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Deux mois après … il refuse de comprendre


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Dans les billets que j’ai écrits dans les jours qui sui­virent les atten­tats du 13 novembre, j’avais évo­qué la néces­si­té de com­prendre en pro­fon­deur ce qui pou­vait être à l’origine de ces com­por­te­ment mons­trueux qu’on résume par le terme de ter­ro­risme ( https://blogs.mediapart.fr/jean-paul-bourges/blog/171115/decidons-de-nous-aimer ).
Plu­sieurs décla­ra­tions du Pre­mier Ministre font état de ce qu’il assi­mile « réflexion en vue de com­prendre » et « recherche d’excuses » … et qu’il y est, par consé­quent, opposé.
Il me semble que cette logique est très exac­te­ment ce qu’on nomme l’obscurantisme.
Nous sommes gou­ver­nés par un obs­cu­ran­tiste … quelle déchéance nationale !
Comme je suis d’un tem­pé­ra­ment un peu fron­deur, je vais essayer de com­prendre ce qui a pu se pro­duire pour qu’un Pre­mier Ministre socia­liste puisse agir et s’exprimer comme s’il appar­te­nait à la branche dure de l’UMP. Mais, à l’avance, je pré­viens … ça n’est pas dans le but de lui trou­ver des excuses.
Toute la vie poli­tique fran­çaise vient de subir ce qui est déjà arri­vé de nom­breuses fois à la Terre : une bas­cule des pôles. Au cours d’une période pou­vant durer de cent à dix-mille ans, les pôles se déplacent, jusqu’à se re-sta­bi­li­ser avec le pôle nord magné­tique au sud géo­gra­phique et réci­pro­que­ment le sud au nord.
Depuis la seconde guerre mon­diale la bous­sole poli­tique et intel­lec­tuelle fran­çaise fut domi­née par un pôle gauche, même quand la droite exer­ça le pou­voir. L’inversion de ces pôles poli­tiques a com­men­cé il y a une ving­taine d’années et cela joua autant sur la droite que sur la gauche. Concer­nant cette der­nière, rap­pe­lons-nous le pro­pos « L’Etat ne peut pas tout » pro­non­cé à l’occasion de licen­cie­ments chez Miche­lin par Lio­nel JOSPIN qui, Pre­mier Ministre, disait son aban­don de l’idée que l’Etat a un rôle actif à jouer sur l’économie. Quelle dis­tance par­cou­rue depuis le temps où le Géné­ral DE GAULLE, pour­tant peu sus­pect de gau­chisme, par­lait du Plan en le défi­nis­sant comme « une ardente obligation ».
Désor­mais le pôle droit extrême a pris le rôle de pôle domi­nant. La droite, qui devrait s’y sen­tir bien, penche donc for­te­ment vers l’extrême-droite. Les socia­listes n’ont plus que le nom de leur par­ti pour les rat­ta­cher à la gauche, de même que l’UMP a dû se parer indû­ment du terme de Répu­bli­cain pour se pré­mu­nir d’une pro­bable diges­tion par le Front Natio­nal qui, lui, ré-invente le pétainisme.
Manuel VALLS est vic­time de cette inver­sion des pôles poli­tiques … mal­heu­reu­se­ment nous le sommes par rico­chet car il finit d’achever la bas­cule qui marque l’ensemble de la socié­té fran­çaise qui aspire à plus d’autorité, à du pro­tec­tion­nisme, au repli iden­ti­taire, à des crèches dans les mai­ries … en un mot à une régres­sion de plus d’un siècle.
Mais un homme poli­tique ayant un rôle aus­si impor­tant que Manuel VALLS peut avoir un com­por­te­ment qu’on explique … sans avoir droit à la moindre excuse.
Durant l’inversion des pôles, la Terre n’est plus bien pro­té­gée des radia­tions cos­miques ce qui peut pré­sen­ter un risque mor­tel pour cer­taines espèces et pro­vo­quer des muta­tions chez d’autres. Lors du phé­no­mène poli­tique, les risques de dérives graves me semblent éga­le­ment très forts et nous assis­tons déjà à d’étranges mutations.
Jean-Paul BOURGЀS 13 jan­vier 2016

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13 réponses “Deux mois après … il refuse de comprendre”

  1. Al Ceste
    13 janvier 2016 à 14 h 21 min

    http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20160113.OBS2699/les-tres-chers-meilleurs-voeux-de-manuel-valls.html

    Par contre, il ne refuse pas de com­prendre que ses petits cama­rades de la com’ ont besoin de beau­coup de sousous.

