­men­tale des enjeux du savoir dans une démo­cra­tie et du sta­tut de la parole et de l’ar­gu­men­ta­tion dans un débat public. 

    Que vous dire, donc ? Que vous avez peut-être “sui­vi” le mou­ve­ment, mais de toute évi­dence n’y avez rien com­pris, que vous n’a­vez pas cher­ché à en sai­sir le sens poli­tique, et que vous n’en avez rete­nu, au moment où Libé Lyon vous inter­roge sur vos sou­ve­nirs pro­fes­sion­nels, qu’une gro­tesque mas­ca­rade de sta­li­nisme. Au pas­sage, vous n’ad­met­tez pas ma com­pa­rai­son entre l’ac­cès à une AG et l’ac­cès aux confé­rences de rédac­tion, mais vous ne vous pri­vez pas de faire une ana­lo­gie gro­tesque entre l’URSS sous Sta­line et les AG à l’université. 

    Comme je l’in­dique dans un de mes com­men­taires, l’an­née 2009 res­te­ra sans doute dans les mémoires comme celle de la rup­ture entre le monde intel­lec­tuel et les jour­na­listes. Il est clair que nous ne par­ta­geons pas les mêmes valeurs, à quelques excep­tions notables près (je rends ici volon­tiers hom­mage au tra­vail exem­plaire de votre confrère Syl­vestre Huet). je vous laisse donc à votre mépris de l’u­ni­ver­si­té, des étu­diants sta­li­niens, des ensei­gnants irres­pon­sables et des AG pous­sives. Le jour où les jour­na­listes auront besoin de sou­tien dans les luttes qui s’an­noncent contre les obs­cu­ran­tismes et la bru­ta­li­té du pou­voir en place, ne comp­tez sur­tout pas sur moi.

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