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MANIFESTE DES PROFS DU MONDE CONTRE LA HAUSSE DES DROITS D’INSCRIPTION À L’UNIVERSITÉ


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Pour la pro­tec­tion de la démo­cra­tie et du droit de pro­tes­ta­tion étudiants

par Guillaume Roberge-Tan­guay, dimanche 22 juillet 2012, 16:20 ·

Si vous êtes prof et que vous dési­rez signer le mani­feste, écri­vez à l’adresse sui­vante en spé­ci­fiant votre affi­lia­tion : manifestegreveetudiante@gmail.com.

 

À dif­fu­ser auprès du plus grand nombre de profs au Qué­bec et ailleurs dans le monde. Merci.

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                                      MANIFESTE DES PROFS CONTRE LA HAUSSE

                Pour la pro­tec­tion de la démo­cra­tie et du droit de pro­tes­ta­tion étudiants

 

Nous sommes professeur.e.s au sein d’institutions d’enseignement supé­rieur. Notre tra­vail est d’ouvrir avec nos étudiant.e.s des hori­zons cri­tiques qui ques­tionnent la réa­li­té et qui offrent des prises sur le monde.

Nous ne nous conce­vons pas comme de simples agent.e.s de repro­duc­tion de l’ordre social, et sur­tout pas comme des offi­ciers de la répres­sion avec laquelle le pou­voir d’État qué­bé­cois a déci­dé d’attaquer, en la mépri­sant, la col­lec­ti­vi­té étu­diante. L’inique Loi 12 (ancien­ne­ment Pro­jet de loi 78), qui cri­mi­na­lise ce qui était encore hier des droits sociaux et des liber­tés civiles, vou­drait que les professeur.e.s québécois.es com­mencent à jouer ces rôles.

Nous dénon­çons cette loi par laquelle le gou­ver­ne­ment qué­bé­cois tente de créer une véri­table chaîne d’obéissance des­ti­née à faire sys­tème et à atta­quer le droit d’association, le droit de mani­fes­ter et, plus lar­ge­ment, toute « action concer­tée » au sein des ins­ti­tu­tions col­lé­giales et uni­ver­si­taires. Désor­mais, nul ne peut entra­ver le droit d’un.e étudiant.e de rece­voir l’enseignement. Nul ne peut contri­buer, direc­te­ment ou indi­rec­te­ment, à « ralen­tir, alté­rer ou retar­der » la reprise ou le main­tien des cours. Les « ras­sem­ble­ments » sus­cep­tibles de per­tur­ber le dérou­le­ment des cours sont inter­dits dans un rayon de 50 mètres des établissements.

Les asso­cia­tions étu­diantes, ain­si que les syn­di­cats de professeur.e.s, ont l’obligation de veiller stric­te­ment au res­pect de ces dis­po­si­tions, sous peine d’amendes exor­bi­tantes. Le minis­tère peut ordon­ner la sup­pres­sion de toutes les res­sources des asso­cia­tions étu­diantes, y com­pris les coti­sa­tions. Enfin, les col­lèges et les uni­ver­si­tés doivent com­mu­ni­quer tout ren­sei­gne­ment que le minis­tère requiert sous peine d’amendes. Sous pré­texte de pro­té­ger le droit d’accès aux cours, cette loi, d’une incroyable féro­ci­té, ins­ti­tue ain­si un mode de gou­ver­nance fon­dé sur une répres­sion admi­nis­tra­tive, judi­ciaire et poli­cière à l’égard de tous ceux et celles qui orga­ni­se­raient leurs forces pour contes­ter ses prin­cipes et son appli­ca­tion ou pour défendre toute posi­tion adop­tée en assem­blée géné­rale, notam­ment sur l’accessibilité à l’éducation supérieure.

Nous tenons pour inac­cep­table que les professeur.e.s québécois.es soient désor­mais contraint.e.s d’être un rouage de ce dis­po­si­tif répres­sif digne d’un roman d’Orwell. D’une part, le gou­ver­ne­ment les somme de faire fi des déci­sions col­lec­tives prises démo­cra­ti­que­ment dans les assem­blées étu­diantes, d’enseigner aux étudiant.e.s qui se pré­sentent en classe et à qui ces cours sont cen­sés « être dus » et, ce fai­sant, de péna­li­ser ceux et celles qui res­pec­te­raient leur vote de grève. C’est une atteinte directe à la liber­té de conscience poli­tique des professeur.e.s. D’autre part, la liber­té de l’enseignement est l’objet d’une ingé­rence non seule­ment de la part des direc­tions d’établissements, mais aus­si de qui­conque dénon­ce­rait ces professeur.e.s pour avoir « aidé ou ame­né une autre per­sonne » à entrer en contra­dic­tion avec cette loi.

Nous refu­sons un tel détour­ne­ment de notre tra­vail. Nous défen­dons et défen­drons tou­jours une édu­ca­tion qui ne tait aucun débat, une édu­ca­tion capable de géné­rer des convic­tions fortes et des pra­tiques concrètes.

Nous refu­sons de contri­buer à la fabri­ca­tion d’un monde mar­qué par la guerre de tous contre tous, la logique mar­chande, la sur­veillance mutuelle, la déla­tion, l’autocensure, la peur. Nous refu­sons que le res­pect du contrat conclu entre un éta­blis­se­ment d’enseignement et un.e étudiant.e serve à légi­ti­mer la vio­lence que l’État exerce à l’endroit des droits col­lec­tifs de nature poli­tique – droits de s’associer, d’exprimer libre­ment son opi­nion, de déci­der col­lec­ti­ve­ment, de faire grève, de manifester.

Nous réaf­fir­mons que les déci­sions prises de façon démo­cra­tique, par des asso­cia­tions dont la légi­ti­mi­té est recon­nue par la loi, sont elles-mêmes légitimes.

Nous res­pec­tons le vote de grève des étudiant.e.s. Nous recon­nais­sons leur droit de pro­tes­ter sur leur lieu d’enseignement et d’interrompre les acti­vi­tés qui s’y donnent, seul moyen pour elles et eux d’avoir un pou­voir de négociation.

Nous ne sau­rions ensei­gner à l’encontre de ces principes.

 

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SVP met­tez vos réseaux à contri­bu­tion; faites cir­cu­ler auprès du plus grand nombre de professeur.e.s d’ici et d’ailleurs. Pour figu­rer par­mi les signa­taires, écrire à l’adresse élec­tro­nique sui­vante : manifestegreveetudiante@gmail.com.

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