  2. 13 janvier 2016 à 14 h 37 min

    Al Ceste, je n’ai même pas envie de polé­miques péri­phé­riques fon­dées sur des aspects peu ragoû­tants de copinage.

    Pour moi le sujet est plus lourd que cela. Il cor­res­pond à un rejet de ce qui fait appel à l’in­tel­li­gence au pro­fit des sen­ti­ments les plus primaires.

    Je ne fais pas par­tie des intel­lec­tuels car je suis plus un homme de l’ac­tion concrète que de la réflexion … mais voir récu­ser ain­si la néces­si­té de com­prendre me semble une véri­table entrée dans une spi­rale de la bar­ba­rie, annon­cia­trice des pires horreurs.

    Très ami­ca­le­ment. Jean-Paul

    • 13 janvier 2016 à 18 h 46 min

      J’ai en effet l’im­pres­sion d’ob­ser­ver cette bas­cule, ou ce glis­se­ment, en tout cas quelque chose qui res­semble à un chan­ge­ment des repères. Je me disais, mais avec tout ce que je lis sur ce site sur la com­mu­ni­ca­tion, je ne sais plus… je me disais quand même que le dogme mar­te­lé depuis main­te­nant des années et des décen­nies nous invi­tant à être réa­listes, à accep­ter les faits, les consé­quences de “la crise” y était pour quelque chose. Nous sommes pris dans un engre­nage mon­dial qui rigi­di­fie les marges de manoeuvres (en tout cas c’est ce que je “gobe”) et fait que toute pro­po­si­tion en déca­lage avec ces normes devient uto­piste. Et ça, craindre que pen­ser autre­ment, c’est pen­ser inuti­le­ment, prendre les normes pour des véri­tés, c’est déjà un glis­se­ment de la gauche vers la droite.

      • Avatar photo 13 janvier 2016 à 19 h 16 min

        Ce que je trouve dan­ge­reux, c’est que ce bas­cu­le­ment n’est pas un effet contex­tuel ou de l’o­pi­nion. Il me semble qu’il est plu­tôt sciem­ment orga­ni­sé par des lea­ders déma­go­giques, et ampli­fié par des jour­na­listes serviles.

        Nos lea­ders poli­tiques sont des déma­gogues en rai­son, me semble-t-il, de la médio­cri­té de leur for­ma­tion (ENA/Science po Paris : une véri­table poli­tique de gauche devrait, si elle arri­vait au pou­voir, sup­pri­mer ces offi­cine de l’ap­pren­tis­sage de la ser­vi­li­té à l’é­gard du marché).

        Nos jour­na­listes ne sont pas ser­viles par essence (les jour­na­listes sont comme vous et moi, ni pires ni meilleurs), mais ils sont mis dans des condi­tions de pré­ca­ri­té (smi­car­di­sa­tion de l’en­semble des métiers de la presse et des médias audio­vi­suels) et dans un contexte de concen­tra­tion mono­po­lis­tique des indus­tries de l’in­for­ma­tion, qui leur inter­dit toute indé­pen­dance intel­lec­tuelle et poli­tique réelle, sauf à cre­ver de faim dans des web­zines ou dans la presse alternative.

        Et il y a un contexte délé­tère éga­le­ment à gauche : qui y pense encore ? Mys­tère. Le der­nier à avoir ten­té de réflé­chir, c’é­tait Mélen­chon. Mais il est trop dans un trip “tri­bun” à l’an­cienne pour convaincre les gens vrai­ment de gauche. Quant aux autres, ils ne valent même pas l’éner­gie qu’on met­trait à en parler.

