Et c’est parti … haro sur les « S » !
Ecrit par Jean-Paul Bourgès, 7 Jan 2016, 2 commentaires
N’ayant pas peur de choquer ceux qui préfèrent réagir que réfléchir, c’est un an après l’attentat contre Charlie que j’écris ce billet.
Tous ceux qui tiennent le crachoir médiatique, qu’ils soient d’extrême-droite, de droite-extrême, de droite ou de gauche-droite comme on le scande durant les défilés … surenchérissent devant tous les micros qui se tendent vers eux. Déchoir de leur nationalité les binationaux coupables de terrorisme ? Pas mal, mais on peut faire mieux dit l’un … en l’étendant à d’autres crimes que le terrorisme. Pourquoi réserver ça aux seuls binationaux répond une autre … qui l’appliquerait bien à tous les Français, sans se rendre compte que ça créerait des apatrides contrairement aux textes internationaux qui nous lient.
Ce bavardage médiatique aurait de quoi nous faire rire, si nous n’assistions pas à la perte de deux qualités que l’on associait jusqu’à présent au fait d’être Français : un esprit rationnel (Nous ne sommes pas pour rien le pays de René DESCARTES) et le sens du ridicule.
Pour ce qui est du cartésianisme, on n’a rarement vu plus opposé à son respect que remuer ainsi le pays à propos d’une mesure sans l’ombre d’un effet sur ceux qu’elle veut mettre hors d’état de nuire. Pour ce qui est du sens du ridicule, c’est plus subtil … et pervers. On prend un peuple, qui se croit le plus intelligent sur terre, pour un troupeau de demeurés prenant des vessies pour des lanternes et ne se rendant pas compte que le monde entier rit de notre naïveté … sauf Donald TRUMP !
Avec ce plongeon dans l’obscurité politique et médiatique, il y a, heureusement, de petits rais de lumière qui, une fois de plus, nous viennent de la magistrature.
A Nice un homme tenant un restaurant-halal fut fiché « S », au motif que, Musulman convaincu et ne s’en cachant pas, il était soupçonné de salafisme … sans qu’aucun acte précis lui ait été reproché. Son restaurant fut cependant fermé par décision administrative et il fut assigné à résidence … autrement dit privé de la possibilité de gagner sa vie.
Ayant attaqué cette décision devant le Tribunal Administratif, celui-ci a manifesté ses doutes quant au bien-fondé de la décision administrative ne reposant sur aucun élément prouvant sa dangerosité et comportant d’étranges erreurs comme dire que le restaurateur est Tunisien alors qu’il est Français ou « qu’il a des sympathies pour le Hezbollah » alors que chacun sait que le Hezbollah, Chiite, est l’ennemi des Sunnites salafistes.
En lançant cette absurde idée de « fichage S » de prétendus suspects et de déchéance de nationalité des binationaux terroristes, l’Etat a ouvert la boite de Pandore et initié une « chasse aux suspects » qui stigmatise plusieurs millions de Français et facilitera encore plus les crimes des vrais terroristes qui s’adapteront à la nouvelle donne en se rasant la barbe, en mangeant du porc et en fréquentant les églises au lieu des mosquées … car l’accueil de soixante-dix vierges mérite bien quelques sacrifices, surtout s’ils sont commis sur ordre du Calife Abou Bakr AL-BAGHDADI.
Jean-Paul BOURGЀS 7 janvier 2016
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A Nice un homme tenant un restaurant-halal fut fiché « S », au motif que, Musulman convaincu et ne s’en cachant pas, il était soupçonné de salafisme … sans qu’aucun acte précis lui ait été reproché. Son restaurant fut cependant fermé par décision administrative et il fut assigné à résidence … autrement dit privé de la possibilité de gagner sa vie.
Le TA est-il allé jusqu’à ordonner à l’Etat de l’indemniser pour la perte de revenus ?
Point encore. Pour l’instant le TA s’est contenté de demander à l’administration de justifier autrement l’assignation à résidence … ce qui est une façon de lui dire qu’en l’état actuel cette mesure est injustifiée. Annuler l’assignation à résidence devrait être l’étape d’après … quant à indemniser cela me semble très douteux.