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Grève de la faim de deux universitaires turcs pour la Paix : appel à soutien pour Nuriye Gülmen et Semih Özakça


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Je relaie ici un texte concer­nant une grève de la faim de deux col­lègues turcs, qui en sont à leur 63ème jour sans ali­men­ta­tion : ils ont été limo­gés comme tant d’autres pour avoir signé la péti­tion pour la paix, et ont choi­si une moda­li­té de lutte assez radi­cale. De manière assez pré­vi­sible, il n’y a eu aucune reprise de cette info dans les médias fran­çais, ni aucune prise de posi­tion de nos ser­vices consu­laires et autres minis­tères. Je ne sais pas si la mise en cir­cu­la­tion d’un texte peut aider ces deux col­lègues turcs (leur sur­vie est en jeu, en ce moment-même), mais peut-être avez vous dans vos connais­sances un ou des dépu­tés euro­péens, ou des (ex…) membres d’un minis­tère ou d’une ins­ti­tu­tion influente, sait-on jamais ? Le Pré­sident de l’u­ni­ver­si­té Paris-Est Marne-la-Val­lée a, par exemple, pro­mis de pré­sen­ter ce pro­blème à la CPU (Confé­rences des Pré­si­dents d’U­ni­ver­si­té) et d’y défendre une action de soutien.

Mer­ci à vous de faire cir­cu­ler ce texte, et la péti­tion dont le lien suit peut évi­dem­ment être signée. Il y a éga­le­ment un lien plus bas vers le site de Kedis­tan, qui est l’un des rares médias fran­çais à s’in­té­res­ser sérieu­se­ment à la répres­sion en Turquie.

Nuriye et Semih ont besoin de votre soutien !

Les ensei­gnants limo­gés Nuriye Gül­men et Semih Özak­ça sont entrés dans une phase cri­tique de leur grève de la faim. Nos ami-es sont en grève de la faim depuis plus de 60 jours en pro­tes­ta­tion à leur licen­cie­ment et aux vagues de purges en Tur­quie, et dénoncent l’au­to­ri­ta­risme du gou­ver­ne­ment d’Er­doğan. Les auto­ri­tés turques ont limo­gé plus de 4 464 ensei­gnant-es dans le cadre des purges lan­cées depuis la ten­ta­tive de coup d’E­tat en juillet der­nier, et la publi­ca­tion d’un décret-loi le per­met­tant, et ces purges sont deve­nues un mode d’exer­cice du pou­voir auto­ri­taire d’Er­doğan mena­çant les oppo­sants et les Kurdes du pays.

De plus, depuis 2015, le gou­ver­ne­ment turc per­pé­tue un mas­sacre au Kur­dis­tan de Tur­quie et a décla­ré la guerre aux kurdes. Des crimes contre l’humanité se pro­duisent désor­mais quo­ti­dien­ne­ment au Kur­dis­tan dans un silence assourdissant.
Les Uni­ver­si­taires pour la paix sou­haitent atti­rer l’at­ten­tion sur le mas­sacre et l’exer­cice de la vio­lence éta­tique en Tur­quie et spé­cia­le­ment dans la région kurde.

Nous exi­geons que cessent les mas­sacres et l’exil for­cé qui frappent les Kurdes et les peuples de ces régions, la levée des couvre-feux, que soient iden­ti­fiés et sanc­tion­nés ceux qui se sont ren­dus cou­pables de vio­la­tions des droits de l’homme, et la répa­ra­tion des pertes maté­rielles et morales subies par les citoyens dans les régions sous couvre-feu.

Nous deman­dons au gou­ver­ne­ment turc d’ar­rê­ter le mas­sacre, la domi­na­tion tota­li­taire et retour­ner au pro­ces­sus de paix.
Pour cela, nous avons a décla­ré : « Bu Suça Ortak Olmaya­cağız ! » — Nous, ensei­gnants-cher­cheurs de Tur­quie, nous ne serons pas com­plices de ce crime ! per­pé­tré au Kurdistan.

Depuis notre péti­tion, puis les purges, le gou­ver­ne­ment a com­men­cé à cibler les uni­ver­si­taires comme d’ailleurs tous les autres citoyens.
Les uni­ver­si­taires et les ensei­gnants ont subi un limo­geage mas­sif. Depuis le coup d’É­tat man­qué, plus de 41 000 per­sonnes ont été arrê­tées en Tur­quie et plus de 100 000 limo­gées ou sus­pen­dues, notam­ment des pro­fes­seurs, des ensei­gnants et des magis­trats. Des dizaines de médias et d’as­so­cia­tions ont par ailleurs été fer­més et de nom­breux jour­na­listes licen­ciés, empri­son­nés. Depuis 2015, le gou­ver­ne­ment AKP s’é­rige en régime tota­li­taire, abou­tis­sant à ce que des citoyens limo­gés, ciblés, mena­cés, empri­son­nés sur le sol de la Tur­quie, en viennent à «une mort lente », en uti­li­sant la grève de la faim.