        Autre élé­ment de contexte : la fin des grandes idéo­lo­gies depuis la chute du mur de Ber­lin et la prise de conscience de l’hor­reur du com­mu­nisme en URSS. Ces anciens cadres n’ont pas encore trou­vé de cadres de sub­sti­tu­tion per­met­tant d’o­rien­ter l’ac­tion poli­tique sur du long terme et d’é­vi­ter un retour à la vio­lence poli­tique, typique des périodes de crise idéo­lo­gique. Seule l’é­co­lo­gie, à mon avis, pour­rait reprendre le flam­beau des uto­pies trans­for­ma­trices, mais il fau­drait le faire en dehors des par­tis actuels. Et le faire avec une logique prag­ma­tique, celle de l’ho­ri­zon­ta­li­té et non celle des lea­ders cha­ris­ma­tiques (enfin, autant qu’on puisse dire que de Duf­flot à Hulot en pas­sant par Pla­cé il y aurait un quel­conque cha­risme, par­mi ces petits bureau­crates de la pen­sée juste avide de places de seconde zone au sein des ministères…).

        Ca, plus une éco­no­mie qui conti­nue à pré­tendre que la crois­sance serait la seule issue, alors que rien ne croit autant que les inéga­li­tés et que la pla­nète ne pour­ra évi­dem­ment pas sup­por­ter cette crois­sance absurde. Mais de là à envi­sa­ger la décrois­sance, il y a du che­min, sur­tout si on reste dans l’é­tat de connexion géné­ra­li­sée de la glo­ba­li­sa­tion : au Sud, le thème de la décrois­sance est inau­dible, et c’est légi­time qu’il en soit ain­si. Et au Nord, on ne fera rien car on est trop égoïstes et on consi­dère que les chan­ge­ments doivent être glo­baux ou ne pas être. Ce qui est sim­ple­ment idiot.

        En gros, il fau­drait mettre bout à bout des pers­pec­tives d’é­man­ci­pa­tion, de dé-glo­ba­li­sa­tion, de décrois­sance locale sur des aspects pré­cis et mesu­rés, et entrer dans une logique de prag­ma­tique  déper­son­na­li­sée (mais sur­tout pas en renouant avec les idéo­lo­gies uni­ver­sa­listes et dés­in­car­nées) pro­po­sant des direc­tions sur les­quelles un sys­tème “véri­fi­ca­tion des effets/modification en fonc­tion des besoins et des résul­tats” serait pos­sible et per­met­trait des diag­nos­tics socia­le­ment par­ta­gés, tenant compte de la diver­si­té des savoirs en jeu. Ça, plus une atten­tion socio­lo­gique et anthro­po­lo­gique forte à la culture, aux faits reli­gieux et aux dyna­miques du conflit, dont la sphère poli­tique dans son ensemble semble dénuée tant elle n’est for­mée qu’à l’é­co­no­mie de mar­ché et à la ges­tion à court terme : il fau­drait (re)penser les faits iden­ti­taires, (inter)culturels et reli­gieux, et non leur dénier toute per­ti­nence au nom d’un laï­car­disme gau­chiste d’un autre âge ou d’un anti-com­mu­ni­ta­risme aveugle aux trans­for­ma­tions géo­po­li­tiques. Le fait de la migra­tion (envi­ron 60 mil­lions de per­sonnes étaient “migrantes” en 2015 dans le monde) est deve­nu anthro­po­lo­gi­que­ment majeur, et non excep­tion­nel, et cela ne peut que s’ac­cen­tuer avec le chan­ge­ment cli­ma­tique et les guerres. D’où d’i­né­vi­tables pro­blèmes inter­cul­tu­rels et inter­con­fes­sion­nels à venir.

        Celles et ceux qui arri­ve­raient à mettre tout cela en forme poli­ti­que­ment auraient peut-être un bout de solu­tion crédible.

        • Al Ceste
          13 janvier 2016 à 21 h 20 min

          Seule l’écologie, à mon avis, pour­rait reprendre le flam­beau des uto­pies transformatrices

          J’y ai cru un temps, et je crois encore au tra­vail concret (donc, pas aux congrès) sur le terrain.

