David Bowie, trouvant que le monde des terriens manquait décidément d’imagination et n’était plus récupérable, a décidé de nous laisser en plan et de retourner sur la planète Mars ! On le comprend : sans doute s’ennuyait-il autant que nous sur Terre, et surtout, lui, il avait les moyens de retourner sur sa planète d’origine avant que sa double nationalité martienne-terrienne ne lui pose problème et ne lui soit retirée par les terriens en raison de ses attentats sonores.
Avec Bowie, c’est du très lourd qui disparait… Bowie n’était cependant pas dans mon top 10 personnel, même je reconnais avoir bien aimé quelques uns de ses albums, dont ceux produits avec Brian Eno. En particulier Outside, sa dernière collaboration avec Eno si je ne me trompe pas. Pour ma génération et surtout dans mon milieu musical, Bowie c’était quand même un peu trop pop, et trop lié au marché de la musique pour susciter une réelle admiration. Mais son personnage de Ziggy Stardust, sa définition de l’androgynie, certains de ses thèmes récurrents, ont tout de même marqué l’histoire du rock : il restera un ovni musical.
On a beaucoup glosé sur sa capacité à sentir les innovation de la rue, les musiques en marge, et à se les approprier pour leur donner une dimension “grand public”. Plus qu’un défricheur, Bowie aurait été une fantastique machine à assimiler les marges et à leur fournir une audience élargie. C’est un peu vrai, sauf que Bowie était tout de même un sacré songwriter. On retiendra ses collaborations avec Eno, son amitié indéfectible avec Iggy Pop, et pour illustrer la machine à assimiler, je vais vous laisser avec ces extraits du concert de la tournée d’Outside, dans les années 95, qu’il a réalisée avec Trent Reznor, de Nine Inch Nails. Reznor, j’ai bien connu ça : l’un des rares musiciens de la scène electro-industrielle a avoir percé et à avoir acquis ainsi une audience internationale dans un secteur plus habitué aux scènes confidentielles. J’avais vu son premier concert à Paris, avant sa transformation en star assez insupportable (genre : je fais le mec très énervé sur des scènes à des millions d’euros et je casse tout mon matériel chaque soir, c’est rock ça coco…).
Bon, Bowie et Reznor, ça avait un aspect… comment dire… la carpe pop et le lapin morbide, ou le gâteau electro-industriel au gazoil avec sa cerise chanson anglaise sur le dessus. Exactement ce qu’il était en fin de compte : une magnifique machine à sentir les innovations de la rue et à les apprivoiser. Et ça, c’était pas rien. Pense un peu à nous sur Mars, ou mieux : oublie les pâles terriens, Thin White Duke !
Je connaissais mal l’univers musical de Bowie et associés, je n’en dirai donc rien. Juste que, si j’en crois des gens de qualité, ce monsieur était un sacré artiste. Dans votre commentaire-article, il y a un passage qui m’a amusé : celui où comme jeune (maladie dont on guérit vite) vous partez dans des goûts opposés à ceux de vos hippies de géniteurs. Grand classique du conflit de générations : j’imagine qu’existe un/e Babou jr qui se shoote en loucedé à Mireille Mathieu ou Jacques Lantier ! Étonnamment, mes enfants n’ont pas fait ça : à onze ans, mon fils demandait une K7 de Trénet, à vingt il allait en stop à Paris voir son concert d’adieu, tout en écoutant Cure et Kate Bush. Pour ma fille : fan des Chanson plus elle était et reste, à côté de Bjork et Amy Winehouse.
Hier, sur MdP, c’était l’éloge unanime pour Bowie. J’ai (un peu) jeté un froid en contestant son interprétation de Brel, affirmant preuves à l’appui que nul sur Brel ne pouvait faire aussi bien que Brel. Bien sûr, je n’ai convaincu personne !
PS De tous les articles sur MdP, le moins commenté fut celui d’Antoine Cuistre. Comprendra-t-il un jour que les gens qui ne lui agréent point sont lassés de se faire marcher dessus ?