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Interdire la mort … ou favoriser la vie ?


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Vou­lant stop­per la dégrin­go­lade de son vil­lage de cinq-cent-trente-sept habi­tants, un maire du sud de la Calabre, Davide ZICCHINELLA, eut, il y a quelques mois, l’idée de prendre un arrê­té inter­di­sant que l’on meure sur le ter­ri­toire de la commune.

Il pen­sait don­ner ain­si un signe sus­cep­tible de faire venir des jeunes. Il y a eu, en effet, un afflux signi­fi­ca­tif de nou­veaux habi­tants, mais ce sont prin­ci­pa­le­ment des per­sonnes âgées qui sont venues s’installer, en par­ti­cu­lier à la mai­son de retraite … car ces vieillards, tenaillés par la han­tise de la mort, s’imaginaient mieux abri­tés de la venue de Tha­na­tos dans ce vil­lage où un arrê­té muni­ci­pal lui inter­di­sait d’opérer. Clouer un fer à che­val à sept trous sur leur porte aurait pro­ba­ble­ment eu tout autant d’effet, sans quit­ter leur demeure antérieure.

On peut, tout d’abord s’incliner cha­peau bas devant le cha­risme de cet édile dont une signa­ture au bas d’un par­che­min aurait le pou­voir de ren­voyer la mort dans ses foyers. Nos meilleurs boni­men­teurs me semblent très loin d’égaler Davide ZICCHINELLA. Il a, incon­tes­ta­ble­ment du talent pour se faire connaître sans être pas­sé par HEC puisqu’il est médecin.

Le deuxième ensei­gne­ment est plu­tôt à des­ti­na­tion des Ins­ti­tuts où l’on conduit des Etudes Poli­tiques, comme rue Saint Guillaume à Paris. Quelle belle étude de cas sur la dif­fé­rence entre le mes­sage d’un Poli­tique et ce que l’opinion com­prend et retient.

La troi­sième leçon est éga­le­ment très poli­tique, et c’est l’étonnement de voir recou­rir à une mesure néga­tive inca­pable de chan­ger le cours de la vie, au lieu de prendre uni­que­ment des mesures posi­tives sus­cep­tibles d’attirer des familles jeunes par des condi­tions d’installation, du tra­vail, des faci­li­tés pour l’éducation des enfants … peut-être, d’ailleurs, en mobi­li­sant les seniors aux­quels cela don­ne­rait une nou­velle rai­son de vivre, au lieu de ne sur­veiller que la pro­gres­sion de tous ces maux que l’âge nous apporte.

On peut rire et se moquer de la solu­tion ima­gi­née par ce maire, mais nos « grands Poli­tiques » ne tablent-ils pas sur leur image pour nous faire croire qu’ils peuvent conju­rer le mau­vais sort ?

N’oublient-ils pas régu­liè­re­ment de s’interroger sur l’énorme déca­lage entre ce qu’ils vou­laient dire et ce que les Fran­çais en retiennent ?

Sur­tout ne prennent-ils pas plus volon­tiers des déci­sions répres­sives tota­le­ment inef­fi­caces, comme on le voit après les atten­tats de 2015, au lieu de s’attaquer posi­ti­ve­ment au mal de vivre d’une popu­la­tion jeune lais­sée sans espoir et donc facile à entraî­ner dans les pires aventures ?

Jean-Paul BOURGЀS 19 jan­vier 2015

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4 réponses “Interdire la mort … ou favoriser la vie ?”

  1. 19 janvier 2016 à 17 h 13 min

    Plai­san­ter, sur­plai­san­ter autour d’une plai­san­te­rie… Pour­quoi pas… Mais se lan­cer à en tirer des “ensei­gne­ments” … C’est un peu écrire pour pas grand-chose…

    En fait le maire de Sel­lia en Calabre a pris un arrê­té humo­ris­tique rele­vant de la com­mu­ni­ca­tion publique (celle que l’on rat­tache par­fois à la “péda­go­gie”) pour inci­ter ses conci­toyens âgés à faire un check-up annuel. Pour cela, l’ar­rê­té les mena­çait d’une péna­li­té fis­cale de 30 euros en cas de décès alors qu’on n’a­vait pas été assi­du aux démarches de pré­ven­tion médi­cale… Ce maire était aus­si méde­cin et avait à “lan­cer” un centre de gériâ­trie, dont il vou­lait faire un outil de “déve­lop­pe­ment local”. Appa­rem­ment ça a mar­ché… Il y a des pra­tiques de la méde­cine qui peuvent être ren­tables, dans divers sens du terme…

    Y a‑t-il là une grande inno­va­tion sociale à méditer…

    Juste peut-être noter que les per­sonnes âgées n’ont pas besoin qu’on cen­sure l’i­dée de mort mais qu’au contraire il ne leur déplait de lui faire de temps en temps un clin d’oeiL..

    Cette ini­tia­tive de com­mu­ni­ca­tion publique visait aus­si à modi­fier le regard sur la ges­tion des per­sonnes âgées et le com­por­te­ment des per­sonnes âgées par rap­port à leur san­té et leur mode de vie… Appa­rem­ment beau­coup d’entre elles peuvent vivre dans un vil­lage agréable, au lieu d’être concen­trées en rési­dence spé­cia­li­sée close, si bien sûr le vil­lage, par ailleurs, offre les ser­vices de san­té nécessaire.

    Il est pro­bable que cette démarche était plus une démarche mar­ke­ting pour faire béné­fi­cier une bour­gade cos­sue d’une popu­la­tion fis­ca­le­ment ren­table qu’une démarche sociale … comme celle par exemple qui van­te­rait avec le même genre d’ar­gu­ment un équi­pe­ment géra­trique de haut-niveau des­ti­né, sans dis­cri­mi­na­tion, aux habi­tants de Seine-Saint-Denis ou de Marseille…

     

     

     

    • 19 janvier 2016 à 17 h 42 min

      Oli­vier, bien sûr que c’é­tait une démarche mar­ke­ting. Ceci étant elle a sur­tout atti­ré des vieux et non des jeunes … et de ce point de vue elle res­semble beau­coup à ce que font nos Poli­tiques … c’est ce que j’ai vou­lu indiquer.

  2. 19 janvier 2016 à 20 h 39 min

    Pas de pen­sée, des slogans.

    • 20 janvier 2016 à 1 h 02 min

      Oui, Lar­bi, et ce qui me frappe c’est le paral­lé­lisme trou­blant que je trouve entre le maire d’un vil­lage cala­brais et les pré­ten­tieux qui dirigent l’une des prin­ci­pales éco­no­mies mon­diales. Ils sont exac­te­ment sur le même registre nullissime !

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