Nuriye et Semih sont en grève de la faim depuis le 11 mars à Anka­ra. Ils-elles sont entré-es en résis­tance au mois de novembre 2016, après leur licen­cie­ment en novembre 2016.

Comme des mil­liers de fonc­tion­naires, ensei­gnant-es du pri­maire à l’université, ou appar­te­nant à d’autres ser­vices publics, syn­di­qué-es ou non, Nuriye et Semih ont été licen­cié-es dans le cadre des purges poli­tiques menées par Erdoğan. Nombre d’entre eux et elles ont subi l’exil poli­tique et ont refu­sé de se taire et de se sou­mettre. Ils-elles se sont révol­té-es contre les licen­cie­ments mas­sifs, contre l’État d’urgence et plus lar­ge­ment contre la répres­sion. Tabas­sé-es, arrê­té-es, pla­cé-es en garde-à-vue, de mul­tiples fois, ils-elles n’ont pas renon­cé. L’histoire de résis­tance de Nuriye Gül­men com­mence par un sit-in le 9 novembre 2016, à Anka­ra, sur le bou­le­vard Yüksel.
Pour une ving­taine de sou­tiens et une seule mani­fes­tante, plus d’une cen­taine de poli­ciers anti-émeute ont été déployés, à peine avait-elle com­men­cé à pro­non­cer la pre­mière phrase de son com­mu­ni­qué “Je suis une uni­ver­si­taire licen­ciée”. Nos ami-es Nuriye Gül­men et Semih Özak­ça comme nous et les autres col­lègues, se sont retrou­vés au chô­mage subi­te­ment, comme des cen­taines de mil­liers de fonc­tion­naires licen­ciés par décret, et pro­je­tés dans la pré­ca­ri­té, et ont donc déci­dé de faire une grève de la faim contre le licen­cie­ment et l’i­né­ga­li­té gou­ver­ne­men­tale depuis plus de 60 jours main­te­nant. Ces ensei­gnant-es, sont entré-es en résis­tance, et après avoir mani­fes­té d’abord seul-es, ont ensuite réuni leurs forces. Ils-elles ont été moles­té-es, frap­pé-es, traî­né-es au sol, de nom­breuses fois arrê­té-es et mis-es en garde-à-vue, mais dès qu’ils-elles retrouvent la liber­té, se rendent au lieu de ren­dez-vous, à Anka­ra, et recom­mencent avec déter­mi­na­tion leur grève de la faim.

Cette déci­sion de nos col­lègues ami-es ques­tionne néces­sai­re­ment la pra­tique du pou­voir de l’É­tat turc et son lan­gage extra­va­gant et typique qui assume la domi­na­tion raciale, le crime de guerre, l’enfermement, la vio­lence para­mi­li­taire et la tor­ture face à ses citoyens.
Leur résis­tance est emblé­ma­tique de la situa­tion des oppo­sant-es de Turquie.
Des mil­liers de per­sonnes, syn­di­ca­listes, fémi­nistes, kurdes ou sim­ple­ment révol­té-es, sont enfer­mées dans les geôles turques.
La réa­li­té de la répres­sion pour­rait encore s’aggraver main­te­nant après le réfé­ren­dum qui donne les pleins pou­voirs à Erdoğan et qui lui per­met­tra de gou­ver­ner par décret, le par­le­ment n’étant alors plus qu’une simple chambre d’enregistrement.

Nos col­lègues annoncent qu’ils n’a­ban­don­ne­ront pas les exi­gences de la grève de la faim sans enga­ge­ments concrets de la part du gouvernement.

Chaque jour de plus que nos ami-es sont contraints de pas­ser en ris­quant la mort pour leurs droits les rap­proche un peu plus d’une issue fatale, et nous pen­sons que nous per­dons là notre humanité.

C’est une lutte pour la vie, et non pour la mort. Nous invi­tons tout le monde à réagir.

Ils nous appellent : “Si vous vou­lez faire quelque chose pour nous, éle­vez notre voix !”

Faites ces­ser les licen­cie­ments illé­gaux et arbitraires.

Nuriye et Semih ont besoin de votre soutien !

Signez la péti­tion : https://www.change.org/p/government-of-turkey-reinstate-nuriye-and-semih-to-their-jobs
En savoir plus : http://www.kedistan.net/2017/05/09/nuriye-et-semih-greve-faim-2-mois/

Igor Babou
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