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Pendant que les sans dents de l’université crèvent de faim, certains laboratoires empochent des fortunes colossales
12 décembre 2014 Critiques
Je suis professeur des universités en Sciences de l'information et de la communication.

Je travaille sur les relations entre nature, savoirs et sociétés, sur la patrimonialisation de l'environnement, sur les discours à propos de sciences, ainsi que sur la communication dans les institutions du savoir et de la culture. Au plan théorique, je me situe à l'articulation du champ de l'ethnologie et de la sémiotique des discours.

Sinon, dans la "vraie vie", je fais aussi plein d'autres choses tout à fait contre productives et pas scientifiques du tout... mais ça, c'est pour la vraie vie !
Igor Babou
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A nou­veau notre bien aimé gou­ver­ne­ment nous gra­ti­fie de l’un de ses (récur­rents) conflits d’in­té­rêt qui inter­viennent ici au plus haut niveau de l’État : c’est une enquête de Média­part qui nous révèle cela, même si ceux qui suivent l’actualité de la recherche fran­çaise connais­saient déjà depuis un bon bout de temps cette situa­tion ubuesque dans laquelle notre chère ministre est empê­trée. L’en­quête est citée (par­tiel­le­ment) sur le site de Sau­ver l’U­ni­ver­si­té, et elle indique que l’ins­ti­tu­tion du petit copain de Mme Fio­ra­so, notre véné­rée ministre, vient de béné­fi­cier d’un bud­get de…

Tan tan tannnn ! 

Résonnez trompettes ! Sonnez buccins ! 

 

monty-10[1]

274 millions d’euros pour 3 ans !

 

jackpot[1]

Hé oui, mes­dames et mes­sieurs, entrez entrez dans le grand cirque gro­tesque du gou­ver­ne­ment de la Répu­blique Bana­nière de France et féli­ci­tez l’heu­reux gagnant du jour, le CEA, dont le petit copain de Mme la ministre se trouve être, comme par hasard, l’un des prin­ci­paux cadres ! Et n’ou­bliez pas, mes­dames et mes­sieurs les spec­ta­teurs du grand cirque des Nano­tech­no­lo­gies, que Mââme Fio­ra­so, avant d’être l’in­tel­lec­tuelle cri­tique au ser­vice de la Nation et du Savoir qu’elle est main­te­nant, éclai­rant l’a­ve­nir de sa lumi­neuse et pro­fonde pen­sée, a été de 2003 à 2012 pré­si­dente-direc­trice géné­rale de la Sem Mina­tec Entre­prises, pla­te­forme gre­no­bloise de valo­ri­sa­tion indus­trielle du cam­pus d’in­no­va­tion Mina­tec, dédié aux nanotechnologies.

Pen­dant que nos labo­ra­toires n’ont plus les moyens de tra­vailler, pen­dant que les uni­ver­si­tés fran­çaises se rap­prochent de la faillite les unes après les autres, tan­dis que les étu­diants et doc­to­rants sombrent dans la pré­ca­ri­té, cer­tains pro­grammes de recherche obtiennent donc des bud­gets fara­mi­neux… Et comme trop sou­vent, ce ne sont pas des recherches brillant par leur uti­li­té sociale qui en béné­fi­cient, mais encore et tou­jours celles qui s’ins­crivent dans l’i­déo­lo­gie moder­niste des nou­velles tech­no­lo­gies et de l’in­no­va­tion. Quand on sait que les nano­tech­no­lo­gies gre­no­bloises qui ont ici tou­ché le pac­tole ont des débou­chés prin­ci­pa­le­ment mili­taires et sécu­ri­taires, il y a de quoi être très sérieu­se­ment en colère.

Face à tant d’obs­cé­ni­té, gar­der son calme relève de la tra­hi­son ou de la stu­pi­di­té. La seule réac­tion que j’ai est en pen­sant à notre actuel gou­ver­ne­ment et à notre ministre de tutelle est par­fai­te­ment repré­sen­tée par cette pho­to du grand John­ny Cash :

obscene-gestures-finger-johnny-cash[1]

 

Vous pou­vez main­te­nant lire l’ar­ticle repris sur le site de SLU :

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article7269

Alors que les uni­ver­si­tés et la recherche crient famine, Ber­cy a déci­dé d’accorder 274 mil­lions d’euros à un pro­gramme de recherche et déve­lop­pe­ment sur les nano­tech­no­lo­gies à Gre­noble. Or ce pro­gramme inté­resse direc­te­ment l’actuelle secré­taire d’Etat à l’enseignement supé­rieur, Gene­viève Fio­ra­so, et son com­pa­gnon, haut cadre au CEA.

A lire sur Media­part (abon­nés).

Pour le dîner à l’Élysée des pré­si­dents d’université, Fran­çois Hol­lande avait pré­vu de faire une annonce cen­sée mettre du baume au cœur d’une com­mu­nau­té uni­ver­si­taire de plus en plus remon­tée contre l’austérité qu’elle subit. Il doit ain­si affir­mer ce ven­dre­di 12 décembre que les 70 mil­lions d’euros sup­pri­més au bud­get des uni­ver­si­tés par un amen­de­ment du gou­ver­ne­ment seront fina­le­ment réta­blis. Ce geste sur­vient au len­de­main d’une nou­velle jour­née de mobi­li­sa­tion pour dénon­cer le manque de finan­ce­ment dans l’enseignement supé­rieur et la recherche (voir ici le Tum­blr du col­lec­tif Sciences en marche inti­tu­lé Ruines d’Université). Il n’apaisera sans doute pas ceux qui sou­lignent que 70 mil­lions seule­ment seront réta­blis, sur une ampu­ta­tion totale de 136 mil­lions pour ce secteur.

Mais à regar­der de près le pro­jet de loi de finances rec­ti­fi­ca­tif 2015, c’est une tout autre somme qui est en train de sus­ci­ter la colère des uni­ver­si­taires. Dans ce pro­jet rec­ti­fi­ca­tif, un seul pro­gramme de recherche et déve­lop­pe­ment, « Nano 2017 », obtient la somme fara­mi­neuse de 274 mil­lions d’euros pour les trois ans à venir.

C’est un énorme pac­tole, pour un pro­gramme qui allie recherche publique et entre­prises pri­vées autour du déve­lop­pe­ment de la nano-élec­tro­nique à Gre­noble. Le pro­jet de loi de finances rec­ti­fi­ca­tif sti­pule ain­si que le pro­gramme 406 « inno­va­tion » béné­fi­cie d’une « Ouver­ture nette de 192 M€ de cré­dits dans le cadre des redé­ploie­ments du pro­gramme d’investissements d’avenir vers le dis­po­si­tif “Nano 2017”, à laquelle s’ajoutent 82 M€ de redé­ploie­ments internes issus des autres actions finan­cées sur le pro­gramme. Ces 274 M€ per­mettent d’assurer le finan­ce­ment du volet natio­nal du pro­gramme gre­no­blois de sou­tien à la nano­tech­no­lo­gie sur la période 2015–2017 ».

[…] (La suite sera pro­chai­ne­ment dis­po­nible sur le site de SLU.)

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