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PÉTITION NATIONALE. Le changement à l’Université et dans la Recherche, c’est maintenant ?


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Cette péti­tion cir­cule depuis quelques jours. Une de plus… A défaut d’ac­tion et de mobi­li­sa­tion, ça ne peut faire de mal qu’à Fio­ra­Cresse 😉 Donc, on signe !

Pour signer la péti­tion (2000 signa­taires en deux jours ) : SIGNER !

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Nous, membres de la com­mu­nau­té uni­ver­si­taire et scien­ti­fique, avons été éton­né-e‑s par la lec­ture de l’article paru sur le site du Monde ce 2 avril 2014 sur la poli­tique “consen­suelle” menée par Madame la ministre Gene­viève Fioraso.

La situa­tion est si grave que quelques exemples gla­nés ces der­niers mois suf­fisent pour prendre la mesure du désastre de la pour­suite de la LRU — loi rela­tive aux liber­tés et res­pon­sa­bi­li­tés des uni­ver­si­tés — par le gou­ver­ne­ment Ayrault.

Le 25 octobre 2013, la Confé­rence des pré­si­dents d’universités (CPU) a tiré la son­nette d’alarme avec sa “Motion rela­tive aux moyens des uni­ver­si­tés” : « Aujourd’hui, les solu­tions uti­li­sées et les efforts consen­tis atteignent leurs limites (…) la situa­tion à laquelle nous sommes confron­tés sera bien­tôt inte­nable pour la majo­ri­té de nos éta­blis­se­ments. A court terme, l’ensemble des uni­ver­si­tés fran­çaises risque de ne plus pou­voir assu­rer les mis­sions de ser­vice public que l’Etat leur a assi­gnées ».  Tout récem­ment, le mois der­nier, le Conseil scien­ti­fique du CNRS et l’Académie des sciences ont fait de même.

Le monde uni­ver­si­taire bruisse de nou­velles atter­rantes qui émaillent notre quo­ti­dien : char­gés de TD congé­diés la veille des cours, non-recru­te­ment et pré­ca­ri­sa­tion de fait des non titu­laires, mise sous tutelle de cer­taines uni­ver­si­tés par les rec­to­rats (contrai­re­ment aux pro­messes de cam­pagne),  dégra­da­tion des lieux d’enseignement, chauf­fage cou­pé, etc. Tho­mas Piket­ty, direc­teur d’études à l’EHESS, dénon­çait aus­si la “faillite silen­cieuse à l’université” (Libé­ra­tion, 18 novembre 2013), prin­ci­pal échec de la pré­si­dence Hol­lande, alors même que le trans­fert finan­cier à effec­tuer est minime pour résoudre la crise actuelle, l’enseignement supé­rieur et la recherche étant dotés d’un bud­get très res­treint par rap­port à d’autres pays d’importance com­pa­rable. Dans un texte remar­qué, Alain Pro­chiantz, Pro­fes­seur au Col­lège de France, repre­nait les com­men­taires de la Cour des Comptes rela­tifs à l’inefficacité du très dis­pen­dieux Cré­dit Impôt Recherche (CIR), pour mieux sou­li­gner à l’inverse la sous-dota­tion de la recherche fran­çaise fon­da­men­tale, à qui il man­que­rait selon lui 2 à 3 mil­liards d’euros (à com­pa­rer aux 6 à 7 mil­liards d’euros de la niche fis­cale que consti­tue ledit CIR).

Hier impen­sable, l’i­dée d’une faillite finan­cière des uni­ver­si­tés semble aujourd’­hui une qua­si fata­li­té. Elle est le résul­tat d’un effet méca­nique de la LRU, comme le montre la situa­tion dra­ma­tique de l’université qui avait été la (trop?) bonne élève de la mise en œuvre des réformes Pécresse : l’Université Ver­sailles Saint-Quen­tin-en-Yve­lines. Après avoir ris­qué la ces­sa­tion de paie­ment, obte­nu entre-temps de l’Etat deux avances rem­bour­sables, être pas­sée sous tutelle rec­to­rale, l’Université connaît enfin son bud­get pour 2014. Certes, le minis­tère a poin­té la res­pon­sa­bi­li­té de l’ancienne Pré­si­dente et l’a démise de ses fonc­tions de rec­trice de l’ Aca­dé­mie de Dijon ; mais le sys­tème qui a ren­du cette situa­tion pos­sible est en place dans toutes les universités.

L’Association des socio­logues ensei­gnants du supé­rieur (ASES) montre que d’autres uni­ver­si­tés avec des res­sources et des sta­tuts fort dif­fé­rents connaissent actuel­le­ment, du fait de l’autonomie impo­sée, les mêmes dif­fi­cul­tés finan­cières qui menacent leurs mis­sions d’enseignement et de recherche à court et moyen termes. Dans l’incertitude, les uni­ver­si­tés bri­colent : réduc­tion des semaines de cours, dimi­nu­tion des heures de tra­vaux diri­gés (qui sont pour­tant la meilleure chance de réus­site des étudiant.e.s), sup­pres­sion d’enseignements, tari­fi­ca­tion des heures de cours magis­tral au coût des heures de TD (ce qui revient à faire plus d’heures de cours, mais payées beau­coup moins). Contrai­re­ment à ce qui est affir­mé aujourd’hui, on ne pour­ra cer­tai­ne­ment pas échap­per à l’augmentation des droits d’ins­crip­tion. Payer davan­tage pour un ensei­gne­ment supé­rieur de moindre qua­li­té et une recherche au rabais ? Com­ment croire que c’est ain­si que l’on veut rendre l’Université et la Recherche meilleures ?