          Mais tom­ber de Pierre Four­nier (la Gueule ouverte) en Jean-Vincent Pla­cé (ma gueule et moi) : impossible !

        • 14 janvier 2016 à 1 h 16 min

          Je ne crois pas que ce soit “orga­ni­sé”. Je crois plu­tôt que c’est subi par des indi­vi­dus (Les diri­geants mais aus­si tout un cha­cun) qui ont renon­cé à réagir … autre­ment dit à exister.

    • Al Ceste
      13 janvier 2016 à 21 h 16 min

      Ce n’é­tait qu’une inci­dente, et vous aviez très bien décrit le pou­voir de nui­sance de cet homme non d’i­dées mais de pouvoir.

      On ne lâche rien !

  3. Avatar photo 13 janvier 2016 à 15 h 58 min

    Une inter­view assez connue de Pierre Bour­dieu, par Pierre Carles, est inté­res­sante pour avan­cer sur cette ques­tion des inver­sions droite/gauche. C’est situé à la fin de la pre­mière vidéo, et dans la seconde (qui s’en­chaîne auto­ma­ti­que­ment après la pre­mière). Quand on entend ce qu’il dit de Hol­lande et de Royal en 1998, on ne peux que se dire que la socio­lo­gie a par­fois un temps d’a­vance sur la per­cep­tion com­mune des orien­ta­tions réelles des politiciens :

  4. 13 janvier 2016 à 21 h 55 min

    Il y a quelques années, je pen­sais que je souf­frais du syn­drome du BVT (bon vieux temps), où on avait des Bras­sens, Elvis, Bar­ba­ra, Rol­ling stones, Brel, Beatles, etc., et qui duraient avec talent et me sur­pre­naient à chaque nou­veau­té. Aujourd’­hui, je n’en suis plus si sûr. Je suis éton­né quand j’en­tends des per­sonnes de vingt ans, enfants de Bobos, c’est vrai, chan­ter en chœur “Le gorille”, et sans une erreur.
    Notre monde se dit peut-être que toutes les révoltes et réformes ont été essayées et qu’au­cune ne don­nant satis­fac­tion, on vit avec le temps pré­sent. Mais pas parce que nous obéis­sons à la réa­li­té, mais parce que nous avons décou­vert tel­le­ment de réa­li­tés que nous ne savons laquelle choi­sir, ou com­ment les mélan­ger pour ne plus en faire qu’une. Alors, on fait avec le pré­sent en atten­dant que ça s’é­clair­cisse. Mettre toutes ces réa­li­tés en forme néces­si­te­rait d’a­bord que nous ayons iden­ti­fié les fausses réa­li­tés (cer­taines réa­li­tés du capi­ta­lisme, de l’ac­cès aux connais­sances, etc.).
    Ceci n’est vrai que pour l’Oc­ci­dent, mais l’Oc­ci­dent avide est meneur du monde et a ten­dance à étouf­fer les révoltes issues d’autres réalités.
    Cette bas­cule dont parle Jean-Paul est peut-être le résul­tat du choix dif­fi­cile à faire entre les réa­li­tés auquel sont confron­tés les psy­cho­pathes qui nous dirigent. Et qu’à leur niveau de déci­sion, leur indé­ci­sion est fatale.

  5. Avatar photo 14 janvier 2016 à 0 h 02 min

    Si j’é­tais opti­miste, je cite­rais Gram­sci : “La crise consiste jus­te­ment dans le fait que l’an­cien meurt et que le nou­veau ne peut pas naître : pen­dant cet inter­règne on observe les phé­no­mènes mor­bides les plus variés”.

    Mais je ne suis pas sur de pou­voir être optimiste.

    • 14 janvier 2016 à 1 h 13 min

      Le billet que je viens de publier appelle, non à l’op­ti­misme, mais au volon­ta­risme qui est la forme ultime, avant le plon­geon final, du pessimisme.

  6. Al Ceste
    14 janvier 2016 à 17 h 46 min

    (Petit troll : allez voir ma ques­tion au troquet)

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