Il est pour le moins para­doxal qu’un gou­ver­ne­ment dit “de gauche” pour­suive la fra­gi­li­sa­tion, si ce n’est le déman­tè­le­ment, des mis­sions de ser­vice public en appe­lant notam­ment à repro­duire le modèle — sup­po­sé plus effi­cace — de l’entreprise, loin de toute négo­cia­tion ou même concertation.

Quels que soient leur dis­ci­pline, leur ins­ti­tu­tion, leur sta­tut et même leur sen­si­bi­li­té, les témoi­gnages des acteurs du monde de la recherche et de l’enseignement supé­rieur concordent. Tous s’alarment du peu d’intérêt por­té à une véri­table poli­tique de la recherche dans un contexte d’austérité pro­gram­mée,  du peu de cré­dit accor­dé à la parole même des cher­cheurs et des ensei­gnants, du peu de res­pect pour le tra­vail des per­son­nels admi­nis­tra­tifs noyés sous le flot inces­sant des réformes, des réor­ga­ni­sa­tions et autres refontes de nomen­cla­tures qui ne cessent de pro­duire des situa­tions inex­tri­cables et des injonc­tions contradictoires.Du côté des grands orga­nismes, le manque de trans­pa­rence des pro­cé­dures choque de la part d’un gou­ver­ne­ment qui en avait fait son enga­ge­ment. Que pen­ser de la récente sélec­tion des can­di­dats pour le poste de Direc­teur géné­ral de l’Inserm, qui a conduit à recru­ter fina­le­ment… le conseiller de la ministre à la veille des élec­tions muni­ci­pales et du rema­nie­ment (Le futur DG pré-nom­mé ? Libé­ra­tion, 1er avril 2014)?

Der­nier exemple, et non des moindres, la recom­po­si­tion du pay­sage uni­ver­si­taire dans des com­mu­nau­tés d’université et d’établissements (Comue). Il nous est deman­dé, sans expli­ca­tion, d’é­vi­ter les “dou­blons” en matière d’offre de for­ma­tions, au risque de saper les inno­va­tions péda­go­giques. Or, au même moment, les ser­vices du minis­tère de l’Enseignement supé­rieur et de la Recherche ont impo­sé, contre l’avis d’une majo­ri­té d’universitaires et sans concer­ta­tion avec les asso­cia­tions repré­sen­ta­tives des dis­ci­plines concer­nées, une réduc­tion dras­tique des inti­tu­lés de mas­ters, ren­dant illi­sibles les spé­ci­fi­ci­tés qui font les for­ma­tions attrac­tives pour les étu­diants et inté­res­santes pour les employeurs. C’est un peu comme si un ministre du Com­merce impo­sait aux res­tau­ra­teurs de sup­pri­mer leur carte et de ser­vir un menu unique fixé par eux sans dia­logue préalable.

Le monde de la recherche et de l’en­sei­gne­ment supé­rieur atten­dait beau­coup de ce rema­nie­ment : la prise en compte de l’im­mense décep­tion sus­ci­tée par la poli­tique menée depuis deux ans.  Non, il n’y a donc pas apai­se­ment, mais bien au contraire mon­tée de la colère et du décou­ra­ge­ment. Sans aucune pers­pec­tive d’amélioration.

Ne serait-il pas temps aujourd’hui d’insuffler enfin une nou­velle dyna­mique pour conduire la poli­tique qui avait été pro­mise et sou­hai­tée : allè­ge­ment de l’in­croyable empi­le­ment bureau­cra­tique et de l’inénarrable accu­mu­la­tion des éva­lua­tions qui para­lysent plus qu’elles ne sti­mulent la recherche ; confiance envers les cher­cheur-e‑s et les ensei­gnants-cher­cheur-e‑s ; sou­tien au déve­lop­pe­ment d’un monde scien­ti­fique fon­dé sur la coopé­ra­tion et l’é­change ; frein à l’absurde logique de com­pé­ti­tion et de course à la pré­ten­due excel­lence qui n’est le plus sou­vent que la preuve la plus écla­tante de la capa­ci­té à se confor­mer aux attentes du poli­tique? Bref, rendre encore pos­sibles l’in­ven­tion scien­ti­fique et l’innovation pédagogique.

Au moment où la “com­pé­ti­ti­vi­té” de la recherche fran­çaise à l’international est évo­quée comme le Saint Graal, pour­quoi mettre en dan­ger l’attractivité des uni­ver­si­tés et de la recherche ? Pour­quoi pour­suivre aveu­gle­ment des réformes qui accen­tuent les défauts qu’elles visent à réfor­mer ?  L’inquiétude sur la péren­ni­té du modèle uni­ver­si­taire et scien­ti­fique fran­çais est-elle moins forte aujourd’hui ? Non. Elle n’a même cer­tai­ne­ment jamais été aus­si grande.

Voire les signa­tures et signer  : PETITION NATIONALE

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https://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/minist%C3%A8re-de-l-%C3%A9ducation-nationale-de-l-enseignement-sup%C3%A9rieur-et-de-la-recherche-tribune-le-changement-%C3%A0-l-universit%C3%A9-et-dans-la-recherche-c-est-maintenant

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